XXII. Pour toujours et à jamais

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Hawks

Je me tiens devant une stèle gravée d'élégants caractères. Elle surmonte un rectangle de terre fraîchement retournée recouvert d'une pierre tombale arrosée par une pluie fine.

Ci-gît Takami Haru, dont le sacrifice ne sera jamais oublié.

Tout a été trop vite. Je revois la scène chaotique, la flaque de sang et les yeux vitreux de Haru. Son corps froid que j'ai enlacé en hurlant à m'en briser les cordes vocales. Ses si doux cheveux trempés de mes larmes. Son beau visage livide tâché de rouge.
Oui, tout a été beaucoup trop vite.

Ne reste que la douleur de son absence. Elle a tout emporté avec elle ; ma joie de vivre lui tient compagnie six pieds sous terre, elle danse avec mon âme au-dessus des nuages gris voilant le ciel.

Miruko s'arrête près de moi. La cérémonie s'est achevée il y a un moment, mais je n'ai pas bougé d'un pouce, contemplant la tombe de ma femme sans la voir.

- Je me charge des triplés, tu peux rester encore un peu, me dit-elle.

Je ne trouve pas la force de répondre. Elle s'éloigne avec les enfants. Sato s'en est tiré avec une cicatrice et l'antidote.

Debout devant le repos de ma dame, j'attends. Pas quelque chose de précis, n'importe quoi. Que la pluie s'arrête, peut-être. Je confonds les gouttes d'eau avec les larmes coulant de temps à autre sur mes joues pâles.
Elle n'est plus. Haru est partie. Et elle ne reviendra pas.

Le temps s'écoule sans que j'y prête aucune attention. Le cimetière se vide, la nuit recouvre tout de son manteau noir. La pluie a cessé depuis longtemps. Mes larmes aussi. Miruko est rentrée avec les triplés, me laissant faire mon deuil seul.

Je m'assois sur sa tombe et sors une flasque de ma veste de costume ruinée. Les souvenirs défilent devant mes yeux : son doux sourire, ses prunelles aigue-marine, sa voix apaisante.

- Santé, murmurai-je avec un pauvre sourire.

La stèle reste de marbre. Je vide la petite bouteille en quelques gorgées, la solution acide descend dans ma gorge et glisse dans mon estomac. Je me sens encore plus engourdi, à présent. Le poison s'insinue lentement dans mes veines, des vertiges me font m'affaisser contre la pierre glacée. Étrangement, cette froideur m'apaise considérablement. Je pose une main sur la dalle. Telle une étreinte ultime, ce contact me paraît aussi lointain que proche.
Je ne peux pas vivre sans elle. Alors je la rejoindrai danser au ciel.

- Dans la joie ou le malheur, répétai-je. Dans la santé comme la maladie.

Elle apparaît devant mes yeux fiévreux, silhouette dessinée dans le contre-jour d'une douce lumière. Dépourvue d'aucune blessure mortelle, elle me tend sa main gracieuse. Je la prends en m'effondrant sur la dalle. Un tendre sourire étire ses lèvres. Je souris en retour, apaisé lorsqu'elle entrelace ses doigts aux miens. Tout devient noir, un doux soulagement me prend au coeur.

J'arrive, Haru.

Fin

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Note de l'auteure

Je remercie tous ceux qui ont terminé ce livre du fond du cœur. S'il vous a plu, je vous invite à jeter un œil à mes autres écrits, et, je vous rassure, ils ne se terminent pas aussi tragiquement. Mais ils ne sont pas aussi bons, dans le même temps. Bonne continuation !

Je t'aime à mourir {Hawks x OC}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant