Immortels

Chapitre 24

Insha se réveilla par le bruit sec et assourdissant d'une hache qui fendait du bois. Elle ouvrit doucement les yeux sur un toit en bois. Se redressant brusquement, elle se demanda où est-ce qu'elle était et comment est-ce qu'elle avait atterri ici. A cette dernière question la réponse la plus probable était qu'on l'avait trouvé, évanoui au milieu des Terres Sauvages, et qu'on l'avait ramenée ici. Elle était assise sur une paillasse recouverte d'une simple couverture. Les murs de la bâtisse étaient de pierre et la charpente de bois. Le logis était simple mais avait l'air confortable. Soudain, quelque chose vient s'imposer dans son esprit. L'enfant, où était-il ?

- Tauriel ! s'exclama-t-elle sans aucune discrétion en se relevant.

Et, tandis qu'elle continuait à l'appeler, les bruits de haches cessèrent et quelqu'un ouvrit brusquement la porte. Surprise, elle se tourna brusquement vers la porte et l'homme qui s'y tenait fut propulser plusieurs pieds plus loin par un puissant courant d'air. Une fois cet instant de crainte passé, elle se précipita vers lui en s'excusant :

- Pardonnez-moi Monsieur, je n'ai pas fait exprès.

Dans un puissant grondement, il se redressa et fit face à son invité qu'il dépassait d'au moins deux têtes et demie. Elle leva les yeux vers lui, impressionné. Il avait un regard curieux surmonté de sourcils épais et broussailleux toujours froncés, sa barbe et ses cheveux était mal taillé et mal coiffé et il était vêtu d'une tunique épaisse mais ouverte sur les bras et le torse, tenue par une ceinture de cuir sur un bas de lin.

- Qui êtes-vous ? demanda-t-il de sa voix grave.

- Insha, une élémentaire.

- D'où venez-vous ?

- Du royaume des Elfes Sylvestres.

- Pourquoi vous êtes-vous enfuie ?

- Je ne veux pas leur faire de mal...

- Comment ça ?

- Nous avons été attaqué par un autre élémentaire, je n'ai pas eu d'autre choix que de l'abattre mais j'ai donc aspiré son pouvoir et je ne sais pas contrôler une telle quantité d'énergie, il était donc trop risqué de rentrer.

- Le bébé, c'est le vôtre ?

- Non, ses parents sont morts lors de l'attaque, je ne pouvais pas la laisser toute seule dans la forêt.

Dans un grognement, il mit fin à la conversation et avança vers la maison.

- Comment m'avez-vous retrouvée ? lui demanda-t-elle en lui courant presque après.

- C'est vous qui avez appelé à l'aide.

- Mais je n'ai... elle se coupa avant de souffler. Le vent, il parle par le vent.

Il servit une grande tasse de lait qu'il tendit à son invité.

- Buvez, vous en avez besoin.

Elle le remercia en regardant autour d'elle. Tout semblait trop grand, à l'image de son hôte, le fauteuil était immense, la table aussi, si bien qu'elle n'avait presque pas besoin de fauteuil pour être à la bonne hauteur. L'homme se tourna vers elle avec un lange dans les bras qu'il tendit à la jeune femme.

- Je lui ai donné à manger.

- Merci... souffla-t-elle. Pour tout.

- Où comptez-vous aller ? lui demanda-t-il en ignorant son remerciement.

- Je n'en ai pas la moindre idée... avoua-t-elle. D'un côté il faudrait que je trouve un autre élémentaire pour qu'il puisse m'aider à contrôler ce pouvoir mais les Valar seuls savent où ils se terrent. Personne n'en a vu depuis des centaines d'années. Je suis sûrement la seule qui vie en dehors des grottes. Je ne suis même pas sûre de savoir retrouver ma propre famille et si je le pouvais est-ce qu'il m'accepterait ? je n'en suis pas sûre. Et puis, voyager avec un nourrisson n'est vraiment pas ma meilleure idée.

Elle défit légèrement le lange pour découvrir le visage de la petite fille qui la regardait de ses grands yeux verts. Elle sourit devant sa petite mine heureuse et les petits gazouillements qu'elle produisait. Le grand homme les regardait faire, hésitant sur la décision qu'il s'apprêtait à prendre.

- Il y a un magicien, dans la forêt. Un certain Radagast. Je ne l'ai jamais rencontré mais peut-être pourrait-il vous aider.

- Cela m'étonnerai et puis, Thranduil doit me chercher. S'il me trouve je n'aurais pas d'autre choix que de le suivre et si perds le contrôle je pourrais le tuer, lui et son peuple. Je ne peux me résoudre à retourner dans cette forêt durant les prochains mois.

Il grogna en réfléchissant cinq petites minutes et déclara :

- J'irai le voir cette nuit. S'il pense en être capable de vous aider je le ramènerai ici.

- Merci beaucoup.

- Ne me remerciez pas encore. Mais je n'ai aucune raison de détester les elfes ou les élémentaires comme vous vous dîtes être alors, rester ici si cela vous chante. De l'aide est toujours la bienvenue et cette enfant sera sûrement mieux avec un toit sur la tête.

Insha s'inclina légèrement et avant de finir son bol de lait tandis que son hôte retournait travailler dehors. Elle resta un instant adossé en souriant. Dehors une petite brise se mit à souffler dégageant les nuages qui couvrait le ciel et, tandis qu'elle rejoignait son hôte dans le grand jardin qui entourait la bâtisse, des fleurs se mirent à pousser sous ses pieds et les arbres se couvrirent de fruit. Il fallait vraiment qu'elle arrive à contrôler cette énergie car, si les phénomènes liés à la joie et la reconnaissance ne semblaient pas destructeur, elle avait été témoin des conséquences de la peur, de la colère et du chagrin. Ainsi, si elle ne pouvait contrôler son pouvoir elle devait contrôler ses émotions du mieux qu'elle le pouvait.

- Monsieur ? demanda-t-elle timidement.

- Beorn. corrigea-t-il sans la regarder. Je m'appelle Beorn.

- Hé bien. Beorn, puis-je vous demander une faveur ?

Il stoppa tous mouvements et regarda la jeune femme en fronçant les sourcils.

- Tout dépend de la demande.

- Je ne sais pas jusqu'où vont s'étendre les recherches pour me retrouver mais s'ils viennent ici, pouvez-vous leur dire que vous ne me connaissez pas ?

- Avez-vous si peur du désastre que vous pouvez causer en y retournant ?

- J'ai déjà vu, il y a à peine quelques jours, ce que je pouvais faire avec ces nouveaux pouvoirs et j'ai peur de ce que je pourrais faire à des personnes que j'aime.

- Très bien. Je me tairais si vous le souhaitez. Mais il me semble que vous avez fait pousser des fruits. Il faudrait les ramasser.

Elle s'inclina avant de s'approcher des arbres, la jeune Tauriel toujours dans ses bras. Elle posa une main sur un arbre qui s'avéra être un bouleau et laissa passer son énergie. Quelques branches se mirent à pousser de manière anomale et rapide avant de se torde entre elle. Finalement, en quelques secondes, la jeune femme coupa le rameau qui dépassait et sourit en regardant son œuvre terminée. Finalement cette crue de pouvoir avait aussi un avantage, outre le fait de se fatiguer moins vite, elle pouvait surtout faire des choses que jamais auparavant elle n'aurait imaginé pouvoir faire. Devant elle, se trouvait un petit berceau de bois tressé dans lequel elle rajouta la couverture qui recouvrait sa paillasse sur laquelle elle s'était réveillée avant d'y déposer l'enfant déjà endormi.