Chapitre 43

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Point de vu Adam

A cette heure de la matinée, le jardin est en sommeil comme éclairé par une nouvelle lueur qui éveille chaque espèce une à une. Le bruit de la campagne se fait entendre lentement alors que je progresse vers le haras de mes parents. Ce calme me manquait mais pas forcément l'endroit.

L'écurie est toujours aussi bien entretenue et certains chevaux sont encore présents dans l'enclos. Je me rapproche de mon cheval fétiche, Téquila, et passe ma main sur sa robe bai. Sa couleur de feu est un présage un indice amusant sur son caractère. Cette jument ne s'est jamais laissée monter que par moi. Sa crinière épaisse sous mes doigts me rappelle des souvenirs et me ramène à l'essentiel. Son hennissement caractéristique signifie qu'elle me reconnaît et qu'elle est contente de me voir. Je continue de regretter qu'elle et ses confrères ne soient pas en liberté.

Mon esprit vagabonde encore. Je repense à cette vérité que je dois lui avouer et qui me déchire de l'intérieur. Vivre dans le mensonge n'est pas quelque chose qui me correspond. De toute façon, il le faudra bien, je ne peux plus reculer. Tôt ou tard, elle apprendra la vérité ; les remords qui m'assaillent chaque minute, la douleur qui fait partie de moi et le regret, à jamais indélébile.

Au moment où je crois être seul, une ombre se dessine vers l'entrée de l'écurie. Mon cœur rate un battement alors que je découvre Stéphanie face à moi. Le moment tant attendu est arrivé.

— Je suis content que tu sois venue, lui dis-je en me rapprochant d'elle.

Passant mes mains autour de son visage, je presse mes lèvres contre les siennes. Un moment de paix avant la tempête. Et comme elle répond à mon baiser, je prolonge cette accalmie. Je recule légèrement la tête, considère un moment son visage avant de me livrer complètement.

— Que se passe-t-il ? Tu disparais le matin très tôt, j'ai fais le tour de la propriété de tes parents pour te trouver ... explique moi ?

L'agacement se distingue dans l'intonation de sa voix et par crainte de la suite, je pose mes mains sur ses épaules et encre mon regard dans le sien.

— Je vais tout t'expliquer, j'ajoute en reprenant ma respiration, revenir ici me rappelle bien trop de choses qui font mal et par la même occasion je refuse les affrontements stériles avec mon père. Lucy vivait la maison dont tu vois dépasser le haut là-bas au fond.

Alors qu'elle se tourne vers l'endroit indiqué, mon regard se pose sur elle. Me considérera-t-elle pareillement lorsqu'elle saura ? Je ne le crois pas. Je prends mon courage à deux mains et je me lance dans une explication plus que compliquée.

— Elle défendait les mêmes valeurs que moi et .. on avait un rêve : celui de mettre à néant tout ce consumérisme. Seulement, elle ne se battait pas avec les mêmes armes que nous. Elle préférerait agir en catimini, faire parti de leur groupe et leur insuffler les idées lentement. Elle pensait que, progressivement, elle les conduirait où elle voudrait.
Elle ne comprenait pas que cela ne servait à rien. Ces gens ne pensent qu'au pognon et rien d'autres. Ils se foutent de nos idées de nouveauté et autres grandeurs. Ils veulent que ça leur rapporte et rien de plus. Bref, elle bossait avec mon père en tant que technicienne qualité, pendant ses études et elle était vraiment douée. Elle ... a eu une mission au large d'une des plateformes pétrolières et .. Derreck et moi on a eu l'idée de mettre un boîtier dans sa valise. Le truc devait copier les données et rien de plus. J'étais au commande avec Derreck quand son hélicoptère s'est écrasé. Il n'a pas déclenché le système et je le sais assez bien. J'étais avec lui... et elle .. elle est morte.

Ma voix se casse en un sanglot que je ne peux réprimer bien longtemps. Lucy a fais partie de ma vie pendant près de 7 ans et c'est dur de parler de cette histoire, encore. En serrant Steph contre moi, je la sens se raidir et en fermant les yeux, je dépose un baiser au creux de son cou.

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