Lee Eunjin, 2

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Jimin a passé son bras autour de ma taille pour prendre un peu d'appui pour essayer de marcher droit. On peut être sûr qu'avec les litres d'alcool qu'il absorbe, il ne serait pas allé bien loin sans mon aide...

- "Jin. J'ai bien envie de te prendre sur la table de la cuisine en rentrant.

- Tais-toi."

Il rit de toutes ses dents parfaitement blanches. Comment une épave comme lui peut avoir un physique aussi angélique ? Je me pose souvent la question. C'est peut-être à cause de ça que les gens pensent qu'il est parfait. C'est vrai quoi, une belle gueule, une allure remarquable, à l'amabilité sans nom... Enfin ça, c'est quand il n'avale pas ses tue-le-foie. Je m'en fiche, je ne suis pas sa mère, il se débrouille. C'est sa vie, pas la mienne.

- "T'as fumé deux paquets en un jour... C'est grave.

- C'est toi, t'es grave."

Il se décide à parler à chaque fois pour dire des choses inutiles, ça en devient fatiguant. Avec un peu de chance, on arrive tout juste devant notre immeuble. On va retrouver notre cocon, ou notre cage de prison commune. Cela dépend des jours. En l'occurrence ce soir, ce n'est que le nid d'une relation qui sent le moisi et la haine. Rien que ça. Malgré tout, on arrive à faire avec parce qu'on s'aime. Du moins, je suppose... On monte difficilement les marches, même s'il n'est pas si grand que ça, son poids n'est pas réellement ce à quoi on s'attendrait. Devant cette porte de fer, je sors la clé de ma poche tandis que Jimin se laisse tomber, emporté par son corps contre le mur d'à côté, il regarde le plafond grisâtre, qui nous rappelle à quel point cet endroit est fade et morose. Il soupire, passant sa main dans ses cheveux bruns. J'ouvre et entre, ne l'attendant pas vraiment. Il me suit, traînant des pieds contre le carrelage, en oubliant presque de se déchausser. Il se laisse tomber de nouveau, s'asseyant contre un mur. Il me regarde ôter mon manteau et me diriger vers la cuisine.

"Jin. J'ai vraiment envie de te démonter sur ce putain de comptoir."

Je l'ignore, me servant un peu de jus alors qu'il se redresse, marchant en ma direction. À l'autre bout de la table, il m'observe pendant que je vide lentement mon verre. Ainsi il soupire, s'appuyant sur le plan de travail.

"Quoi ?" dis-je.

Était-ce mon mot de trop ? Peut-être bien. Il s'avance vers moi, sans vraiment prêter attention à ma question. Je reste immobile, je n'ai pas peur d'un prédateur tel que Jimin. Même s'il me guette d'un mauvais œil. Je ne suis plus que sa proie, et j'attends le déroulement de mes derniers instants de tranquillité. Je sens son souffle chaud au goût d'alcool fort heurter la peau nue de mon cou. Pendant qu'il cajole mes hanches du bout de ses doigts. C'est vrai qu'il peut être le pire des enfoirés, comme le plus délicat des hommes. Je pose mon verre un peu plus loin, faisant un tour sur moi-même, affrontant son regard désireux.

"Quoi ?" je répète.

Ses mains s'agrippent à ma taille me faisant voler au-dessus du sol. Il m'assoit finalement sur le plan de travail.

"Je te l'ai dit, Jin. J'ai envie de toi."

Je dépose ma main sur sa joue, en suivant mon propre mouvement des yeux. J'ai envie de gaspiller mon souffle, encore et encore. Tuer l'air de mes poumons pour en finir avec mon corps. Il est vrai que fumer ces merdes, ça me rapproche de la fin. Mais ses baisers à lui, ils me font perdre mon rythme respiratoire. Ses coups de rein brutaux me font tellement mal en augmentant cette dose de plénitude absolue, qu'il en est possible d'oublier l'existence de ce que m'apporte le tabac. Quand je couche avec Jimin, je me sens plus proche de la mort, et c'est pour ça que je le veux aussi. Je le désire, il me désire. Je le désire tellement que je pourrais me donner corps et âme pour qu'il m'offre ce que je veux. Ce que je veux de lui, ce que je lui envie, ce qui m'appartient. Il approche son visage vers ce corps que je déteste, ce que je m'efforce de porter à longueur de journée. Il dépose de faibles bécots au-dessus de ma poitrine autour de mes clavicules. Ses lèvres humides ne font qu'accentuer mon envie qu'il me prenne. Je veux qu'il m'envie, je veux qu'il m'embrasse, qu'il me dévore, qu'il me tue d'un tir de désir. Il commence par le bas de mon débardeur noir qu'il soulève très lentement, frôlant de ses ongles ma peau gelée. Il se penche en avant, tirant sa langue pour déposer une traînée de salive le long de mon ventre. Je ne me contrôle plus, je n'en ai plus la force. Ce que je peux, peut-être diriger, sont mes mains autour de sa nuque et encore, cela reste fragile. Il se redresse, voulant complètement ôter le tissu qui m'habille. Je puise de ma force pour lever les bras, ses mains caressent mes côtes pour arracher ce pauvre chiffon qui me couvre. Il jette le détritus au sol. Il esquisse un sourire satisfait en voyant que je n'avais plus que mon sous-vêtements noir à dentelle.

"Ne t'arrête plus." je murmure.

Il saisit mes hanches et me ramène violemment plus près de lui, de son souffle, de ses lèvres, de son intimité. Je sens mon corps chauffer à forte intensité et mon cœur battre à toute vitesse. Qu'est-ce que la fin ? C'est peut-être la naissance de quelque chose finalement. Le renouveau, le changement. Mais c'est seulement le ressenti escompté, non pas ce qu'on deviendra lui et moi, on le sait bien. Son visage près du mien, il lèche tendrement mes lèvres pour entamer un baiser langoureux. Il caresse mon dos avec tant de douceur, de fermeté. Nos embrassades résonnent dans toute la pièce, nos vibrations n'en font pas moindre et notre fougue ne cesse de se fignoler à l'alcool et la fumée. Parfois, il se détache de mes lèvres pour fixer intensément mes yeux ne serait-ce que quelques secondes. Il veut avaler ma respiration, je le sais. C'est comme ça qu'il se dit que je serai sienne pour toujours. Mais il n'a pas besoin de ça, il est déjà une de mes addictions. Je ne peux pas le retirer de ma bouche tant que je ne décrète pas avoir terminé. Nous ne sommes pas si bêtes, nous nous aimons. Mais dans chaque relation, il y a une part de haine. Certains duos communiquent, d'autres se hurlent dessus, les plus lâches se séparent et il y a ceux comme nous... On ne sait pas faire, on fait, et on ne veut pas... Donc on se maudit en mélangeant nos souffles dans de violents ébats. Sûrement que l'on se perd, sûrement que l'on ne règle rien. Mais que voulez-vous, on se plaît bien dans cette atmosphère étouffante. Entre deux paroles, il déboutonne mon pantalon, lentement et sûrement. Je dresse ma levée à ses cheveux doux, c'est alors que l'odeur de nos deux corps parfumés à la transpiration, à la tension et aux déchets me contaminent, il s'accroupit, attirant mon bas avec lui.

Tue l'Amour [FF BTS Jimin] (réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant