Chapitre 14

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"On est si proche d'eux mais pourtant, aucun d'entre nous peut se comprendre, c'est étrange..."



L'odeur de chair fraîche, elle parvient à mes narines... C'est la seule chose que je ressens et rien d'autre... Juste cette odeur... Elle m'entoure, m'attrape, me secoue, me harcèle, me pousse à bout.

Trish : Jules ?

Alors que j'étais assis, j'ouvre les yeux, relève la tête et l'observe sans dire un mot. Malgré le fait qu'il fasse nuit, je l'aperçois, éclairé par plusieurs lumières. Elle est légèrement penché dans ma direction, habillé d'une magnifique robe de couleur vert. Elle passe sa prothèse en métal dans ses cheveux bruns pour éclaircir ce visage qui s'offre à moi. Le décor, jusque-là caché par l'odeur de la chaire fraîche, laisse apparaître une grande place, entouré de bâtiments et inondé d'humains tous magnifiquement habillés, mais aussi un banc sur lequel je suis assis, dos à une fontaine. Le lieu est rythmé par la musique, les diverses discussions et les lumières des lampes, amenant ainsi la vie autour de moi.

Marie : Papa !

Elle apparaît derrière sa mère, totallement habillé de blanc. Je prends un moment avant de me rappeler de ma raison ici.

Jules : La cérémonie à déjà commencé ?

Trish me répond d'un mouvement de tête allant de la gauche vers la droite.

Trish : La fête oui mais pas la cérémonie...

Je vois, alors je n'ai pas trop rêvasser... Elle me tend alors sa main pile au moment où j'allais me lever.

Trish : Mais elle ne va pas tarder à commencer.

Je ne peux m'empêcher de sourire, attrapant délicatement sa main tout en me levant.

Jules : Alors, allons-y.

Main dans la main, nous avancions pour nous diriger vers le lieu important de la fête : le milieu de la place, là où va être démarré un immense feu. Je sens alors la main de Marie prendre la mienne. Ce sourire sur son visage... C'est aussi pour eux que je suis là... Plusieurs humains avaient eux aussi commencé à se rapprocher, annonçant ainsi le début de la cérémonie.

Marie : Papa...

Je la sens tirer sur ma main ce qui attire mon attention.

Jules : Oui ?

Marie : Je vois rien !

Sans rien dire je me baisse et lui fait signe de monter sur mes épaules, ce qu'elle fait. Je me relève ensuite pour qu'elle puisse voir ce qu'il se passe.

Marie : Woah !

Jules : C'est mieux comme ça ?

Marie : Oui, merci papa !

J'aperçois alors du mouvement sur le lieu de la cérémonie, plusieurs hommes armés de torches s'approchent alors de l'immense tas de bois.

Trish : Ça ne va pas tarder à commencer.

Le bruit des discussions s'essouffle petit à petit, seuls quelques chuchotements persistent mais sont très vite interrompus par une série de vifs coups de tambours. Les porteurs de torches se rapprochent alors et mettent le feu au pied de l'immense ramassis de bois. Au fil des minutes et des secondes, les petits départs de feu grandissent jusqu'à devenir de grandes et majestueuses flammes. Elles me font oublier le bruit ambiant, me laissant seul dans ma propre bulle, les admirant en silence. Elles sont si belles... Et même si plusieurs mètres me séparent d'elle, j'arrive à percevoir leur chaleur... Une chaleur qui vient se mélanger à la chaleur de celle me tenant la main... Ça fait tellement de bien de la ressentir à nouveau, cette chaleur qui m'est si lointaine. Je lève les yeux pour essayer de voir le visage de Marie mais celui-ci n'est pas tourné vers ce spectacle qui se déroule devant nous, il n'est que partiellement éclairé par le feu, tourné vers un autre endroit. J'essaye de voir ce qu'elle regarde lorsque mon regard se pose sur un humain présent dans la foule, que j'ai déjà vu quelque et qui la fixe du coin de l'oeil...

Onigard : SolitudeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant