Un charmant alpha (AxO)

16-Mariage

P.D.V-Simon

Je suis toujours assis dans le parc, sur un banc, contemplant la vue que m'offre le coucher de soleil, des écouteurs vissés aux oreilles.

J'ai décidé de prendre l'air avant d'aller au mariage d'Éléonore. Je me suis dit que se serait sans doute mieux d'être en retard plutôt que d'être sur les nerfs à cet événement joyeux. Quand bien même, je sais qu'en cas de retard abusif, la famille d'Éléonore ne l'acceptera pas.

Dans mes oreilles, défile des chansons qui ont le don de m'apaiser. D'ailleurs, j'ai toujours aimé la musique. Elle me procure cet effet de bien-être à la saveur particulière. Elle a également le mérite de me faire oublier mes soucis durant l'espace d'une ou deux chansons. 

La musique, pour moi, c'est comme l'alcool. Elle ne possède pourtant pas ces effets nocifs sur moi bien que j'en sois presque addict. Sauf que, contrairement à l'alcool, elle représente une thérapie, non reconnue par les médecins, mais qui existe bel et bien. Mais ça, ce n'est pas de mon ressort. Souvent quand je me retrouve au pied du mur, j'écoute des morceaux qui décrivent ma situation, mon problème. Et j'y prends plaisir. Mais trêve de bavardages, surtout pour un sujet aussi factice que la musique.

Je ne devrais pas ressasser en boucle ce qui s'est passé, car comme je le sais si bien, ce qui est passé reste dans le passé. Jamais je ne pourrais remonter le temps pour arranger à ma guise des évènements qui n'auraient pas dû avoir le mérite d'exister. Tout comme le fait que Kyle et Amandine n'auraient pas dû mourir. Mais, la vie est ainsi faite, alors mieux vaut ne pas s'y attarder et tourner la page au plus vite avant de sombrer. Chose que William n'a définitivement pas enregistré dans sa boîte crânienne. Le temps est passé depuis, et voilà maintenant plus de deux ans qu'il est bloqué dans cette boucle infernale qu'est le refus du deuil. Il a beau dire qu'il accepte le fait qu'ils soient décédés, ça fais deux ans qu'il pleure en silence dans le noir quand il se rappelle du beau visage d'Amandine. Deux ans que je ne cesse de lui répéter que les autres omégas n'ont rien à voir avec la mort Kyle et Amandine. Et deux ans, qu'il est trop buté pour l'entendre. Au final, je dois m'y faire ; il ne changera jamais.

J'inspire l'air à pleins poumons, comme pour combler par l'oxygène le trou dans mon cœur qui représente ma déception envers le comportement maladif de mon meilleur ami. Je suis fatigué d'en attendre tant de lui, au final, je vais prendre sur moi et fermer les yeux. Depuis petit, on m'a toujours répété que d'avoir des espérances envers quelqu'un finirait par inévitablement me rendre déçu, et bien ils avaient raison. Le seul moyen d'éviter la déception, c'est de n'avoir aucune attente de personne. Ou du moins, à quelques exceptions près. 

Le ciel s'est considérablement assombri depuis que je suis arrivé ici, j'ai bien peur d'avoir plus de retard que je ne le pensais. Ma montre affiche qu'il est désormais tard, rien de bien alarmant en soi. Mais j'ai au moins trente belles minutes de retard au mariage. Rien que cela pourrait énerver les parents d'Éléonore.

Je décide alors de me mettre en route pour la mairie, histoire de ne pas prendre plus de retard. Comme espéré, je regagne la mairie en cinq minutes seulement, car heureusement pour moi, le trajet en voiture entre le parc et la mairie n'était pas très long. J'ai à peine trente cinq minutes de retard quand je pénètre la grande salle qui déclarera ma presque petite cœur, mariée.

Aucun invités, si ce n'est que la mère d'Éléonore et William, ne se tournent vers moi quand j'entre. De ce que j'ai compris, la mariée a décidé de faire pâlir les invités et son mari en prenant du retard. Pas très classe tout ça. Mais en tout cas, ça m'arrange fortement. Je n'aurais pas aimé être le centre le l'attention à un mariage qui n'est pas le mien. Éléonore mérite son moment de gloire.