Chapitre 10

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"Tu devrais aller lui parler, tu la connais mieux que moi après tout."



Alors c'est donc eux qui vont composer ma nouvelle escouade ? J'observe du coin de l'œil les quatres jeunes chasseurs qui sont à ma gauche. Encore quatre nouveaux visages qui me dévisagent, comme j'en ai tant l'habitude, à cause de mon âge ou bien autre chose... Mais ça n'a aucune importance.

Savine : Bien.

Puis mon regard se pose sur Savine qui est assise comme à son habitude à son bureau. Elle pose plusieurs feuilles avant de nous regarder, nous qui nous tenons devant elle.

Savine : Comme vous le savez peut-être, je vous ai convoqué ici pour que vous puissiez à nouveau intégré une escouade. Cependant, au vu de votre nombre, j'ai tout simplement décidé de créer un nouveau groupe.

Voix : Désolé mais...

Un d'entre eux s'avance, un adolescent qui me dit vaguement quelque chose... Oui, je l'ai déjà vu quelque part, il n'y a pas longtemps...

Chasseur : J'aimerais que...

Il se tourne vers moi et c'est là que je croise son regard, alors c'est donc lui...

Marc : Cet homme présent juste ici, soit exclu de l'escouade.

L'étonnement et l'incompréhension s'emparent de tout le monde.

Savine : Comment ça ?

Marc : Je le soupçonne de ne pas être humain ce qui pourrait nous amener à notre perte.

Savine : P... Pardon ?

Personne ne semble comprendre, comme si ses paroles échappaient à tout monde, moi y compris. Pourquoi une personne comme lui, détestant l'humanité, ne veut pas de moi ?

Marc : Vous m'avez parfaitement compris.

Savine : Oui... Enfin...

Marc : L'avez vous déjà vu combattre ? Parce que moi oui, et aucun humain n'est capable de faire ce qu'il fait... En plus, comment se fait-il qu'il puisse utiliser du mana sans que l'on puisse sentir son aura ? Vous trouvez ça normal vous ?

Tous les regards se posent sur moi, dont le sien, qui croise le mien.

Marc : Et puis... Cette expression que vous aviez à la vue de Piria... Agonisante... Vous tendant la main alors qu'une partie de son corps était en charpie sous ce rocher...

Il fait un très léger et lent mouvement de la tête.

Marc : Non, vous n'êtes définitivement pas humain...

La pièce est plongée dans un profond silence.

Savine : N'est ce pas ce que la société attend de vous ?

Surpris, tout le monde observe la maître de la guilde, se redressant avec un très léger air moqueur.

Savine : Vous n'êtes que des armes à leurs yeux... De simples jeunes devant donner leur vie pour défendre les gens... Et puis, certains ne vous considèrent même pas comme des êtres humains donc n'est-ce pas logique de voir des chasseurs perdre leur foi en l'humanité ?

Une suite logique des choses ? J'ai du mal à y croire même si elle n'a pas tort... Quoi que...



"J'aimerais être aussi fort que vous... Mais je n'arrive toujours pas à contrôler mon mana... Est ce que ça fait de moi quelqu'un de condamné ?"



"Se méfier de lui ?... Vu ce que tu m'a dit, il ne semble pas savoir ce que tu lui cache mais je n'ai peut-être pas tous les détails pour pouvoir t'aider.". Les mots de Trish résonnent et se mêlent à mes pensées alors que l'exquis goût de la viande humaine, présent dans ma bouche, continue de me dégoûter. Une faible flamme trônant au sommet de la torche éclaire la pièce du sous sol et le corps en partie pouri de la jeune femme dont j'ai arracher le bras pour le dévoré. A part sa poitrine, tout est à jeter... Je me relève, éteint la flamme, attrape un sac qui est posé au pied des escaliers, puis les remonte. Comme à chaque fois, j'y repense... Comment j'en suis arrivé là ? Et depuis combien de temps ça dure ? Je ferme la lourde porte en métal derrière moi et jette un coup d'œil au salon qui est plongé dans le calme et les ténèbres avant de sortir dehors.

Analya : Alors, tout est prêt ?

Je lève la tête et observe la jeune chasseuse qui attendait devant la porte, dans l'obscurité, un sac rempli d'affaires sur ses épaules.

Jules : Oui.

Analya : Dans ce cas, il ne nous reste plus qu'à rejoindre le reste du groupe.

Je ferme la porte et me mets immédiatement en route, ce qui l'a surprend.

Analya : Hey, attendez.

Elle accélère le pas et finit par me rattraper.

Analya : Vous n'avez pas l'air très bavard...

Jules : Ça dépend juste de la situation.

Analya : Ah, et quelles sont ces situations où vous êtes bavard ?

Jules : Je ne sais pas exactement.

Analya : Ce que vous dites ne m'aide pas...

Le calme reprend ses droits l'espace d'un court instant, ne laissant que les bruits lointains de la ville.

Analya : Ce que Marc a dit sur vous...

Le début de sa phrase attire mon attention.

Analya : Est ce que c'est réel ?

Jules : pourquoi me poser une telle question ?

Analya : Bah... Comment dire... A aucun moment vous avez essayé de vous défendre face à ce qu'il disait, j'avais même l'impression que ça ne vous atteignez pas, c'était très étrange.

Jules : Oh... Je vois, mais est ce que tu m'aurais cru si j'avais réagi au quart de tour face à ses accusations ? Ou est-ce que j'aurais plutôt perdu en crédibilité ?

Elle se tait, réfléchissant.

Analya : Je vous aurais cru.

Jules : Et penses-tu que les autres aient le même avis ?

Elle hésite un court instant.

Analya : Je pense que oui.

Jules : Tu en es sûre ?

Elle y réfléchit encore.

Analya : Non... pas vraiment.

Jules : Voilà pourquoi je ne l'ai pas fait, parce qu'à aucun moment je pouvais anticiper leurs réactions de manière sûre.

Analya : Mais du coup, vous êtes bien humain ?

Jules : Oui, je le suis.

Elle semble rassurer.

Analya : Je vais enfin pouvoir enlever ces pensées de ma tête.

Jules : Cette question te préoccupait tant que ça ?

Elle me répond avec un sourire un peu gêné.

Analya : Oui, ça renforçait la peur que j'avais de vous...

Une peur ? La gêne se dissipe petit à petit sur son visage.

Analya : Mais bon, vous n'êtes pas aussi terrifiant que ça, juste un peu renfermer sur vous même. C'est sûrement pour ça que Marc vous trouvait inhumain, vous devriez vous extérioriser un peu.

M'extérioriser...

Jules : Oui... Ça doit sûrement être à cause de ça.

Onigard : SolitudeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant