Park Jimin, 3

76 6 1
                                    

J'ôte son bas, levant les yeux à son visage neutre. Ce visage si pâle, si froid, si distant. Je l'aime. Même si un sourire ne me tuerait probablement pas. Après tout, qui suis-je pour lui dire de m'adresser ce joli supplément du visage ? Juste un connard de plus qui profite de ses atouts, c'est ce qu'elle pense. Inconsciemment, ce n'est peut-être pas vraiment faux, j'en suis peut-être un. Je veux dire, évidemment que j'en suis un, mais de là à me dire profiteur, je ne suis pas tant désespéré. Tandis que je regarde face à moi, son ensemble noir et ses jambes aux motifs rayés. Pas tant que ça si l'on va dans ce sens. Juste moi, je l'ai remarqué. Ces années passées avant nous l'ont marqué ; c'était une vie à chier et ça l'est malheureusement toujours. Je rapproche son bassin vers le bord du comptoir, passant ma main sous ce tissu qui la recouvre. Elle penche la tête en arrière, tout en prenant une grande inspiration, passant ses poignes à mes cheveux, les tirant toujours un peu plus. Malgré ce que l'on se fait subir, ces moments d'intimité ne sont pas à négliger. C'est un peu la dernière corde qui nous fait tenir sur ce pont, prêt à s'effondrer et nous laisser tomber dans cet immense gouffre sans fin. Je félicite mes boissons empoisonnées qui me donnent l'audace que je n'ai jamais eu, ce courage insoupçonné et malheureusement, mes mots tranchants. Mais on m'a toujours dit que le négatif est aussi bon à prendre... Je crois néanmoins qu'il y a certains milieux où il faudrait l'oublier. L'oubli, ce serait bien de savoir le maîtriser par ailleurs. Je remonte le long de son corps à l'uniformité attrayante, cette odeur de brûlé que son addiction lui donne, cette froideur qui se lit jusqu'à son visage m'effleure le bout des doigts. Je m'approche pour l'embrasser de nouveau, encore et encore. Je veux son corps, je veux son souffle, je la veux elle toute entière. J'envie d'elle, j'envie ce qu'elle a, j'envie ce qu'elle m'a volé et je voudrais le reprendre. Rends-moi ce sentiment, rends-moi mes émotions. Elle m'a tout pris, elle me prend tout et elle me prendra tout. C'est peut-être pour ça que je reste auprès de son être, car sans elle, ce personnage que j'étais ne me sera jamais rendu. D'un côté, ce n'est pas si mal, mais d'un autre je me sens comme vide. Le jour qui suit, elle se plaint car j'essaie de combler ce vide avec le goût amer des vagues, ou devrais-je dire mes tue-le-foie, comme elle les nomment si bien. J'approche ma main de son cou fin, si fin que même mon toucher l'entoure complètement, je le saisis et allonge son corps contre le plan de travail. Elle ne se débat pas, c'est aussi bien comme ça. Je déchire ce qui m'habille, attrapant ses mains pour lui laisser l'opportunité de se réchauffer, réchauffer ce corps si petit, apeuré, épuisé, si froid. Je ne sais pas si j'ai pitié de toi, Eunjin, ou si je t'aime. Cependant je ne peux pas échapper aux griffes des nuées de plaisir soudaines.

"Jimin. Tu me manques."

Mon bassin entre ses jambes, mon intimité contre la sienne, j'enlève ce qu'il nous reste pour profiter de l'air chaud de la pièce, pour profiter de nos moments ensemble comme si c'était sa dernière présence. Ou peut-être la mienne. Elle balade ses griffes le long de mon torse alors que je passe mes mains de sa poitrine à son cou. Je n'ai pas envie de lui faire mal, pas comme ça. Protégés contre tous risques désormais, j'entre dans son corps comme si c'était la première fois, c'est toujours ce que je fais d'une manière ou d'une autre ; j'ai le sentiment de me rappeler quelque chose d'éteint, de mort. J'envoie de violents coups, elle en gémit par ailleurs de ce qui lui reste de sa voix brisée. Nos peaux suantes se comblent et ce silence nous apaisent. Cet acte puéril que l'on pratique pour repousser tout le merdier : on ne sait pas faire, on fait, et on ne veut pas. C'est comme ça qu'on se déteste, c'est comme ça qu'on s'aime. Elle se redresse enroulant ses bras autour de mon dos, elle m'embrasse fougueusement, tandis que je continue à la faire balancer d'un sens à un autre. Je ne sais pas si c'est l'ivresse qui va me faire dire ça, mais je me sens bien, je me sens chez moi, je me sens plein. Ce qui n'est peut-être pas qu'une impression, peut-être que j'ai besoin de vider mon sac en elle, c'est peut-être pour ça que l'on maintient ces moments d'intimité aussi. Je viens finalement et elle tombe. Je me retire, m'avançant instinctivement vers la salle de bain, elle, elle reste là, allongée sur le dos, à pleurer sur elle-même. On s'est vidé chacun de notre côté, à notre manière. Nu, je découvre mon reflet dans le miroir, je souris. Pourquoi ? Pas de satisfaction, non. Je suis un connard insatisfait, vous devriez le savoir depuis. Non, je souris car je me fais rire. Lorsqu'elle dit que je suis une épave... a-t-elle vraiment tort ? La porte de la pièce s'ouvre lentement, laissant entendre ses grincements désagréables. Une silhouette féminine passe la porte.

"Je peux me doucher avec toi ?" dit-elle, d'une faible voix.

Je la fixe sans grands intérêts, je me tourne ensuite, entrant dans la cabine de douche. Puis elle me suit. Ne pensez pas qu'elle est entrée sans ma permission, c'est seulement que son fantôme ne me dérange pas tant que ça. J'allume l'eau. Elle se met dos à moi, me donnant une vue sur son dos, puis un cheveu qui se balade sur celui-ci, je viens tendrement l'enlever. Je saisis le shampoing, prenant une noisette dans ma main et l'appliquant sur ses cheveux. J'entrelace mes doigts dans cette chevelure que j'aimais autrefois chatouiller, maintenant, je ne sais plus quoi en faire, quoi en penser. Je masse son cuir également, tout en écoutant ses pleurs camouflés par le fort bruit du jet d'eau de la douche. Je saisis le pommeau, rinçant abondamment la mousse de sa tête, collant mon corps au sien. Je lâche tout ce que j'ai entre les mains pour me laisser crouler, mon menton dans le creux de son épaule. Ses larmes se confondent à l'eau qui parcourt ses courbes, et mon âme se confond avec la sienne. Elle tournoie à mon visage le sien, l'expression abattue et le cœur lourd.

Tue l'Amour [FF BTS Jimin] (réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant