Lee Eunjin, 8

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Je rêve. C'est lui qui porterait cet enfant ? Qui s'occupera de cet enfant quand il va boire des litres d'alcool ? Il est fou, ma parole. Il va me faire perdre la tête. Faisons ce test pour lui prouver qu'il n'y a rien de toute façon, pas même une cellule qui se crée. Je le bouscule et j'attrape le test dans mon sac, je me rue vers la salle de bain. Il m'appelle mais je ne l'écoute pas. Juste avant qu'il ne parvienne à entrer, je ferme la porte à clé de justesse.

"Jin ! Ouvre-moi, s'il te plaît. On doit en discuter !"

Je baisse mon pantalon, au-dessus des toilettes. Plus qu'à faire ce que je dois faire... S'il est positif, je n'ose imaginer ce qui pourrait se produire. J'ai dit à Jimin que j'avorterai. Mais honnêtement, est-ce que j'en suis réellement capable ? Et puis, cet enfant, il se peut être un signe pour nous ? Une sorte de seconde chance qu'on nous offre pour changer et devenir ce qu'on rêve d'être ? Je me sens coupable d'avoir pensé que Jimin ne voulait pas d'enfants alors que pourtant c'est le cas ; le Jimin ivre ne veut pas d'enfants. Je crois que si je suis si en colère, c'est tout simplement parce que ses mots je n'arrive pas toujours à les ranger dans le bon ordre selon son comportement. Pour cela, par exemple, j'ai du mal à penser qu'il veut passer ce cap alors qu'une part de lui n'est sûrement pas prête. Je hais me retrouver entre ces deux Chim. C'est pour cette raison que je ne veux pas d'enfants maintenant. Il continue de toquer à la porte sans s'arrêter. Mais c'est terminé.

"Jin. Allez ! Ouvre-moi, s'il te plaît."

Je regarde le résultat. Je me lève et ouvre la porte. Jimin a les yeux qui brillent et se mord les lèvres nerveusement. Il regarde le test sans vraiment comprendre. Je souris.

"Bonne nouvelle. Pas de bébé." dis-je, soulagée.

Néanmoins, il n'a pas l'air du même avis. Il arrache le test de ma main avant de le serrer de toute sa force dans la sienne, d'un air attristé. Il me lance un regard noir.

"Bonne nouvelle ?"

Il laisse entendre un léger rictus nerveux avant de reprendre un air impassible dont la colère ressort malgré son effort à la cacher.

"Le dîner est prêt, allons manger."

Il part avant moi, laissant tomber le test au sol. Je ne comprends pas sa réaction. Il est toujours possible de remettre ça à plus tard. Il m'impressionne de jour en jour. Peu importe, je ne vais pas m'attarder sur son caprice de toute manière. Je voulais également lui parler d'autre chose car je lui en veux encore d'avoir accepté de faire la soirée mensuelle ici. C'est chez moi avant tout, c'est à moi de prendre la décision, pas à lui. Surtout qu'il a répondu à cœur joie à la drague explicite des filles.

Je m'assois en face de lui dans la cuisine, près du large comptoir. Oui, ce comptoir qui renferment nos bêtises du matin, du midi et du soir. Voire même celles de la nuit. Celles où on se parle, même pour dire des conneries qu'on ne pense pas, des conneries qu'on pensait autrefois dont nous ne sommes même plus sûrs aujourd'hui. Cette énergie gaspillée à faire ce qu'on fait le mieux pour mettre la poussière sous le tapis, le secret dans le coffre. J'aime ces jeux, mais je n'aime pas la défaite qui s'en suit.

Il me tend mon assiette et entame son dîner à la hâte. Je le regarde manger silencieusement, sans prononcer un seul mot. Finalement, j'attire son attention.

"Quoi ?" demande-t-il, d'un ton sévère.

Je ne le quitte pas des yeux, essayant de lui décrocher un discours, une phrase ou ne serait-ce qu'un mot. Il souffle du nez, mâchant bruyamment son repas dans sa gueule. Après sa bouchée, il pose ses baguettes sur la table, me rejoignant dans cette bataille de regards perdus et insistants.

- "Pourquoi tu m'as l'air irrité ?

- Pourquoi tu me poses la question ? annonce-t-il en fronçant les sourcils. Tu devrais le savoir.

