𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 17

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AVELA

J'appuie ma main sur celle de Thalion, directement posée sur ma bouche. Il raffermit son emprise mais ne cherche pas à m'empêcher de me libérer. Déglutissant et terrifiée, je me maintient légèrement à l'arbre pour me retourner vers la voix. Dans l'ombre de la forêt, légèrement illuminée par la lune, se tient une ombre debout qui attend. Elle semble être à l'affût du moindre son.

Sa tête semble se pencher dans plusieurs directions comme un oiseau. Ainsi, j'ai presque l'impression de voir un monstre.

"Thalion..." je murmure à voix basse.

L'ombre se retourne subitement vers nous, m'arrachant un sursaut. Le capitaine appuie sa main sur ma bouche, me plaque contre lui sans même que je ne puisse l'en empêcher. Il respire fortement, les battements de son cœur battent rapidement dans mon dos. Sa main sur le tronc lui permet de se pencher pour observer la créature qui, par un rayon de la lune, se dévoile un peu plus à nous.

C'est un elfe gris.

Mais il n'est pas seul. Parmi les arbres, d'autres silhouettes semblent se dessiner; peut-être trois, même plus. Je n'arrive pas à les compter. Je sens l'emprise du capitaine se resserrer autour de moi, reprenant son épée pour nous protéger. Seulement, le son de la lame frottant contre le fourreau avertit les autres elfes, tournant leur visage dans notre direction. Et je déteste aussitôt ces ignobles créatures à l'ouïe si fine.

"Ils sont là!" s'écrit une voix à notre droite.

Merde.

"Cours!" s'écrit Thalion, attrapant ma main dans la sienne.

Et nous commençons à courir dans cette immense forêt, des elfes gris à nos trousses. Les arbres défilent devant nous dans un flou, les feuilles bruissent sous les pieds. La boue vient tapir nos vêtements et nous ralentit. Pendant que nous courons, je sens mon cœur battre dans ma poitrine, mes poumons brûler à force d'essayer de suivre les longues foulées de Thalion. Je n'ai jamais été une grande coureuse, mais je sais que je dois me dépasser si je veux survivre. Thalion me regarde, son visage porte un masque de détermination alors qu'il me tire sur ses pas. Je peux voir la peur dans ses yeux, mais aussi autre chose – quelque chose qui fait battre mon cœur plus vite.

Nous arrivons à une clairière et Thalion s'arrête, me poussant derrière un épais tronc d'arbre. On entend les elfes se rapprocher, leurs pas crissant sur le sol de la forêt. Thalion dégaine son épée et je sais qu'il est prêt à se battre.

"Montes!" me dit-il, me désignant un arbre.

"Nous devons fuir!" je m'écris, hystérique.

"Nous sommes bien trop loin de la maison pour fuir, montes!"

"J'ai le vertige!"

"Bordel, Avela!"

Il m'attrape brutalement par les hanches et me hisse sur le tronc dans un geste brusque. Contrainte d'obéir, je monte le long du tronc, évitant de penser à la fraîcheur du vent sur mes jambes et au vide, directement sous mes pieds. Je sens que Thalion me suit également, se tenant dans mon dos au cas où je viendrai à glisser. Je m'accroche à l'arbre avec toutes mes forces, grimpant aussi vite que possible. Les branches me griffent les bras et le visage, mais je les ignore, ne pensant qu'à échapper à ces elfes impitoyables. Thalion me dépasse avec agilité et se retrouve rapidement camouflé par les feuilles du chêne.

Assis sur une immense branche, il tend la main pour m'aider et je la saisis avec gratitude. Il m'appuie fortement contre le tronc et regarde en bas les elfes gris qui s'arrêtent, cherchant le moindre son. Appuyant une main contre ma propre bouche, j'essaye de garder mon calme. J'essaye de ne pas penser au fait que nous sommes en hauteur et près de la mort. Les voix des elfes voix murmurent dans la forêt, remplissant l'air d'une aura sinistre.

Nos âmes destinéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant