Chapitre 1

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Sur cette histoire, je reçois l'aide de amandine1938. Ses suggestions et idées sont tout simplement excellentes.

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Les phares d'une voiture qui passait par là éclairèrent brièvement une des nombreuses allées sombres de la ville. Elles étaient toutes pareilles: des graffitis par-ci, par-là, témoignages de gamins rebelles qui se sentaient tout puissants parce qu'ils osaient désobéir à la sacro-sainte doctrine parentale, ou de petits délinquants qui jouaient aux boss et marquaient leurs territoires, des vieilles caisses laissées là par monsieur et madame tout le monde, pas que quelqu'un s'en souciait, une ou deux bennes à ordures planquées discrètement derrière un immeuble quelconque... Mais avait quelqu'un prêté attention à cette allée en particulier pendant ce court instant où elle fut éclairée, aurait-il vu une addition qui sortait de l'ordinaire, une forme humaine recroquevillé derrière une des fameuses caisses.

Avait-il avancé qu'il aurait remarqué qu'il s'agissait d'un petit garçon, de pas plus de cinq ou six ans, avec les cheveux noirs désordonnés, de grands yeux verts qui semblaient manger son visage, et surtout, des hématomes. Un petit garçon épuisé qui n'arrivait toujours pas à comprendre comment les choses dans sa vie, peut-être pas tranquille mais acceptable, avaient bien pu dérapé de la sorte.

Harry poussa un petit soupir quand il entendit des bruits de pas au dessus de sa tête, il savait ce que cela voulait dire. La journée allait commencer. La porte de sa petite pièce s'ouvrit avec fracas et Harry, du haut de ses septs ans, se retint de lever les yeux aux ciels. Quel intérêt de faire tout ce drame pour ouvrir une porte? Ce n'était pas comme si elle allait le réveiller si? Ils avaient été ceux à lui apprendre, à la dure, les conséquences de ne pas être debout aux premières lueurs du jour.

- Dehors, à la douche, tu as cinq minutes.

- Oui, tante Pétunia! répondit doucement l'enfant.

Les ordres avaient été brèves et sèches, comme d'habitude. Un peu comme si lui parler leur ferait attraper une violente maladie contagieuse. Mais il y était habitué maintenant. Sa famille l'avait toujours traité de la sorte du plus loin qu'il se souvienne. Enfin, famille c'était vite dit. Sa tante Pétunia lui avait dit être la sœur de sa défunte mère mais il n'avait absolument aucune possible ressemblance entre Harry et elle. Là où Harry était brun, elle était blonde. Harry avait les yeux verts, elle les avait bleu. Ses traits étaient sévères quand ceux de Harry était doux. Il ne pouvait décemment pas avoir tout pris de son apparence du côté paternel! Alors comment expliquer qu'ils ne se ressemblaient aucunement? Parfois, quand le poids de la négligence et des coups devenaient trop lourds à porter, Harry se plaisait à imaginer qu'ils n'étaient en fait pas sa vraie famille, qu'il y avait eu une erreur quelque part, ce qui pourrait expliquer la façon dont il était traité. Malheureusement, cela faisait un certain temps que même cela ne le consolait plus.

Comme ordonné, Harry ne passa pas plus de dix enfermé dans la salle d'eau. Il avait appris à se doucher en quatre minutes chrono quand il avait compris qu'il n'aurait accès à la douche qu'une fois par jour tous les matins. Il se brossait ensuite soigneusement les dents, ce qui ne lui laissait que le temps d'enfiler à la va vite ses vêtements, trop grands, trop vieux, trop abimés, avant que sa tante bien-aimée ne vienne lui faire savoir que son temps était écoulé. A croire qu'elle le chronométrait réellement. Mais en même temps, plus rien ne l'étonnait quand il s'agissait de cette famille.

Il avait ensuite dû se mettre au travail. Préparer le petit déjeuner chez les Dursley était tout un phénomène de précision. Il fallait cuisiner le parfait petit déjeuner anglais en quantité suffisante pour satisfaire l'immense appétit des deux hommes de la famille et gare à lui s'il se laissait des miettes. Sa tante était assez généreuse pour lui donner une tranche de pain et un petit verre d'eau tout les matins, avec un peu de confiture et même un minuscule verre de jus s'il s'était bien comporté, et il se devait d'apprécier le geste. Du moins, c'est ce que l'oncle Vernon n'était jamais fatigué de lui répéter à chaque fois que l'occasion se présentait. Et elle se présentait très souvent. Pourtant, ce n'était pas cela qui l'empêchait de saliver à la vue de l'énorme quantité de jambon que Dudley mettait parfois dans son sandwich.

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