Chapitre 39

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Mouhamed Moustapha Kane

Absente ! Elle l'est.

Elle est bizarre de jour en jour. Elle ne va pas bien et je le vois mais elle s'efforce à me faire croire le contraire. J'essaie , je fais de mon mieux pour savoir ce qui se passe, mais elle me répond toujours qu'il n'y a absolument rien. Et j'avoue que là je ne sais plus ni quoi dire encore moins quoi faire. Peut-être qu'elle est stressée par le mariage ? C'est plausible! Elle n'a jamais pensé à l'éventualité de se marier et du jour au lendemain elle accepte. C'est quelque peu bouleversant.

Elle passe ses journées enfermée dans la salle d'exécution, elle est la dernière à quitter le bureau et la première à être présente.

Il est présentement vingt et une heures et elle n'est toujours pas décidé à sortir. Je vais finir par mourrir de froid un de ces jours dans ce parking.

C'est bon là ça suffit.

Rokhaya Cissokho

Je n'y aurais jamais cru.

Je n' aurais jamais cru que je retournerai à cette période sombre de ma vie, qu'un jour tout me retomberait dessus.

Ne plus être libre comme je l'ai été. Libre de mes actes, libre pour m'exprimer, libre tout court. Avez vous déjà ressenti cela, être libre mais ne pas vraiment l'être. C'est du n'importe quoi je sais. Ma vie de soumise a recommencé. Mais ça c'est si seulement je le veux, me dis une voix intérieure. Et elle a raison, la Rokhaya d'il y'a 10 ans n'est plus. J'ai changé,et grâce à lui. Mouhamed Moustapha, je dois me sortir d'ici pour lui.
Mon oncle est revenu. Qu'est ce que je n' aurais pas donné pour qu'il pourrisse là où il était ? Je l'avais même oublié et lui et presque tout ce qui se rattachait à lui.

Dix ans !

Je pensais qu'on en était pas encore là. Le temps passe si vite.

Le revoir m'avait arraché toute capacité oratoire et motrice. J'avais ressenti tellement de choses en un instant que je ne savais plus où j'étais ni qui j'étais. Mon cerveau fonctionnait mille à l'heure mélangeant mes émotions et mes résolutions. J'étais juste clouée sur place à le regarder comme la première fois... Tout comme toutes ces filles de l'époque le regardait lorsqu'il passait.

C'est quand il s'est approché pour me relever que je me suis rendue compte que j'étais à même le sol. J'ai hurlé, du moins, c'est ce que j'ai semblé faire mais je ne me suis pas entendu, aucun son n'est sorti.

Le bruit de la porte qui s'est ouverte m'a fait sursauter.

Moustapha !

Il s'est juste assis en face de moi, par terre, sans un mot.

Moustapha : Viens là.

C'était un ordre que je n'ai pas hésité à exécuter malgré mes crampes. J'étais adossée à cette table depuis 17h. Il régnait un silence tellement apaisant dans la pièce. Si seulement je pouvais vivre comme ça... Dans ses bras, bercé par ce calme mélodieux et son odeur lénifiant.

Moustapha : kya !

Moi : Quoi ?

Moustapha : Boma wakhaté quoi nala gnouss.

Moi : Weuuu...

Moustapha : Kham nga ioe da nga rew. Faut que je commence à remédier à ça.

Moi: Mais qu'est ce que j'ai dit de mal ?

J'étais interloquée surtout face à son sérieux.

Moustapha : Regarde moi et répond moi sérieusement.

Amour En FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant