𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 28

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AVELA

"Que connais-tu réellement de ton histoire?"

Assise sur mes genoux au centre d'un cercle, j'observe attentivement Lellian penchée au-dessus d'un meuble. Dans ses mains se trouvent déjà des pots en terre cuite. Elle se tient prête à commencer le rituel, bien plus que je ne le suis.

Sa cabane est exactement comme je l'avais imaginée; portant l'odeur de magie et habitant une aura apaisante. Moi qui pensais être effrayée par un tel endroit, je me suis trompée. Au contraire, j'ai l'impression d'être un peu plus en sécurité ici que dans tous les autres endroits où j'ai pu aller.

"J'ai été adoptée par mon oncle." je lui réponds.

Elle bouge la tête de droite à gauche comme si elle me montrait que je n'ai pas compris la question.

"Que sais-tu réellement de l'histoire des mortels?" me redemande-t-elle.

"Oh, ils ont été des esclaves des elfes avant de se rebeller. J'ai entendu dire qu'ils ont fait du mal aux gens. Ils sont comparables aux démons."

Lellian revient vers moi et s'assoit dans le cercle. Je l'observe ouvrir un pot de cendre qu'elle verse rapidement entre nous. Presque aussitôt, elle sort des plantes d'un nouveau récipient et le dépose à ma gauche.

"Les mortels ne sont pas les uniques démons de la Grande Guerre."

"Alors pourquoi ne cessez-vous de dire que je suis votre ennemie si ce n'est pas le cas?" je lui demande, confuse.

"Les mortels ont fait du mal à mon peuple. Ils ont détruit et pillé nos plus grandes richesses afin de détruire les elfes. Du moins, c'était bien avant que les esprits se tournent vers nous et nous protègent du mal."

"Vraiment?"

D'un geste de la main, elle met le feu aux plantes. Immédiatement, une nouvelle odeur prend place dans la cabane. Un vent frais passe lentement le long de mon dos et, subitement, j'entend un bruit de tonnerre. Je me retourne, essayant de deviner d'où il provient mais je n'entend que les mouettes en dehors de la cabane.

Lorsque je regarde Lellian, je me rends compte qu'elle me sourit faiblement.

"Je vais te montrer l'histoire de notre pays."

Un cri s'échappe de ma bouche lorsque la nuit prend subitement place dans la pièce. Sur le moment, je n'entend que les battements de mon cœur, surpris et terrifié par cette nouvelle apparition. Les flammes des plantes commencent à devenir de plus en plus grandes et grosses jusqu'à incendier la pièce. Je recule légèrement et mes yeux s'écarquillent. Lellian se contente d'observer l'endroit, de la tristesse dans le regard.

Je ne cesse de regarder de droite à gauche jusqu'à entendre un nouveau son de tonnerre. Des cris résonnent dans les flammes de l'incendie et de celles-ci, commencent à se dessiner des silhouettes. Elles s'élèvent jusqu'au plafond et dessinent des visages d'hommes.

"Ils arrivent!"

J'entends des enfants hurler, je les vois courir dans le feu.

"Soldats, tous avec moi!"

Les hommes hurlent dans tous les sens, courent autour de nous. Je vois des flèches enflammées voler, des habitations se dressent jusqu'à s'enflammer elles aussi. Des bébés pleurent dans tous les sens, les femmes sanglotent le prénom de leur mari.

"Voyons si leur sang est rouge ou noir!"

Les humains s'approchent par centaines dans les champs de Fellicallit, portant des armes dont j'ignore le nom. Ils tirent avec celles-ci, envoyant directement des corps au sol. L'un d'entre eux tombe face à moi, plongeant son regard dans le mien. Mes yeux s'écarquillent un peu plus et je recule de nouveau, apportant mes mains contre ma poitrine.

Nos âmes destinéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant