𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 16

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AVELA

Les fées sont à mes côtés dans le jardin de mon oncle alors que, à quelques heures seulement du solstice, elles commencent seulement à installer les décorations. Normalement il est de coutume que mon oncle et ma tante se rendent à la Cour grâce à leur titre important au sein de ce royaume mais finalement, ils ont préférées rester ici à inviter leurs amis.

J'ignore si cela à quelque chose à voir avec moi mais je ne peux m'empêcher de leur être reconnaissante d'un tel geste.

Au début, je pensais réellement rester ici, complètement seule. Mais finalement, j'ai peut-être un peu trop mal jugé ma famille. Après tout, ils restent généreux au cœur d'or.

"Est-ce que tu as lancé un sort de protection?"

Je relève lentement les yeux des pétales de la fleur que j'arrache pour regarder Rosamund penchée au-dessus du muret de notre jardin. Elle regarde attentivement la forêt de l'Éclat à seulement quelques mètres de nous qui semble terriblement calme et ennuyeuse. Je n'ai pas l'impression que les elfes gris sont en train de s'y promener mais ce genre de créatures est réellement discret lorsqu'elle le veut bien.

L'une des servantes de mon oncle hoche la tête en arrêtant de dresser sa table. Elle se redresse, une main sur sa hanche.

"Oui, je l'ai fait. Je ne veux pas que des invités indésirables ou des ennemis gâchent les festivités ce soir."

Rosamund sourit, ses yeux toujours posés sur la forêt.

"Tu penses toujours à tout."

"Je suis obligé de penser à tout autour de nous, vous n'êtes pas celles qui vont s'occuper d'une telle chose. N'est-ce pas Avela? Ne suis-je pas celle qui pense à tout?"

Je souris, abandonne la fleur que je détruis pour la regarder.

"Tu ne devrais pas te vanter d'une telle chose. Ce n'est pas toujours une qualité."

Rosamund rit, m'offrant un clin d'œil. Je baisse la tête, mes mains pleines de terre reprenant leur travail. J'abandonne la fleur que j'abimais pour repartir vers ma tâche principale; planter mes fleurs favorites. Mon oncle me laisse constamment abimer son jardin pour que je puisse planter des crocus d'automne. La première fois, il n'avait pas eu le choix. D'après ce qu'il m'a raconté, à mes six ans, j'avais totalement abîmé son jardin en une seule nuit et dans le dos de ma mère.

Il avait hurlé de toutes ses forces mais n'a jamais retiré les nombreuses fleurs que j'avais essayé de planter; au contraire il les avait correctement placées afin de rendre son jardin encore plus beau qu'il ne l'était déjà. C'est devenu une sorte de tradition; à chaque solstice, je plante des fleurs; mes fleurs favorites de la saison.

Pour quatre saisons, j'ai quatre fleurs. Je remercie constamment ma mère de m'avoir transmis une aussi belle passion.

Le portillon du jardin s'ouvre dans un grincement me faisant relever la tête. Les mains enfoncées dans le trou que je creusais, j'observe attentivement la silhouette de trois soldats s'avançant dans le jardin. Je reconnais aussitôt Thalion bien son visage caché, n'importe quelle chevelure cuivrée n'est égale à la sienne. Il avance avec prestance, ses yeux étant posés sur la porte de la maison. Je ne reconnais pas les deux soldats qui le suivent.

Je ne pense pas les avoir déjà rencontré.

Rosamund, sûrement conquise par cette vision, fait subitement tomber un plateau de verre qu'elle portait. Le bruit du verre se fracassant attire aussitôt le regard des trois hommes. J'entend le capitaine jurer et je comprend aussitôt que je vais passer un mauvais moment. Alors je baisse la tête vers mon trou et continue de creuser pour pouvoir y loger les graines de mes fleurs.

Nos âmes destinéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant