Haru
Redevenue petite fille l'espace d'un instant, je pleure. Je dois avoir dans les cinq ans, recroquevillée derrière la porte de ma chambre en essuyant mes pleurs intarissables. Mes larmes atterissent par terre, je laisse échapper un couinement de douleur quand l'eau salée glisse sur les plaies de mes mains, la peau de mes paumes est brûlée d'avoir trop utilisé mon alter de feu. Mon petit corps tremble comme une feuille soulevée par un violent courant d'air après un entraînement des plus intensifs rythmé par les coups et autres cruelles indications de mon père. Quelqu'un... s'il vous plaît... à l'aide !
Une énième larme s'écrase au creux de ma paume blessée, mais elle semble bien plus lourde que les prédentes. Je baisse la tête pour voir une sorte de pierre aux facettes irrégulières reposer dans ma main. Je la porte à mes yeux, curieuse, et observe les doux reflets arc-en-ciel apparaissant quand la lumière s'y mire. Cela ressemble à du verre, mais je sais très bien que ce n'en est pas. La matière inerte est glacée, ne répandant pas une once de chaleur sur ma peau trop chaude apaisée par cette inépuisable fraîcheur. Mes pleurs cessent de couler, je suis trop occupée à détailler ma nouvelle acquisition. Quelques éclats plus petits de cette chose inconnue reposent dans ma paume, je les regarde avec curiosité. Une autre partie de mon alter. Une sourde angoisse balaie mon intérêt, je laisse tomber les pierres par terre. Ce n'est pas bon. Pas bon du tout, même. Si papa l'apprend, il m'entraînera deux fois plus. Je dois détruire ça. Je les reprends et allume un feu turquoise dans mes mains brûlées, déployant toute ma puissance sur ces morceaux de moi. Mais quand les flammes retombent, ils restent intacts et tous aussi rutilants. Je recommence plusieurs fois jusqu'à me résoudre à les cacher, l'enfermant au plus profond de mon subconscient pour ne jamais laisser mon père faire main basse sur ce pouvoir.Je reprends pied dans la réalité avec l'impression qu'on me brûle le crâne au chalumeau au vu de mes insoutenables maux de tête. Un souvenir refoulé.
Là, sur l'adorable coussin de satin blanc reposant au fond de la jolie boîte pourpre, se tient le premier cristal indestructible créé par mon double alter. Les plus petits ont été glissés dans la doublure, je les en tire un à un avec une infinie précaution. Pour la seconde fois de ma vie, je prends la pierre la plus imposante du lot mesurant environ trois centimètres de haut sur un de large. Elle ressemble vaguement à une stalactite translucide aux parois inégales.
Keigo revient dans la chambre avec des serviettes, quelques bouteilles de shampoing et une trousse de toilette dans les bras, content de lui. Je cache vivement la petite boîte dans mon poing fermé en l'absence de poche avant de me tourner vers lui.- Qu'est-ce que tu fais par terre ? s'étonne-t-il.
Il approche et voit la latte déplacée.
- Tu as cassé le parquet ?! s'étrangle-t-il sans me laisser le temps de répondre.
- C'était déjà comme ça, assurai-je.
Il laisse tomber les affaires sur le lit, s'accroupissant près de moi avec curiosité.
- Qu'est-ce que c'est ? s'intéresse-t-il, désignant mon poing crispé.
- Rien, répliquai-je un peu trop vite.
Il me dévisage de ses deux puits d'or attristés par mon manque de confiance.
- Tu me fais des cachotteries ? comprend-il, larmoyant.
- C'est une surprise, prétextai-je.
- Pour moi ? tente-t-il, et les coins de sa bouche remontent avec joie.
Il est si mignon, avec son sourire rayonnant et l'espoir scintillant dans ses prunelles... Je suis bien incapable de le décevoir.
- Pour toi, approuvai-je.
VOUS LISEZ
Je t'aime à mourir {Hawks x OC}
FanfictionWATTYS2022 ... Elle était comme la neige. Belle au premier abord, mais froide au toucher. Seulement, lorsque l'on tient de la neige pendant un moment, elle commence à changer. Elle fond dans les paumes, et il le savait. Il savait que s'il la tenait...