"C'est si calme... J'ai peur..."
Qu'est ce qu'y a bien pû la mettre dans cet état ? Qu'est ce que ce foutu prêtre à bien pû lui dire ? Le soleil se couche alors que la maison est à quelques mètres de nous. Du coin de l'oeil, j'observe Marie traîner du pas sur les pavés de la rue tout en me tenant la main. Elle n'a pas dit un mot depuis que je l'ai vue sortir de l'église. On finit par arriver devant une porte en bois, fermée à clé. Je la déverrouille et la pousse pour la laisser entrer en premier, ce qu'elle ne fait pas. Elle reste debout, la tête baissée un moment avant de finalement entrer à l'intérieur. Je la précède et ferme la porte derrière moi.
Marie : Papa...
Je tourne légèrement la tête tout en m'avançant vers la cheminée qui est à quelques pas de moi.
Jules : Hum ?
Marie : Je ne me sens pas bien.
Je m'arrête totalement alors que j'étais accroupie, une main posée sur une des bûches présentes près de la cheminée. Je me relève et va la voir.
Jules : Tu as mal quelque part ?
Marie : Je...
Elle pose alors une main devant sa bouche, comme pour empêcher quelque chose d'y sortir. Elle reste comme ça de longues secondes avant de retirer lentement sa main, sans rien dire.
Jules : Écoute, vas te reposer dans ta chambre...
Elle me fait un signe de la tête puis part en direction de sa chambre. Je me tourne moi aussi pour reprendre mon activité.
Marie : Papa...
Jules : Oui ?
Marie : Je... J'ai l'impression d'être sale.
Je la regarde un moment avant de répondre.
Jules : Je vais préparer un bain pour toi...
Marie : Et, est ce que je peux être seule ?
Être seule ?
Jules : Oui, si tu veux.
Elle me répond d'un sourire avant de s'enfermer dans sa chambre.
"Les traces d'un viol sont indélébiles, ça te ronge de l'intérieur petit à petit..."
Une fois tout ceci fait, je m'assois sur l'une des chaises en bois disposées autour de la table, au milieu du salon. Je penche ma tête en arrière et observe le plafond fait de planches.
Jules : Qu'est ce qui lui arrive ?
Qu'est ce qui a bien pût la mettre dans cet état ? Je sais que c'est cet humain, cet émissaire de la religion mais qu'est ce qu'il bien pût lui dire ? Mon regard se tourne ensuite attiré par les crépitements du feu dans la cheminée. Je n'aurais pas dû céder face à l'idée de Trish, Elle est encore jeune et donc facilement influençable... C'est alors que la porte d'entrée s'ouvre, laissant apparaître Trish.
Trish : Tiens ? Déjà rentré ?
Jules : Oui.
Elle referme la porte derrière elle avant de venir poser une bourse sur la table que j'observe du coin de l'œil. Alors voilà son revenu pour ces derniers jours ? C'est faible, très faible... Trop faible... Mais je ne peux pas lui en vouloir, elle aussi fait de son mieux pour nous assurer une sécurité financière.
Trish : Marie n'est pas là ?
Jules : Si, elle prend un bain.
Trish : Un bain ? Maintenant ?
Jules : Oui, elle ne sentait pas bien lorsque je l'ai récupéré.
Trish : Elle est malade ?
Jules : Non... Je ne crois pas...
Elle me lance un regard rempli d'incompréhension...
Jules : Elle n'a pas dit un mot sur le chemin du retour et elle n'a pas osé me regarder une seule seconde.
Elle reste un moment dans le silence.
Trish : Étrange...
Jules : Pas tant que ça, surtout quand on sait que ce prêtre s'est longuement entretenu avec elle avant que je la récupère.
Trish : Le père Simus ?
Je lui réponds positivement d'un signe de la tête ce qui la plonge dans d'intenses réflexions.
Jules : Trish...
Je la regarde droit dans les yeux.
Jules : Je pense que l'envoyer là-bas a été une mauvaise idée. Elle est encore jeune et influençable, c'est à nous de s'occuper d'elle et de faire son éducation, pas à cette foutue église.
Trish : Ne plus l'envoyer à l'église... Et lorsqu'on travaille tous les deux, qui va s'occuper d'elle ?
Je détourne légèrement mon regard et réfléchis.
Jules : De ce que je sache, Bûth travail en tant que bûcheron, mais Heavina, quant à elle, n'est pas occupé la majeure partie de ses journées.
Elle soupire.
Trish : Si tu le dis...
Jules : Et j'irais voir ce prêtre demain, juste avant de me rendre à la guilde.
Une porte s'ouvre alors et Marie en sort, couverte par un drap qui cache partiellement son corps, se tenant douloureusement le ventre et le regard vide, avant de s'enfermer à nouveau dans sa chambre.
Trish : Je vais aller la voir.
Elle entre elle aussi dans la dite pièce, refermant la porte après elle, me laissant donc seul dans le salon. Ouais... Je crois que c'est mieux ainsi... Car elle a besoin de notre protection...
"Parfois, il faut accepter qu'il nous est impossible de protéger ceux qui nous sont chers."
Père Simus : Pardon ?
De la surprise se lit sur son visage alors qu'il se tient face à moi, devant cette porte en bois que j'ai plus que trop vue hier, au pied de ce bâtiment qui ne m'a jamais paru sûr, alors que le soleil vient à peine de se lever, rougissant les quelques nuages présent dans le ciel.
Jules : Oui, Marie ne viendra plus.
Père Simus : Oh... Je vois...
J'arrive à discerner la déception et la frustration sur son visage malgré ses efforts pour les cacher.
Jules : Cela vous dérange ?
Père Simus : Non, aucunement, c'est juste que... Marie était une jeune fille très attentive et c'était toujours un plaisir de la voir ici vous voyez... Mais bon... Si tel est votre choix...
Et je pense que ce choix est le bon. J'en ai parlé à nouveau hier soir avec Trish avant de finalement l'annoncer à Marie. Son visage semblait s'être délivré une fois la nouvelle parvenue à ses oreilles.
Père Simus : Je n'ai pas à le juger, je ne suis pas celui qui s'occupe d'elle...
Un très léger sourire apparaît sur son visage.
Père Simus : Mais j'espère vite la revoir.
"Tu penses que l'humanité disparaîtra un jour ?"
Son sourire et ses paroles continuent à résonner dans ma tête. J'observe le pavé qui défile sous mes pas tout en y repensant. C'était très étrange de sa part... Mais au moins, je n'aurais plus de problèmes avec cet humain et Marie a retrouvé le sourire... C'est tout ce que je voulais. Maintenant il est temps de se rendre à la guilde.
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Onigard : Solitude
FantasyPris de rage envers ces monstres et ce monde qui ont détruit sa vie mais aussi par nécessité pour protéger sa famille, Jules continue de se battre contre les parasites tout en vivant dans la peur qu'un jour, l'humanité découvre ses actes et sa vrai...