Lee Eunjin, 4

71 6 7
                                    

Il a l'air si aride. Si empli et à la fois si... Rien. Il n'a l'air que d'avoir le désir par moment ; puis lorsqu'il n'en a plus, il ne ressemble qu'à un macchabée debout sur ses deux jambes, une sorte de mort-vivant. Je préfère le voir triste que de le voir ivre. C'est égoïste de ma part, je le sais bien. Mais j'ai l'impression de partager de réelles émotions quand il est dans cet état. Quand bien même en toute honnêteté, cet air me rend également anxieuse.

"Je t'aime." me chuchote-t-il.

J'aimerais lui répondre que moi aussi, mais je ne sais pas, je ne le crois pas je crois. Je conclus spontanément en lui souriant. Il lève ses yeux au plafond.

"Pourquoi ?" je demande.

Il me tend le shampoing que j'accepte. Il se tourne dos à moi, penchant doucement sa tête en arrière. Je fais le même mouvement que lui a fait, quelques minutes avant.

"Parce que." répond-t-il.

Je rince ses cheveux. Une odeur des plus douces vient bercer mes narines, il est celui qui sent merveilleusement bon, cette senteur florale et délicate. Que dis-je. Je suis un peu trop poétique.

"Dis-moi." je réplique.

Il se tourne de nouveau vers moi, dirigeant ses mains à mes joues et sa bouche à mes lèvres. J'accepte sa venue, si bien que je m'accroche à sa nuque.

"Ne m'en demande pas trop."

Il m'attrape le derrière, je suis son mouvement en sautant pour porter mes jambes à son dos. Il m'embrasse avec passion en plaquant ardemment mon enveloppe charnelle sur les carreaux gelés. Je ne veux pas le repousser car c'est les seuls instants qu'on partage amoureusement ensemble. Sa langue qui cherche le fond de ma bouche et ses mains qui caressent mes formes. Je ne peux décidément pas. Je m'arrête, apeurée d'une réaction incertaine.

"Jin ?"

Je baisse la tête, mordant ma lèvre inférieure.

"Ok. Je comprends."

Il me lâche, sans vraiment faire attention. Je tombe au sol, comme une feuille, un jour d'automne. Ce n'est pas aussi violent que vous pouvez vous l'imaginez mais, sentimentalement parlant, c'est douloureux. À travers la vitre de la cabine, je vois sa silhouette se sécher, avant de quitter la pièce d'un pas lourd. Ce n'est qu'après quelques minutes que je le rejoins dans la chambre. Il est allongé, de dos à mon côté du lit.

"Pourquoi tu ne me parles pas ?" demande-t-il.

Je m'avance, enfile une nuisette qu'il m'avait offert lorsqu'il en avait encore quelque chose à faire, puis je m'allonge aussi. Je regarde son dos à la musculature marquée, à la peau blanche et douce ainsi que sa nuque dégagée, laissant apparaître mes traces laissées plus tôt. J'enroule un premier bras autour de sa taille ; il attrape tantôt ma main dans la sienne. Je ne veux pas lui répondre.

"Bonne nuit, Chim." dis-je donc en fermant les yeux.

Une nuit à réfléchir, c'est ça que l'on va avoir. Enfin, si moins de cinq heures était une nuit. Je ne vais pas me plaindre, je ne ferai pas d'insomnies cette nuit.

[ ... ]

Je me réveille, dos à lui. Il m'a sûrement déplacé... Ou c'est peut-être moi. Je me tourne, posant instinctivement ma main vers son fantôme. Mais il n'est même pas là. Je me lève difficilement vers la cuisine, dans une heure je dois partir pour l'université. Honnêtement, je ne suis pas d'humeur à étudier, je n'ai pas faim sans compter que je suis épuisée. Je suis assise près du comptoir, contrant ce silence frappant. La télévision est éteinte, les volets sont ouverts, les fenêtres aussi ; j'entends les anciens du quartier se quereller, les voitures qui passent à toute vitesse et les premiers oiseaux de la journée qui piaillent. Un soleil éclatant s'annonce, les rayons lumineux traversent l'appartement, je peux même voir la poussière se balader dans l'air. Cette horloge au bruit répétitif. Le voisin d'au-dessus qui replace ses meubles. Ma faible respiration... C'est bien ce que je dis, un silence qui tue. C'est alors que la porte de l'appartement s'ouvre brutalement. Jimin, qui a mis un coup de pied dans celle-ci, son casque en main et son sac sur le dos. Il pose tout un attirail sur le comptoir, tout juste en face de moi. Des desserts et des plats pré-cuisinés s'échappent du sac en tissu.

"Quand je me suis levé, il n'y avait plus rien. J'ai fait des courses." lance-t-il, essoufflé, faisant une pause à chaque fin de phrase.

Je me lève, déposant un baiser sur sa joue, partant vers la chambre pour m'habiller. Il me suit, toujours son casque à la main.

"Bien dormi ?"

Je hoche la tête de haut en bas, lui souriant faiblement.

- "Mon père a besoin de moi plus tard. Je peux te déposer en y allant, dit-il.

- Je comptais prendre le bus."

Il lève les sourcils, me laissant seule ici, avec mon col roulé noir et mon pantalon en velours marron. C'est des vêtements trop petits de Jimin. J'aime bien les porter, ça me rappelle qu'on est ensemble, que c'est moi qu'il aime. Je fais ma toilette et repart vers la cuisine. Il m'attend, un deuxième casque préparé et un sac de cours sous le coude.

"Allez, on y va." m'ordonne-t-il.

Je lève les yeux aux ciel lui arrachant mon sac de cours. Il est adorable, pensez-vous. C'est vrai. Mais s'il m'emmène c'est tout simplement pour fricoter avec mes camarades de l'université, il se fourre le doigt dans l'œil.

"Pour draguer ? Inutile."

Il m'attrape le poignet, portant le sac.

"Arrête de faire la gamine. Je n'aime pas quand tu prends le bus. Laisse-moi t'y emmener."

Qui sait ce qui se passera si je dis non ? Dans ce cas, je préfère ne pas riposter et accepter sa proposition.

On descend vers sa moto, il m'enfile le casque et il se prépare lui-même. Il démarre l'engin et on quitte le quartier animé. Sur la route, le vent souffle fort, en même temps, il roule à vive allure, c'est normal. Je vous avoue que poser mes mains autour de sa taille et me blottir contre son dos, ça me fait le plus grand plaisir. Rare sont les fois où il m'a autorisé à monter avec lui. C'est pour cela que j'ai eu une once de surprise quand il m'a ordonné de venir avec lui. J'ai toujours l'impression qu'il veut se racheter. Malheureusement à chaque fois, il repart en vrille en un quart de tour pour je ne sais quelle raison. Enfin, c'est ancré dans mes habitudes désormais.

Tue l'Amour [FF BTS Jimin] (réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant