𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 1

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Onze ans plus tard

Onze ans plus tard.

Un. Deux. Trois.

Respires.

Dans une grande précision et concentration, je lâche délicatement la flèche de mon arc en bronze. Le bois rempli d'échardes m'entaille la joue dans une douleur que je ne perçois pas, trop absorbée par la trajectoire. La flèche siffle dans l'air chaud, elle vole dans les airs pour rejoindre sa cible au bout du champ de tournesols. Dans la seconde, elle se plante dans le rouge du tissu, créant un sourire fier au coin de mes lèvres.

J'en étais certaine.

Je n'ai encore jamais raté une cible, pas même avec l'arc le plus défectueux qu'on puisse me donner. Ni même si la cible se trouve trop éloignée pour que je puisse l'apercevoir. À chaque coup de gloire, mon cœur se remplit d'une immense fierté face à cette réussite que l'on appelle "manadh" dans la langue des elfes.

Chance.

Les êtres immortels ne comprennent pas que nous, les mortels, puissions être aussi forts et glorieux que leur propre espèce. Il est tout à fait normal que nous le soyons d'ailleurs: dans nos veines se trouvent la moitié du sang elfique, dont leur sang est si précieux qu'il nous offre alors la chance d'être des demi-elfes. J'ignore d'ailleurs si tout ceci est de la chance, dans le cas précis où nous sommes considérés comme des ennemis.

Reprenant une respiration normale, j'abaisse l'arc et tente d'apercevoir la flèche au loin qui a transpercé d'autres de ses jumelles. Elles sont invisibles de ma position, mais je devine qu'un immense bouquet vient d'être créé au centre, et cela depuis quelques heures.

Un nuage passe lentement dans le ciel dévoilant alors la cible lointaine qui, quelques secondes auparavant, était dissimulée par l'immense soleil d'été. Au loin, elle est désormais parfaitement visible, mais il est impossible de tirer une nouvelle flèche: il y en a bien trop qui cachent totalement le rond du milieu.

Je soupire, laissant retomber mon arc dans les hautes fleurs frôlant mes jambes nues. Elles s'écroulent aussitôt, renaissant par dizaine autour de l'arme. L'une d'entre elles s'entoure autour de ma jambe et des épines s'enfoncent dans ma peau, créant de minuscules gouttelettes de sang. Je la repousse violemment de l'autre jambe, frottant par la suite mes yeux abîmés et épuisés.

J'ai passé mon après-midi dehors et la douleur dans mon crâne me prouve que je vais regretter mes actions dans la soirée. J'espère simplement que mon corps de mortel ne va pas être de nouveau pris d'une insolation.

Je déteste quand ça m'arrive.

Le soleil est brûlant en été. Il se cache rarement derrière les nuages et pendant le mois du solstice d'été, aucune goutte d'eau ne tombe. La température n'affaiblit personne, sauf nous, les demi-elfes.

À moitié humain, nous captons absolument tous les changements de températures. C'est l'une des choses que je déteste le plus venant de ma race. Alors que, contrairement à nous, les elfes ne sont pas affectés par les saisons. Ils se promènent sans ressentir le moindre changement dans l'air. Ils se contentent de nous observer, hautains et fiers de cette capacité nous étant interdite ici, à Balmarie.

Notre terre.

C'est un monde rempli de différentes créatures séparées en plusieurs frontières. Chaque espèce vit dans ces terres, avec parfois, l'infirme chance de découvrir le monde. Balmarie, un monde magique rempli d'émerveillement, est recouvert par toutes sortes de races: que ce soit des elfes, des trolls, des fées, des esprits contrôleurs de notre monde, mais également d'autres créatures légendaires et incroyables dont les enchanteurs. Moitié elfe, moitié fleur. Peu de personnes les rencontrent réellement, ils ne sont que des légendes seulement un peu trop véritables.

Nos âmes destinéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant