Je t'aime à mourir {Hawks x OC}

XVII. Or et turquoise

Haru

Nous marchons dans le hall d'un immense hôtel à la française. De hautes colonnes sculptées soutiennent un plafond peint de scènes bibliques, le carrelage café au lait nervuré d'or est d'une propreté impeccable. 
  
- Magnifique, soufflai-je.

- Oui, tout à fait, acquiesce Keigo en me regardant.

Nous avançons jusqu'au secrétariat. Une femme en tailleur s'y tient, elle nous accueille avec un grand sourire.

- Bienvenue au Effel Palace, que puis-je pour vous ?
 
- Nous aimerions prendre la chambre des Glaces, s'il vous plaît, indique Keigo.

Elle tapote sur son ordinateur.

- Très bien, puis-je vous demander la durée de votre séjour ? continue-t-elle, avenante.

J'échange un coup d'oeil avec lui. Ça prendra toute la nuit, et même plus s'il le peut.

- Jusqu'à demain midi, déclare-t-il.

- Avec petit-déjeuner ?

Je le laisse régler les détails pour mieux observer la salle. Les voûtes en ogives reliant les colonnes et les plafonds entre eux sont immenses, dans les murs aménagés en bibliothèque sont creusées plusieurs alcôves occupées par de rares lecteurs. Je ne connaissais pas cet endroit, mais je sens qu'il va devenir mon préféré.

- Haru ? m'appelle Keigo.

Je le trouve m'observant, la tête légèrement penchée comme un oiseau songeur. Mon cœur va finir par lâcher devant tant d'innocence.

- Oui ?

- Tu semblais perdue dans tes pensées, rapporte-t-il, serein. J'ai terminé, on peut monter.

J'ai un instant de bugg.

- Tu n'as pas tout payé ? vérifie-je.

- Si, pourquoi ? sourit-il.

Espèce d'idiot ! Tu as dépensé plein d'argent pendant nos entraînements parce que tu me laissais toujours gagner et m'emmenais ensuite au restaurant, tu devrais au moins me laisser te rembourser ! Je me tais, frustrée. Il semble comprendre mon agacement et prend ma main.

- Désolé, j'aurais dû te demander ton avis, s'excuse-t-il, penaud. Mais ce n'est pas grave, après tout, ce n'est que de l'argent ! affirme-t-il, ragaillardi.

- Des fois, je vous jure... grommelai-je pour moi-même.

Dix minutes plus tard, il pousse la porte et s'incline pour me laisser passer. J'entre dans la vaste pièce, cherchant un interrupteur dans la pénombre. Il appuie sur le mur, les lumières s'allument.

- Bienvenue dans la chambre des Glaces ! lance-t-il gaiement.

Les murs de la salle sont entièrement tapissés de miroirs reluisants, seul le sol est recouvert d'une moquette cotonneuse. Quelques rais de lumière blanchâtre tamisée se reflètent à l'infini dans ces glaces superposées jusqu'au plafond, illuminant la pièce d'une douce lueur. Un imposant lustre de cristal pend au-dessus du lit aux draps immaculés. Un demi-sourire étire mes lèvres.

- Je ne pensais pas que tu connaissais ce genre d'endroits, songeai-je en lui coulant une œillade lourde de sens.

- Je l'ai vue dans un classement des meilleures chambres de la ville, raconte-t-il, joyeux. Ça te plaît ?

- Beaucoup.

La porte est à présent bien fermée, je pousse le verrou après avoir laissé ma veste tomber négligemment par terre. Nous laissons nos chaussures à l'entrée, je l'entraîne vers le coin salon. Je le fais asseoir sur un canapé, patiente. Il est aux anges de se trouver ici, en oubliant presque la raison de notre venue.