Eunjin est rentrée à la maison puisque je ne pourrai sortir que demain, elle viendra me chercher après ses cours. Je me sens coupable de ne pas regretter cette situation. Je me trouve ridicule à avoir apprécié cette attention sur moi pendant cette journée. Cela fait de moi un imbécile ? D'être heureux de voir que mes amis et ma copine se soucient de moi ? Qu'ils se soucient de ma santé ? Bien sûr que c'est ridicule. Parce que cela devrait être tous les jours comme ça. Et pas seulement quand je suis entre la vie et la mort parce que j'ai bu à outrage. Je fais preuve de mauvaise foi, ici, je l'avoue. Puisqu'en réalité c'est comme ça tous les jours. Mais peut-être que j'aimerais qu'ils me le disent autrement, qu'on me le fasse comprendre d'une autre manière. Le problème qui persiste, c'est que mes conneries aggravent la situation avec mes proches. Regardez par exemple, ma famille n'est pas venue me voir. Le seul espoir qui me reste est que mon frère vienne me voir. Quant à mon père et ma mère, je n'y compte pas vraiment. Ce sont des parents qui n'en ont que faire de mes problèmes. Pour eux, c'est comme s'il n'y avait que mon frère et eux. Donc, qu'ils restent là où ils sont, je suis bien mieux sans eux : mon père doit être pris avec toutes ses réunions inintéressantes et ma mère, elle est peut-être dans la chambre d'à côté.
[ ... ]
Eunjin vient d'arriver. Je termine de préparer mon sac et elle me passe mon casque. On passe à l'accueil avant de quitter cette bâtisse. On monte sur la moto, direction l'appartement. Je m'accroche à sa petite taille, observant la ville et le ciel rosé. Il fera bientôt nuit. Elle roule à toute allure, sûrement pressée de rentrer. Ou l'envie de provoquer un accident. Ce qui ne m'étonnerait pas d'elle. Peu importe, je vais essayer de lui demander ce qu'il s'est passé hier, je n'ai pas vraiment de souvenirs du déroulement de la soirée. Quelle idée de se rendre dans un état pareil ? Je me le demande.
Tout à coup, Eunjin s'arrête devant son stand favori de tteokbokki. Elle me fait signe de rester assis. Je sais que lorsqu'elle prend ce plat généralement c'est qu'elle est stressée, peinée ou en colère. Et c'est très peu étonnant mais j'ai le sentiment que tout cela a un lien avec moi... Je me fais peut-être des idées, après tout. Elle revient après de longues minutes d'attente dans le froid pour moi. Elle me donne les poches et démarre le véhicule après s'être confortablement installée. Elle ne va pas bien, comme d'habitude. Mais ce soir, je ne vais pas bien non plus. Parfait, deux cons tristes. On fait là une belle brochette.
En bas de l'immeuble, on range la moto ensemble, on monte par l'ascenseur. Cet ascenseur d'ailleurs. Notre premier baiser.
Je me suis tourné vers le miroir de la machine, recoiffant ma mèche rebelle, me rendant plus présentable aux yeux de Eunjin. Notre rendez-vous était tellement passionnant, je voudrais tant lui dire tout ce que j'ai sur le cœur dès que je la vois, dès que je la croise. C'est une femme au cœur de verre qui ne mérite que le bonheur. Elle ne le sait pas encore car elle est trop butée sur le fait de ne rien être, elle croit qu'elle est un fardeau. Si seulement elle pouvait se voir comme je la vois... Tout serait plus simple. Tandis que m'applique une légère couche de baume sur mes lèvres sèches, elle me tapote l'épaule. Je me dirige vers elle, elle qui saisit le col de ma chemise pour venir déposer un baiser discret au coin de mes lèvres. Surpris, je n'ai pas réagi. Je plonge mes pupilles dans les siennes, admirant son cran. Cran que je n'aurai jamais eu. Mais elle me donne le courage de faire ce que je vais faire. Je passe affectueusement ma main à sa nuque pour l'embrasser à mon tour.
Oui. Cet ascenseur. C'était tellement plus simple à l'époque. Nous n'avions qu'à nous regarder pour sourire, pour rire et pour nous embrasser. C'était la belle époque de Eunjin et Jimin.