- Tu m'as dit que tu ne voulais pas d'enfants.

- Je ne m'en souviens pas.

- Bien sûr, tu étais ivre... je roule des yeux.

- Je ne savais pas que tu écoutais les hommes ivres, Eunjin. Je me souviens de ce que tu dis souvent... qu'ils sont des épaves qui n'en valent même pas la peine.

- Tu veux jouer à la victime ?

- Comme si je mentais."

Je ne réponds pas. Il me regarde instamment, attendant que je riposte. Mais rien. Je ne dis rien.

"C'est bien ce que je me disais." rit-il de façon sarcastique.

Je me lève, repoussant mon assiette, je me dirige à grands pas vers la chambre. Il m'appelle mais cela ne suffit pas, donc il me suit. Je me change et me prépare à aller me coucher.

- "Et puis c'est moi qui réagit comme un enfant... dit-il.

- Pour une fois que ce n'est pas toi."

C'est peut-être moi qui ai les mots qui tranchent. C'est sûrement ce qui enclenche sa rage à tous les coups. Son visage devient rouge et il hausse les sourcils, la bouche prête à me donner toutes sortes de noms d'oiseaux.

- "Bon, qu'est-ce que j'ai dit de mal cette fois-ci ? crache-t-il. La vérité ?

- Ne dis rien, tu vas ruiner le calme qui régnait ici.

- C'est encore de ma faute ! Voilà !

- Tu as commencé à faire un caprice comme un gamin à qui on dit non pour lui offrir ce qu'il veut ! Tu te paies ma tête ?

- Qu'est-ce que tu viens de faire il y a de cela deux minutes ?

- Ferme-la ! Ce n'est pas du tout la même chose. Moi, j'ai cherché à t'ignorer parce que je savais très bien que notre discussion allait se terminer comme ça.

- Comment ?

- Comme tous les soirs. À se crier dessus comme deux putois.

- Ne me dis pas ça, tu n'essaies même pas de comprendre. C'est toi qui n'as pas l'air de te soucier de notre avenir ensemble, je te rappelle. On dirait que tu n'en as rien à foutre !

- Je crois que j'essaie déjà d'être assez compréhensive quotidiennement, Park Jimin ! Et puis, comment ça rien à foutre ? Tu crois que je vais faire ma vie avec un homme comme toi ? Comment une épave comme toi pourrait être père, hein ? Dis-le moi !

- Mais tu te fous de moi ? Déjà, tu n'as jamais essayé de me comprendre une seule fois ! Et ensuite, comment pourrais-tu savoir que je serai un mauvais père puisque tu ne t'imagines même pas avec moi dans ton futur ?

- Tes mots me montent à la tête, putain, ferme-la !"

Les larmes me viennent lentement, aux coins des yeux, qui auront bientôt sécher par la rancœur. Ma voix tremble, je ne sais plus quoi lui dire, j'en ai assez dit. Ou peut-être que non, et qu'il y en a trop à dire. L'atmosphère n'est plus aussi agitée qu'une minute auparavant. Elle est froide et pleine de non-dits, c'est oppressant, mais il n'y a plus de cris. Jimin me fusille de ses yeux d'une rude violence.

- "Sors, dis-je d'un ton glacial.

- Ne t'en fais pas pour ça, crache-t-il en prenant un sac entre les mains. Je vais bien trouver un motel dans le coin. Ou peut-être que je peux dormir à la rue aussi, non ?

- Ferme-la. Abruti...

- Envoie un message à Taehyung comme tu sais si bien le faire. Dis lui que je suis de sortie."

Il part en claquant la porte de la chambre. Ainsi que la porte d'entrée de l'appartement. Maintenant, à qui la faute ? Suis-je fautive ? Je n'arrive pas à le savoir. Je m'effondre au sol, pleurant tous les mots qui ne sont pas sortis de ma bouche au moment où j'en avais le plus besoin. Mais c'est l'habitude. On ne parle jamais, et ça n'arrivera pas de si tôt. Par ailleurs, avec un peu de chance Jimin devrait rentrer dans la nuit. Et dans le pire des cas, il ne rentre que dans trois jours. Je ne sais même pas s'il a pris son téléphone... Je devrais apprendre à me taire, ou à être moins honnête.

Tue l'Amour [FF BTS Jimin] (réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant