Chapitre 25

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Durant le voyage, je m'étais assoupis durant le long voyage ponctué d'arrêt. Les paroles de Colin sont encore en moi et je ne parviens pas à me défaire de ces émotions que j'ai ressenties. Elles m'envahissent en même temps que m'apparaissent des clichés de ses moments passés.
Je me redresse sur mon siège.
Colin est en train de conduire, le regard perdu cherchant des réponses qu'il n'aura probablement jamais. Je ne me sens pas capable de lui révéler ce que j'ai ressenti lorsqu'il m'a raconté ces choses.

Il prend soudain la sortie qui mène sur une aire d'autoroute, indiquant à Adam de prendre le relais.

Il descend s'assoir sur un banc un peu plus loin, allumant une cigarette. Il pose ses coudes sur ses genoux, le regard posé sur l'asphalte. Il a besoin de réfléchir. Cette réflexion est à la fois nécessaire et génératrice de tourments.
J'en sais quelque chose. Nous n'avons pas vécu les mêmes choses mais nous réagissons de la même façon.
J'ouvre ma portière et le rejoins enfin. Il garde le regard fixé sur le bitume pendant un long moment avant que je m'octroie le droit de briser sa réflexion intérieure. Sa tristesse est telle qu'elle ne peut pas rester sans réponse.
Je me place face à lui et il pose sa main autour de ma cuisse m'attirant entre ses jambes. Il lève les yeux vers moi, gardant un regard impassible mais que je reconnais trop bien.

_ tu ne dois pas t'en vouloir, tu étais un enfant. Je sais que tu en souffres et c'est normal mais à l'âge de 7 ans on ne peut pas prendre de telles responsabilités. Ta peine est celle d'un frère et tes parents auraient dû te dire cela au lieu de te blâmer, lui dis-je.

Il soupire.

_ ... merci chaton ...

Je m'assois sur ses genoux pendant qu'il fume sa cigarette.
Le vent se lève, faisant s'élever les vagues derrière nous. Comme si cette colère s'abattait elle aussi sur le monde, souhaitant l'engloutir.
Il fume la dernière taf puis écrase sa cigarette sur un rebord avant de viser une poubelle. Ses cheveux se mêlant aux miens, il finit par déposer un baiser sur mes lèvres puis nous rentrons nous installer à l'arrière de la camionnette pendant qu'Adam prend le volant et que Doris s'assoit à ses côtés.

Il reste 4 heures de route pendant lesquelles je m'endors, malgré les secousses de l'habitacle. Mon cher meilleur ami veille à maintenir la musique en sourdine lorsqu'en m'observant par le rétroviseur central il s'aperçoit que je commence à piquer du nez. M'appuyant ainsi sur l'épaule de Colin, je m'endors mollement sans résistance aucune.

Lorsque mes yeux s'ouvrent enfin, c'est sur les lumières de la ville de New York, bercée par la voix sensuelle de mon homme qui m'informe que nous arrivons enfin. Fraîchement réveillée, la conscience à moitié dans mes songes, je prends peu à peu mes repères lorsque la camionnette marque un arrêt et qu'Adam nous indique de descendre.
D'une démarche peu assurée, je me lève, essayant de dérouiller mes articulations qui se sont ankylosées à force de rester dans la même position 4 heures de rang.
Descendant péniblement les marches qui mènent à la sortie, je m'avance vers l'arrière de la camionnette, me trouvant face à Adam et Colin qui sortent les valises.

_.. chaton, t'as passé ton temps à dormir ... , dit-il avec ironie.

Récupérant mes esprits peu à peu, je suis au regret de constater que mon homme va faire les frais de ma charmante mauvaise humeur au réveil .

_ c'est toi, qui m'empêche de dormir. Alors il faut bien que je dorme à un moment donné!

Encore surpris par ma réponse, Colin m'observe un long moment, sous les rires sardoniques de Doris qui semble se venger de ce qu'elle considère comme un affront.
Forcée de constater que les piques plaisent infiniment à mon homme, ce dernier s'arme de son plus beau sourire et me répond d'un humour grinçant.

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