On entre, je pose le dîner sur la table de la cuisine, ôtant mon blouson. Elle se dirige vers la chambre avec mon sac. Je vais voir ce qu'elle fait, je la perçois déballer mes affaires, tout remettre en ordre. Typique de Eunjin. Elle aime quand elle marque son territoire mais elle n'aime que moi je le fasse. Elle préfère ranger mes affaires que les siennes. Je m'assois sur le lit, exposant mon reflet sur le miroir en face. Elle lève la tête et me remarque, néanmoins elle revient assez rapidement sur sa tâche.
"Hoseok t'a ramené ton sac. J'ai tout rangé."
Je ne réagis pas. Je souris simplement à ses paroles pour finalement retourner dans le salon que j'observe plus dans les détails : je remarque les cendriers de la maison tous à rabord. Dans le salon, une couverture et un livre disposés en désordre sur le divan, des paquets de cigarettes vides étendus sur le tapis et des emballages froissés de barres chocolatées. Maintenant, à la cuisine, il y a du reste de tabac sur la table, des bols de nouilles instantanées pas terminés sur le plan de travail mais aussi le téléphone fixe au sol, dans un coin. Eunjin ne gère pas du tout quand je ne suis pas là. En parlant du loup, elle arrive calmement, mes habits sales en main.
"Tu pourras aller à la laverie en partant demain ? Je ne me sens pas bien, je pense que je ne vais pas aller en cours."
J'acquiesce d'un geste bref de la tête. Je prends notre dîner et l'amène sur la table du salon, on s'installe devant un film, moi assis sur le tapis, donnant un léger coup dans les paquets vides et elle prend place sur le canapé juste derrière.
- "Depuis quand tu n'as pas vidé les cendriers ? je demande.
- Ça fait deux jours je crois."
Ça fait beaucoup de cigarettes en deux soirs. Parfois ça me fatigue qu'elle se tue comme ça. Je sais qu'elle ne tient pas vraiment à sa vie, mais qu'elle ait au moins pitié pour ses proches qui la regardent s'éteindre à petit feu.
- "Tes blessures au visage, ça va mieux ? demande-t-elle, concentrée sur le film.
- Oui, beaucoup mieux."
Elle ne fait qu'une bouchée de son repas, mais ce soir elle m'attend. Ce qui est étonnant car d'habitude elle part directement se coucher, même si le film n'est pas terminé. Malgré tout, je ne vais pas me plaindre.
- "Tu n'es pas fatiguée, mon ange ?
- Si. Mais Taehyung m'a demandé de garder un œil sur toi. Un peu tout le monde, en fait."
Cela m'aurait étonné. Qu'est-ce que je croyais ? C'est Taehyung. Elle n'agit qu'à travers lui de toute façon. Cependant, ce soir, je n'ai pas envie de finir dans les fonds marins. Alors je vais rester silencieux, encaissant une énième fois ses paroles.
"Jimin."
Je la regarde, sans grand intérêt. Après tout, est-ce qu'elle en a pour moi ?
"Ne me fais plus jamais ce coup-là. J'ai refusé le centre parce que je te fais confiance. Je sais que tu peux y arriver, ne me déçois pas."
Peut-être qu'elle en a un peu.
"C'est promis."
Je me lève tout en m'avançant vers elle. Je m'assois sur le divan, gardant son regard sur le mien, avant de la prendre par les mains et de la prendre sur mes genoux. Et puis, une bêtise. On s'embrasse. Elle mouve ses hanches sur mon bassin et j'empoigne fermement ses hanches. Bêtise. Elle enlève mon haut dans la foulée et j'ôte le sien. Elle caresse tendrement mes cheveux tandis que je parcours son dos de mes deux paumes. Bêtise.
"Jimin..."
Elle prononce mon nom d'une si jolie voix. Je m'accroche à très peu, jusqu'à la façon dont elle gémit mon nom. C'est plutôt ridicule, je l'avoue. Mais c'est aussi addictif qu'elle l'est avec ses tue-le-poumon. Je m'en nourris parce que j'ai besoin de ma dose de "Jimin". Jimin, pardonne-moi. Jimin, ferme-la. Jimin, Jimin, Jimin... J'aime l'idée que je suis le seul de ce nom qu'elle appelle, le seul de ce nom qu'elle crie, le seul de ce nom qu'elle aime.
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Tue l'Amour [FF BTS Jimin] (réécriture)
FanfictionDepuis plusieurs années, Jimin et Eunjin partagent la même vie. Ce couple rongé par les démons du passé tente éperdument de revenir à ses débuts. Mais ces problèmes en ont emmené d'autres, vont-ils réussir à se débarrasser de tous ces mauvais traver...