47- Des mots d'amour

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P.D.V-Falcon

Je n'ai jamais eu l'habitude de recevoir de l'amour - si on peut le considérer comme ça. Ça a toujours été les ordres indiscutables des anciens et des quelques parents qui s'auto-désignaient tuteurs pour les enfants sans parents, comme moi. Heureusement, je n'ai pas sombré dans les vices du manque d'affection, ou de la peur de l'abandon. Je n'imagine pas où ça aurait pu me mener en tant qu'oméga. On m'avait déjà raconté comment certains adultes du camp partaient du jour au lendemain afin d'assouvir ces comportements avec un alpha. Personne n'a jamais su le fin mot de ces histoires, mais peu imaginent une fin heureuse.

Aujourd'hui, je subis complètement ces journées où je retombe dans la nostalgie de ces années passées sur le camp. On ne peut pas oublier d'où l'on vient aussi facilement, après tout, malgré le fait que j'ai l'impression d'avoir quitté cette vie depuis plusieurs années, ça ne fais que trois mois que j'ai tourné la page.

Quelques mois qui m'ont menés à me bâtir une vie bien plus stable que celle qu'on a tenté de m'offrir durant quinze ans de mon existence. J'ai découvert des contrées sur lesquelles je n'avais jamais mis les pieds, des forêts où j'ai appris à apprécier la nature plutôt qu'à fuir des ordures. J'ai rencontré des alphas, des amis, des bêtas, ce que je n'ai jamais pu faire en étant coincé dans cette cage migratoire. J'ai même - je crois - trouvé l'amour. C'est stupide de me dire que si je ne m'étais pas perdu, je n'aurais rien connu de tout ça. En y pensant, à quoi ressemblerait ma vie si je ne m'étais pas battu avec Olivier ? Est-ce que j'aurais continué à me la jouer nomade jusqu'à ce que je finisses par me faire coincer ? Hélas, ce genre de questions sont rhétoriques, et se résument par une réponse dépourvu de savoir. Ce qui est certain, en tout cas, c'est que cette vie n'aurait jamais été celle que je vis aujourd'hui.

Ici, chaque jour est une aventure, une découverte. Je goûte à des saveurs de la vie que je n'avais entendu nul part ailleurs, dont je n'avais même pas conscience. Je profite de chaque chose m'ayant été donnée et je m'en satisfait en vivant du mieux que je peux.

Mais bien que tout semble idyllique, j'étouffe. En grande partie à cause de ces matins où je me remémore mon camp. Peu importe ce qu'ils ont pu me faire, depuis petit, j'ai toujours voulu voir un monde où les omégas seraient considérés comme égaux aux alphas. Seulement, les nouvelles se gâtent, et les lois en faveur des omégas régressent.

Ce matin-même, le journal que j'ai déplié annonçait l'interdiction au droit d'avortement pour les omégas. Cette loi vise principalement les derniers omégas résidants en ville, ou ceux vendus sur le marché. Ça m'a profondément ahuri. Tout ça alors qu'il y a quelques temps, ils annonçaient le droit aux omégas de se promener sans se faire capturer.

Je n'ai rien dit à William, à la place, j'ai froissé ce maudit courrier pour mieux l'enfoncer dans la poubelle. Même une fois bercé dans ses bras, je n'ai rien cédé. Je ne veux pas qu'il s'inquiète, ou qu'il me pose des questions à propos de ma fertilité. Mais je ne suis pas dupe, il doit déjà se questionner. Je suis un oméga, male qui plus est, en un mois et demi de collocation avec lui, j'aurais déjà du être en chaleur. Et n'en parlons pas de l'odeur de mes phéromones quasiment inexistante. William est peut-être bête, mais ce petit jeu du chat et la souris ne durera pas bien longtemps avant qu'il ne m'attrape.

Pour l'instant, je repousse mes frayeurs à plus tard, bien décidé à profiter de son torse chaud. William s'est endormi, son corps est tombé raide de fatigue. À cause de la frustration et des jours qu'il a passé à mal s'alimenter. Ça me toucherais presque de savoir que c'est à cause de moi qu'il est dans cet état, sauf qu'en passant du temps à ses côtés, ça me chiffonne plus qu'autre chose.

Il me susurre des mots si mignons que je m'en mordrais les lèvres à tout va. Il n'y a pas que moi qui, dans notre relation, s'est ouvert. William l'a fait bien plus que je ne l'espérais. Il est devenu un tendre agneau n'attendant qu'à ce qu'on lui caresse l'arrière de la tête. Si ce n'était pas pour satisfaire mon propre plaisir, je ne lui céderai pas tant de baisers.

Un charmant alpha (AxO)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant