"Bah alors ?! Qu'est ce que tu attends pour me transpercer le ventre, hein ?! Vas y ! Fais-le !"
Alors elle aussi, elle les a rejoint... Et maintenant je suis seul... Non, je le suis depuis longtemps, je suis resté sans réelle escouade... Ils n'étaient que de passage.
Voix : Jules.
Cette voix... Sa douceur me tire hors de mes pensées. Pareil pour cette main qui se pose sur mon épaule. Mon regard se pose sur un visage qui m'est familier et réconfortant.
Trish : Tu vas bien ?
Jules : Oui...
D'où je suis, adossé contre un mur, à côté d'une fenêtre donnant sur l'extérieur, j'observe la pièce où l'on se trouve. Puis mon regard se fixe sur Marie qui semble jouer avec un autre enfant à la peau verte, un orc.
Jules : Je repensais juste au front.
Trish : Tu ne comptes toujours pas arrêter ?
Non... Mais ce n'est pas cette réponse que je donne... À vrai dire, je n'en donne pas, je reste dans le silence.
Voix : Tu devrais l'écouter...
Une silhouette entre alors dans la pièce tout en posant contre un mur une hache qu'il tenait en main. Je relève la tête et croise un autre visage que je reconnais bien. Le visage d'un orc, un orc ayant lui aussi souffert, cachant un de ses deux yeux qu'il a perdu en combattant... Oui... Ce n'est plus l'orc à la recherche de son frère... Non... C'est devenu un adulte accompli, père de famille.
Bûth : Mais bon, ce n'est pas le moment de parler de ça.
Je jette un dernier regard aux enfants.
Jules : Oui, tu as raison.
Il sort à nouveau de mon champ de vision pour aller poser la bûche qui est sous son bras avant de revenir dans le salon.
Bûth : Elle arrive.
Du coin de l'œil, à travers la fenêtre donnant sur l'extérieur, j'aperçois Heavina se diriger vers la porte d'entrée. Elle sort aussi de mon champ de vision avant revenir très rapidement accompagné du grincement de la porte.
Heavina : C'est bon, j'ai fini par en trouver.
Elle s'approche de la table et pose de nombreuses fleurs ce qui attire l'attention des enfants.
Trish : Parfait !
Vriurk : Wow... Elles sont belles.
Heavina : Ahah, oui mon chéri.
Elle passe, au même moment, une des mains dans les cheveux de son fils.
Bûth : Bon, il va être temps d'aller leur passer le bonjour... Qu'est ce que tu en dis ?
Tous les regards se tournent vers moi.
Jules : Allons-y...
"D'ailleurs, j'ai entendu dire qu'il s'était laissé tuer lors de sa dernière chasse. C'est dommage, il avait un vrai talent pour maîtriser son mana."
Depuis combien de temps sont-ils partis ? Combien d'années se sont écoulées depuis la chute de Sathurlo ? C'est en voyant la stèle qui est devant nous que je repense à tout ça. Une tombe au milieu d'une multitude d'autres... Mais... Il n'y a aucun corps sous celle-ci... C'est juste pour se souvenir d'eux, des nombreux noms qui sont inscrits... De ceux qui sont partis avant nous. Tout est calme, juste le silence, le soleil qui trône dans le ciel et les montagnes du nord, visibles derrière la cime des arbres qui délimitent le cimetière.
Bûth : Vas-y...
Vriurk, son fils, s'avance alors de quelques pas vers la stèle avant de poser le bouquet de fleurs qu'il tenait dans les bras sur la tombe en pierre qui est juste devant lui. On l'observe tous en silence. Puis je vois du coin de l'oeil Marie, qui est juste devant moi, tourner et lever légèrement la tête. Je croise son regard et lui répond avec un léger mouvement. Elle s'avance elle aussi, fait les mêmes mouvements que le jeune orc avant elle puis elle revient se mettre juste devant moi et enfin... Le silence... Le calme... Puis une odeur qui me perturbe suivie d'un mouvement... Un mouvement que je perçois du coin de mon oeil, au loin, venant des arbres à notre gauche. Je tourne légèrement ma tête pour mieux voir ce qu'il se passe. Ce sont des humains. Ils nous observent pendant un court instant avant de disparaître de mon champ de vision. Des nettoyeurs envoyés par la Papauté ? Je jette un rapide coup d'oeil à tous ceux se recueillant ici mais aucun semble ne les avoir remarqués donc je garde ce que j'ai vu pour moi. Je n'ai pas rêvé, ils nous regardaient bien, mais pourquoi ? Qu'est ce qu'il peut les intéresser au juste ? Est ce que c'est pour moi ? Est ce qu'ils savent pour ma seconde nature ? Ou est ce pour autre chose ?
Bûth : Encore une années sans eux... Une année qu'ils ont passé à nous attendre là où ils sont.
Trish : Une année encore à nous observer...
Un an... Je lève la tête vers le ciel alors qu'une question me passe par la tête : Mais depuis combien d'années on vient ici ? Combien de fois sommes-nous venus se recueillir ici ?... Pourquoi je ne sens plus le temps passer ? Pourquoi je ne m'en rends plus compte ?
"Lai...ssez... Moi... y... Aller..."
Le claquement de la porte en bois me ramène les pieds sur terre alors que je me tiens debout, au milieu du salon de mon foyer. A peine ai-je le temps de le remarquer que le temps passe rapidement et je suis maintenant allongé sur mon lit, éveillé, avec Trish à mes côtés alors que la pièce est plongée dans la pénombre. En bougeant pour m'allonger correctement, je sens une plaque de métal dans mon dos qui remplace une partie de ma peau, comme une sorte de corruption.
Jules : La petite est couchée ?
Trish : Oui...
J'observe le plafond en bois avant de voir, du coin de l'oeil, qu'elle est allongée de côté, me tournant le dos.
Jules : Comment est ce que tu vois l'avenir ?
Elle me regarde pendant un instant, envoyant son regard au-dessus de son épaule avant de revenir à sa position initiale.
Trish : Pourquoi est-ce que tu me poses une telle question ?
Jules : Elle vient de me traverser l'esprit.
Trish : Ah... Eh bien... Huuum...
Elle se tourne pour se mettre dans la même position que moi, allongée sur le dos, faisant face au plafond qui est au-dessus de nos têtes... Puis elle sourit.
Jules : Qu'est ce qui peut bien te faire rire ?
Trish : Je me souviens avoir déjà répondu à ta question il y a quelques années...
Jules : Et tu te souviens de ta réponse ?
Trish : Oui, je t'avais dis que je voulais une famille et être heureuse. C'était ce que je voulais comme futur et c'est le futur que j'ai eu.
Mais... Alors que j'allais lui répondre, elle se tourne à nouveau pour être sur moi. Mon bassin est entre ses cuisses. Malgré la pénombre, je vois que nos deux visages sont à quelques centimètres l'un de l'autre.
Trish : Ne dis rien... Parce que je sais ce que tu vas me dire.
Elle redresse légèrement son dos, elle fait alors un mouvement avec sa tête pour remettre ses cheveux en arrière.
Trish : Sache que je suis heureuse... Peut-être que tu ne t'en rends pas compte mais vivre avec vous deux est l'une des plus belles choses qui m'est arrivé au cours de ma vie et je ne laisserai rien nous séparer... Oui... Même si j'enchaine les boulots mal payés... Je fais et je ferai tout pour protéger notre petite famille... Tout ce que je veux c'est qu'on continue à partager ces moments... Et ce même si ces moments ne nous apportent pas toujours le sourire, je veux juste qu'on puisse vivre... Tous les trois...
Je ne sais pas quoi lui dire.
Trish : Donc pour répondre à ta question initiale, à quelques choses près, c'est l'avenir que je voulais... Et celui que je veux encore.
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Onigard : Solitude
FantasyPris de rage envers ces monstres et ce monde qui ont détruit sa vie mais aussi par nécessité pour protéger sa famille, Jules continue de se battre contre les parasites tout en vivant dans la peur qu'un jour, l'humanité découvre ses actes et sa vrai...