Nos âmes destinées

𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 20

AVELA

"Vous pensez qu'ils viennent pour moi? Je n'ai pas le souvenir d'avoir fait la moindre bêtise ces derniers jours. J'ai déjà été punie pour l'incident de la forêt." je murmure, penchée vers l'avant.

Rosamund lève les yeux au ciel, un sourire au bord de ses lèvres. Elle s'apprête à me répondre mais la porte de la cuisine s'ouvre brutalement. Nous sursautons, regardant Björn qui s'avance. Il admire la pièce avec attention et renifle bruyamment. Je vois dans son regard qu'il comprend ce que nous avons fait.

Alors, il détaille attentivement les trois domestiques mouillées de la tête aux pieds qui simulent la découpe de leurs aliments. Puis, il tourne la tête et m'observe avec la même expression.

"Je sors du bain." je m'empresse de lui dire.

Il lève l'un de ses sourcils.

"Habillée? Voilà qui n'est pas très commun."

"Hum hum... C'est une nouvelle recette de beauté qui vient de la terre des fées. C'est pour la... La beauté et la jeunesse. N'est-ce pas Rosamund?"

"Oh oui, notre reine elle-même l'utilise."

"Arrête, tu n'as jamais été très douée pour les mensonges..." soupire-t-il. "Peu importe, je dois te parler dans le salon."

"Pourquoi? Est-ce que j'ai fait une bêtise?"

"Viens."

"Mais je veux aider les fées pour la cuisine."

"Avela. Maintenant."

Je lance un regard paniqué aux fées avant de m'approcher de Björn. Il m'étudie longuement avant de m'indiquer la pièce du menton. Alors qu'il passe devant moi afin de rejoindre deux soldats dos à nous, installés dans le canapé, je me retourne vers les trois fées. Elles cessent aussitôt leurs mouvements, des grimaces se dessinant sur leur bouche.

"Je veux que mes cendres soient dispersées au lac d'argent avec maman." je murmure.

"Arrête tes bêtises." grogne Rosamund, levant les yeux au ciel. "Dépêche toi, de rejoindre ton oncle."

Face à son ordre, je me dirige vers le salon.

J'ai déjà vu les deux hommes installés sur le canapé. L'un d'entre eux est Kolker, observant attentivement le bol de fruit installé devant lui. Je vois bien dans son regard qu'il aimerait enlever son masque afin de manger. Mon regard dévie sur l'autre soldat et je sais que je ne l'ai jamais vu. Son teint est légèrement gris et ses cheveux aussi noir que le pelage d'un corbeau.

Il me fait aussitôt penser à un elfe gris.

Mais où est le troisième soldat?

Crispée, je m'assois sur le fauteuil en face des deux hommes et souris innocemment. D'un côté je suis certaine de n'avoir rien fait mais de l'autre, il est fort probable que leur présence soit pour une ancienne bêtise. Björn soupire légèrement en s'installant entre les deux hommes. Il allonge ses jambes sur la table basse et tapote le bout de ses doigts sur son avant bras.

Le silence s'impose entre nous et l'unique chose qui nous permet de communiquer est le jeu de regard que j'échange avec les elfes.

J'essaye de demander à Kolker ce qu'il se passe mais il se contente d'hausser l'un de ses sourcils comme s'il était amusé. Ses doigts tapotent contre son genou et il se retourne vers Björn. Celui-ci prend finalement une grande respiration et daigne parler.

"Je sais tout."

Oh merde, merde, merde!

Aussitôt, mes mains sèches deviennent moites et glissent contre mon pantalon encore mouillé. Le son grinçant attire le regard des soldats. Une lueur se dessine dans le regard de l'elfe à la chevelure noire.