𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 38

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AVELA

Nous avons quitté la tente de soin au coucher du soleil. Le village semble être vide mais uniquement à cause des enchanteurs se dirigeant tout droit vers la plage en plusieurs groupes. Habillés en tenue sombre, ils semblent tous porter le deuil alors que la plupart ne connaissait pas Kolker. Je suppose que certains devaient même le prendre pour un ennemi.

Appuyée contre un arbre je les regarde attentivement, observant leur tristesse inconnue dessinée. Je n'avais pas réalisé à quel point il semblait si facile pour eux de mentir. On m'a toujours dit qu'ils étaient des êtres de sagesse. J'ai l'impression qu'il s'agissait tout aussi d'un mensonge.

"Est-ce que tu as mal?"

Je me retourne vers l'entrée de la tente, observant Cristal s'approcher de moi.

"Pas pour le moment. La potion semble avoir fait effet."

"Tant mieux." murmure-t-elle, observant elle aussi les enchanteurs. "Je suppose que dans tous les cas, même sans la potion, mon frère ne t'aurai jamais laissé seule."

"Peu importe son opinion, j'y serais allée de moi-même."

Un sourire se dessine au bord de ses lèvres.

"Je sais. Je commence à te connaître."

Les autres nous rejoignent quelques instants plus tard et nous commençons à avancer jusqu'à la plage. Je passe chaque pied l'un devant l'autre, fascinée par la magie de la potion. Je ne ressens aucune douleur pour le moment, pas le moindre picotement. Mais je sais que les effets vont se dissiper, mieux vaut ne pas prendre goût à une telle magie.

"Est-ce que tu as besoin de t'asseoir?" me demande Cili, me rejoignant.

Elle passe sa main sur mon bras et m'aide à me stabiliser. Sa main balaye mes cheveux et elle me sourit dans un air maternel que j'ai tant de fois oublié depuis mon arrivée. En ce moment, elle me fait penser à Tisha. Bon sang, qu'est-ce qu'elle me manque.

Je bouge ma tête de droite à gauche, lui affichant un sourire.

"Non. Je vais bien."

Je vois bien qu'elle croit que mes paroles ne sont qu'un mensonge mais je me sens réellement bien. La douleur n'existe plus, ce n'est qu'un soulagement.

Alors nous continuons notre marche, Thalion un peu plus en arrière avec Tennox. Tous deux ne cessent de garder le silence, cachant leur deuil. J'ignore tout ce qui leur passe à travers la tête.

Lorsque nous arrivons au niveau des falaises menant à la plage, je me rapproche de Cili et, levant la tête, mon regard tombe soudain sur une silhouette tournant le dos à la foule. Habillé en tenue de soldat, un homme m'observe attentivement. Ses yeux me scrutent de haut en bas, la rage émergeant au fur et à mesure de son observation. Je n'ai pas l'impression de l'avoir vu depuis mon arrivée mais pourtant, une familiarité est présente dans ses traits. La couleur de ses yeux est profonde comme si on tombait dans les abîmes et ses cheveux sont de la couleur des flammes.

"Avela."

Une main se dépose sur mon coude et alors que je me retourne, j'aperçois Thalion observer l'homme à quelques mètres de nous. Il le regarde avec la même colère.

"Qui est-ce?" je lui demande. "Est-ce que vous le connaissez?"

"Oui." marmonna-t-il. "C'est mon père."

Je me retourne de nouveau vers l'homme. Il nous fixe attentivement, la puissance de son regard s'égarant vers son fils. Il semble vouloir lui transmettre beaucoup de mots mais Thalion refuse de les écouter, m'attirant à côté de lui.

Nos âmes destinéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant