Chapitre 10

2.4K 163 13
                                    

Hadrian attérit durement sur le dos, Démétri le surplombant, l'air victorieux. Sa famille avait décidé de continuer les cours d'auto-défense avec le vampire sur un rythme beaucoup plus régulier. On aurait pensé qu'après plus de six mois à se faire jeter sur le tapis dans diverses positions lui aurait appris quelque chose, mais non. Il ne savait toujours pas comment empêcher Démétri de le mettre au sol, pas plus qu'il n'arrivait à le frapper. Mais il n'avait que huit ans, un peu peu de six mois d'entraînement. Comparé aux décennies du vampire, il n'avait même pas encore commencé à apprendre.

Le conditionnement des Dursley avait été plus difficile à passer qu'il ne l'avait cru. Il vivait avec les Cuza depuis des mois sans problèmes, certes il lui avait pris un certain temps pour s'adapter à leur rythme de vie et comprendre, accepter qu'il avait le droit de manger à sa faim, de poser des questions, d'apprendre, juste de vivre comme un enfant de son âge, mais il n'avait eu aucun problème à passer ce cap. Il avait naïvement cru qu'il n'avait gardé aucune séquelle des années à vivre avec des gardiens intolérants et franchement abusifs.

La réalité avait été tout autre.

Le premier cours avec Démétri avait été tout simplement catastrophique. Dès le premier mouvement d'attaque du vampire, il avait été renvoyé des mois en arrière, dans le petit salon immaculé des Dursley, face à l'oncle Vernon armé de sa ceinture, prêt à le frapper. Il en était resté figé. Et quand le vampire, interpellé par le manque de réaction de son nouvel élève, avait voulu le toucher, il en avait eu de réaction. Hadrian s'était vivement éloigné de ce qu'il percevait comme une menace et s'était recroquevillé, les mains protégeant sa tête, tremblant de tous ses membres.

Veronica avait réussi à le calmer à force de mots rassurants et de légères caresses, répétant encore et encore les mêmes gestes qu'elle avait déjà effectué quand ils l'avaient découvert, Andréas et elle, caché dans cette ruelle crasseuse. Et ainsi avait commencé l'enfer pour Hadrian. Il avait dû parler, raconter sa vie chez les Dursley à trois rois vampires terrifiants dans leur colère. Puis avait suivi les lignes, des pages et des pages remplies de son écriture d'enfant où il pouvait lire des centaines de phrases sensées l'aider: "Je ne suis pas un montre", "J'ai le droit de me défendre", "Je ne suis pas inutile"...

Au début, cela l'avait plus qu'agacé. Mais au fil du temps, il avait fini par voir les résultats de cette "thérapie" comme l'appelait Athénadora. Il avait commencé par esquiver les attaques de Demetri en cours d'auto-défense. Il était assez doué à cela, Dudley avait été un bon entraîneur. Du moins, l'avait-il cru avant de réaliser que le vampire y allait mollo avec lui. Quand il l'avait jugé capable d'en supporter davantage, Demetri avait monté ses exercices d'un cran. Et depuis n'avait pas cessé de nettoyer le sol avec le dos de son jeune élève.

La vie à l'école primaire du jeune vampire avait elle aussi connu un tournant assez brusque. Au retour des vacances, il était soudainement devenu le gamin avec qui il fallait absolument traîner. Sa confusion n'avait pas duré longtemps, il avait été rapidement noyé sous les questions à propos des deux garçons plus grands qui étaient venus le chercher le jour des vacances. Et Hadrian avait été plus que ravi de parler de son sujet préféré, ses frères. S'il avait pris un plaisir secret à informer ses camarades qu'il quitterait l'école à 11 ans pour aller en pensionnat en Russie comme le voulait la tradition familiale, personne ne pouvait lui en vouloir. Ils ne s'étaient jamais gênés pour lui faire comprendre qu'ils ne l'aimaient pas quand il n'était qu'un gamin trop intelligent à leur goût, pourquoi devrait-il se gêner pour leur faire comprendre qu'il aurait une meilleure éducation?

Hadrian avait continué à avancer à grande vitesse, avalant les livres des années supérieures avec une aisance hors du commun selon ses professeurs. A la fin de l'année scolaire, il avait été décidé de lui faire prendre les cours par tuteur privé. Le mettre dans la classe correspondant à son niveau avec l'âge qu'il avait, pourrait le mettre en ligne de tire pour les harceleurs sur qui il ne manquerait pas de tomber en classe supérieure. Le jeune vampire en avait été secrètement ravi, après tout, l'année suivante était celle au cours de laquelle il était supposé commencer à apprendre la magie.

PrinceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant