Chapitre 32

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Devant ma tasse de thé, je suis d'humeur maussade.
Mon âme s'entoure d'une tristesse que j'ai du mal à quitter, enveloppant mon esprit d'un brouillard cotonneux.
C'est comme si mes émotions étaient en position off et que rien ne pouvait plus me faire réagir.
Quelque part dans le salon, la radio coule une musique rock dont je ne sais plus le nom.

Je la connais sûrement mais je n'ai pas envie de m'en soucier.

Levée de bonne heure, je regarde lentement apparaître les premières lueurs de l'aube avec ses couleurs chatoyantes.
Autrefois, cela me mettait de bonne humeur mais à présent cela me crée des angoisses.
L'angoisse de continuer sans lui et de devoir refaire ma vie.
Je pense à Adam nuit et jour  et je me demande ce qu'ils ont fais de lui ? Est-il déjà en cellule, purgeant sa peine ?
Je me sens si épuisée physiquement et moralement que plus rien ne peut m'atteindre.
Mon âme, perdue dans les méandres de mon esprit, souffre sans pour autant réagir. Les souvenirs, présents encore dans ma mémoire, blessent un peu plus mon cœur et me heurtent à une réalité bien trop dure.

Brusquement, la sonnerie de mon téléphone me sort de ma torpeur et voyant un numéro masqué s'afficher, mon cœur manque un battement.

_ Allo ?
_ Mlle Boninu ?
_ Oui?
_ C'est Ryan Carter.

Ces mots me glacent de l'intérieur en même temps qu'ils me paralysent. Je déglutis péniblement et il me faut un effort supplémentaire pour répondre :

_ J'aurais besoin de m'entretenir avec vous. Pourriez- vous être dans mon bureau dans une heure ?
_ Oui.
_ Parfait. à tout à l'heure.

Si mon état frôlait la léthargie tout à l'heure ce n'est plus tellement le cas à présent mais l'effet retombe comme un soufflet. Cette journée peut elle être pire qu'elle ne l'est déjà ?

Je regarde l'heure sur mon téléphone : il est 7h30.
Avalant les dernières gouttes de thé, je me lève mollement, glissant mon téléphone dans mon sac. Et mon anxiété grandi à mesure que je franchis le seuil de mon appartement pour me rendre dans le hall de mon immeuble. Gravissant les escaliers qui mènent sur l'extérieur, je m'interroge sur l'objet de ce rendez-vous sans que cela ne m'atteigne vraiment.

Que me veut Ryan Carter ? Il veut sûrement me poser des questions à cause de l'arrestation d'Adam.

Sans motivation aucune, je marche à travers Manhattan en direction de la tour de Carter Corporation.
Plus aucunes émotions ne semblent effleurer mon âme éteinte. J'aspire seulement à ce que le supplice se termine enfin et que je puisse recommencer à vivre.
Mais sans lui.

Cette idée heurte mon esprit à chaque pensée et j'ai beau chercher une solution je n'en vois aucune. Ce silence des émotions, dont je suis victime, progresse dangereusement en moi. Les événements les plus fâcheux pourraient m'arriver que je ne ressentirais plus rien.

La lassitude, peut-être.

Bientôt, je me retrouve en bas du haut building.
Traversant le hall de Carter Corporation, je perçois Lisa et c'est avec un sourire de convenance que je lui souhaite une bonne journée.
Mais mon amie sait ce qui se cache derrière ce sourire, elle sait qu'il sonne faux. Elle comprend la douleur qui m'accable, n'en dit rien et se contente juste de me sourire tendrement.
C'est l'avantage avec Lisa, elle sait agir en toutes circonstances.
Machinalement, je me dirige vers les ascenseurs, attends quelques minutes que  les portes d'un des trois s'ouvrent devant moi puis pénètre à l'intérieur.
Actionnant le bouton du dernier étage de la tour, je laisse mon destin m'échapper sans trouver la force de me battre.

Mon esprit est vide de toutes pensées et c'est dans cet état second que j'arrive à l'étage de mon boss en me faisant annoncer à la secrétaire.

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