No ordinary love

Chapitre 34

Point de vu Colin

Le jour n'est pas encore levé sur Manhattan et la ville semble encore endormi malgré les quelques voitures qui passent dans ma rue. Je termine ma cigarette que j'écrase dans le cendrier, avale les dernières gouttes de café puis me lève.

Des tonnes de boulot m'attendent encore et j'aimerais finir tôt ce soir pour la répèt. Quand je pense qu'on a frôlé la catastrophe. Devoir tout annuler pour chercher un batteur sans compter que Steph n'avait plus envie de jouer au sein du groupe si Adam ni était plus. Je pouvais pas lui en vouloir, je ressentais la même chose. Continuer sans mon pote avec qui j'ai monté le groupe, c'était difficile mais je me serais accroché.
Bref, c'était presque la fin.

Je prends la clef de la civic, posée sur le guéridon près de l'entrée, vérifie que j'ai un briquet en tâtant les poches de ma veste puis je quitte l'appartement.

Les rues sont déjà  remplies de monde à cette heure-ci alors que je traverse Manhattan pour me rendre à la Carter Corporation. Le trafic est dense mais j'arrive assez rapidement à la tour.

Garé au sous sol, je prends l'ascenseur et monte rapidement jusqu'à mon bureau. Je croise deux, trois potes de mon étage, des développeurs comme moi, on échange un salut et je pars directement dans mon bureau. Je m'attarde pas.

J'allume mon ordinateur, sors mon téléphone de ma veste et le pose sur le bureau. A peine ai-je le temps de me connecter sur l'intranet de la boîte qu'on frappe déjà à la porte.
Tournant un œil surpris en direction de la porte, je m'interroge sur l'identité de celui qui ose venir me prendre d'assaut le matin à cette heure-ci.
Et je suis surpris de voir une chevelure brune passer la porte ainsi qu'une frimousse que je connais trop bien. Un parfum sucré monte jusqu'à mes narines et me rappelle certain souvenir que je n'ai pas oublié. Elle est la seule personne que j'ai envie de voir ce matin, en même temps.
Lorsque son regard se pose sur moi et qu'un sourire se dessine sur ses lèvres rosées, je ne peux que sourire. Vêtue d'une robe noire à la fois chic et sexy, elle progresse vers moi, lentement mais sûrement.

— Que me vaut l'honneur de ta visite ? , lui demandai-je
— Je voulais te remercier pour tout ce que tu as fais. C'est génial de ta part de prendre la défense d'Adam. Grâce à toi, il est libre, me répond Stephanie.
— Je n'ai joué que mon rôle, Stéph, rien de plus.

Un sourire triste se dessine sur ses lèvres au moment où elle se rapproche de moi. Ses doigts posés sur mon bureau, elle saisit un stylo qu'elle tourne nerveusement entre ses doigts, le regard baissé.

— Ça me fait bizarre de te remercier d'avoir libérer mon homme et je ne sais pas comment le formuler autrement.
— Tu peux le dire comme tel. C'est le cas, non ?
— Oui mais on n'a rompu il n'y a pas longtemps et ...
— Je suis un grand garçon, Stéph, dis-je en la regardant dans les yeux.

Je sais que je ne suis pas très convaincant mais je m'en fou. Elle doit me croire. Je suis content que mon pote soit heureux, il est tellement amoureux d'elle. Et puis ils vont bien ensemble.

Essaye de te trouver des excuses, c'est bon pour le moral.

J'essaye d'avoir l'air le plus convaincant possible car son regard ne me quitte pas, plongeant dans les abysses de mon esprit, et elle va finir par découvrir la vérité.

— Je sais que tu étais très inquiète pour lui et je sais aussi que s'il s'est rendu au flic c'est en espérant te revoir un jour. Puis c'est mon pote et je veux pas qu'il souffre inutilement.

Ses yeux noisettes se teintent d'une couleur ambrée, un peu plus claire. Ses yeux — sublimés par un trait noir de khôl — menacent à tout moment de déverser un trop plein d'émotion gardé secrètement trop longtemps. Une larme roule le long de sa joue, noyant légèrement son maquillage. Et comme elle s'en rend compte, elle lève les yeux au ciel comme pour retenir le reste, puis essuie avec son doigt celle qui l'a trahis. Je m'approche d'elle et pose mon pouce au coin de son oeil, essuyant le reste de khôl.
Elle sourit puis éclate de rire de manière à masquer ce qu'elle a tant de mal à exprimer.