𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 3

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AVELA

«Quand l'amour s'enfonce profondément dans l'âme, un baiser n'est plus seulement un baiser. C'est l'endroit où le ciel et la terre se rencontrent.»

J'aimerai savoir qui a écrit une telle chose.

Je referme brutalement la page de mon livre romantique, me demandant encore une fois comment cette phrase a pu sortir des pensées de l'auteur. Je n'ai jamais lu de telles phrases dans mes souvenirs, encore moins aussi fantaisistes.

Peut-être était-il malade? Car après tout, l'amour ne peut être décrit d'une telle manière dans notre monde. Certes, les elfes n'aiment qu'une personne dans leur vie mais bien avant que les âmes sœurs ne se rencontrent, un baiser n'est qu'une chose ridicule.

L'amour, dans ces moments précis, n'existe pas.

Soupirant, je balance le livre à travers ma chambre, celui-ci se claquant contre le mur. J'essaye d'oublier le fait qu'il vient probablement d'être abîmé.

Mon regard se tourne vers la fenêtre où le soleil se couche, remplissant le ciel de la couleur que j'aime tant. Ce soir, je vais travailler à la taverne du Sapin Chantant. C'est l'unique endroit où les demi-elfes peuvent travailler sans être dans l'illégalité. Là-bas, de nombreuses personnes viennent afin de décompresser de la routine; les soldats de la Grande Armée, les pères de famille, les paysans, les voyageurs, mais aussi les mercenaires.

C'est un endroit assez agréable; jamais je n'ai eu peur en y allant et j'ai toujours aimé y travailler.

"Avela bon sang, tu n'es pas encore prête? Tu vas être en retard!"

Sursautant, je tourne la tête vers la porte de ma chambre. Rosamund entre, scrutant avec des yeux écarquillés ma chambre. Des vêtements traînent par terre, des livres se trouvent dans tous les endroits inimaginables et je n'ai pas fait mon lit, trop paresseuse pour en avoir le courage.

La fée relève légèrement ses yeux vers les miens et je lui souris, crispée.

"Si ta tante voit tout ce bazar, elle va se mettre en colère. Tu veux vraiment voir une elfe des eaux avec de la rage?"

"Je n'aime pas ranger. Et puis je n'y arrive pas. Tout redeviens en bazar après." je grogne, baissant le regard vers mes mains.

"Comment fais-tu au travail? Tu laisses tout traîner et tes collègues passent derrière toi? Non, non non!" me dit-elle. 

Elle se penche pour récupérer une vieille peluche de dragon qu'elle balance sur le lit. La poussière me fait tousser.

"C'est différent."  je grommelle entre deux toux. "Je suis payée pour le faire."

"Donc tu veux de l'argent pour faire une tâche tout à fait normale dans ta maison? Je ne suis pas certaine que ton oncle soit d'accord avec ceci."

"Ce n'est pas ce que j'ai dit."

"C'est tout à fait ce que tu as dit."

Je lève les yeux au ciel avant de me redresser en position assise. Rosamund se penche vers le sol plusieurs fois, ramassant les vêtements elfiques qu'elle dépose sur son bras couvert d'écailles.

"Pourquoi est-ce que tu ranges? C'est ma chambre."

"Je ne range pas, je vais les laver. Je me demande depuis combien de temps ils sont là." me répond-elle.

"Ils sont propres."

"Ça, c'est ce que tu dis, petite fée. D'ailleurs tu as lavé la cape du capitaine Thalion? Elle était encore dans la niche hier soir."

Nos âmes destinéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant