Chapitre 39

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Point de vue Colin.

Après qu'on ait échangé elle et moi, j'ai eu une ultime réflexion avec moi-même. Puisque je pars dans 3 mois, cela devient inutile que l'on débute quoi que ce soit. Non pas que je sois contre les relations à distance, mais je serais constamment en train de douter de la fiabilité de mon meilleur pote et d'elle, par la même occasion. Autant que je m'en souvienne, ils ont toujours été proches l'un de l'autre. Je n'ai pas à me plaindre car je le suis tout autant avec elle. Cela nous laisse le temps de voir venir et on verra plus tard.

Le dernier hacker a été ferré et je peux désormais quitter mon bureau. Il est 20h.
Je ramasse mes affaires et me dirige vers les ascenseurs. A part quelques gars qui bossent comme moi à l'étage développeur et Carter dans son bureau, tout le monde a déserté les lieux. Je regagne rapidement ma Civic et quitte les lieux.

En arrivant chez moi, des tonnes de courriers m'attendent. Des factures et parmi elles, une lettre du prod qui veut m'enregistrer. Partagé par deux émotions distinctes, la joie et le regret, je saisis l'enveloppe en priorité et prend connaissance de son contenu.

Il est question de mon départ pour l'Europe... au mois de Novembre. Tout est organisé, rien à faire. Et ça m'arrange. Pas envie de faire des démarches en plus.
Quitter mon groupe, celui que j'ai crée avec mes amis, ne m'enchante guère mais je rêve d'une carrière comme celle-ci. J'en rêve depuis que j'ai 14 ans. Alors autant suivre ce chemin et sans hésiter. Une si belle occasion ne se présentera pas deux fois et je reprendrai les choses où elles en étaient, plus tard.

Je vais me chercher une bière, pose le courrier en passant sur le guéridon à l'entrée et m'installe sur le canapé. J'attrape ma guitare posée juste à côté et gratte quelques notes. Ça m'aide à me détendre et à organiser mes pensées. Avant mon départ, il faudrait qu'on ait fais trois concerts, le dernier serait un adieu au public. Provisoire, bien-sûr. Je compte pas abandonner mon groupe. Deux ans, ça va vite passer.

Ça me fait penser que je dois en parler au prod. Il me faut une clause dans le contrat qui stipule que me produire avec les Nightmareden me sera autorisé. Cela fait des semaines que ça titille mon esprit et je peux pas omettre cette idée.

La mélodie qui s'échappe des cordes de ma guitare pousse mon esprit à vagabonder, à franchir les frontières du réel et à imaginer un futur tel que je le veux. Je ne suis pas de ceux qui avouent leurs  sentiments, ni de ceux qui montrent leurs faiblesses, mais je sais voir les gens et, par conséquent, deviner ce qu'ils souhaitent au plus profond d'eux-mêmes. C'est ma spécialité, plonger dans l'inconscient de tout le monde pour en ressortir l'inavouable.

Au bout de quelques minutes écoulées, j'appelle notre producteur et l'informe de mon souhait de faire 3 concerts avant mon départ. Mon anticipation l'enchante et il prévoit de tout organiser. Autant il peut être revêche et agaçant, autant l'intelligence fuse de son esprit et il devient étonnant, quand il veut. Comme quoi, tout vient à point à qui sait attendre. Sauf que pour certains, il faut  attendre longtemps. Sur la même lancée, j'envoie un message au groupe pour les informer qu'on va organiser 3 concerts entre fin août et début octobre. C'est jouable et en plus c'est le prod qui se charge de tout. Doris répond dans la foulée, excitée au possible, et j'en attendais pas moins de sa part. Quand aux deux amoureux, ils se laissent désirer. Il est 23h.

Je veux pas savoir ce qu'ils sont en train de faire et rien que le fait d'en avoir une vague idée me plonge dans la colère la plus sombre.

No ordinary love Où les histoires vivent. Découvrez maintenant