𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 5

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AVELA

Ce n'est qu'au levé du soleil que je rentre à la maison, prenant le chemin dans la forêt. Nous n'avons pas remarqué que nous nous étions endormis sous le ciel étoilé. Rien ne nous a dérangé, pas même les pixies dans les arbres qui ne cessent d'ordinaire d'être si bruyantes.

La terre d'Elfeadera est ce matin recouverte de perles de rosée, glissant lentement des longues tiges et des pétales de fleurs. Les pixies jouent, sautant de feuilles en feuilles, volant entre les branches. Elles sont facilement reconnaissantes grâce à leurs nombreux cris de joie.

L'air est terriblement froid, créant une haute brume qui part du sol aux branches des arbres. La température a beau être douce, elle nous annonce déjà le début du solstice.

Celui-ci commence dans un peu moins de deux semaines. À chaque solstice, une grande fête se déroule au palais. Là-bas, le peuple se rejoint, habillé de rouge et de brun en l'honneur des couleurs de l'automne. Tout le monde célèbre la présence des nouveaux esprits, colorant chaque parcelle d'Elfeadera.

Cette saison est de loin ma favorite malgré les températures dégradantes mais la beauté des arbres et des terres sont d'une vision exquise. On dirait un rêve éveillé.

Sifflotant une mélodie imaginaire, je m'arrête quelques instants dans une clairière. Je lève les yeux vers les branches des arbres qui nous cachent la couleur du ciel. De là-haut, deux feuilles se détachent d'une branche et tombent lentement. Dessus, des petits êtres à peine visible à l'œil nu, blancs et brillants, s'amusent à une sorte de course.

Jouant entre eux, il s'émane de leur visage une joie et un bonheur attendrissant. Je souris, reprenant mon chemin ennuyeux. J'aurais voulu les observer un peu plus longtemps, mais je sais que je dois rentrer à la maison; Björn et Tisha doivent sûrement être inquiets. Ils sont plutôt matinaux et je sais pertinemment que mon oncle a dû observer les mouvements de la lune, surveillant avec impatience mon retour.

Heureusement, il n'est pas venu me chercher de toute urgence.

D'un côté c'est une bonne chose car j'aurais eu terriblement honte devant mes collègues. Déjà que j'ai obtenu ce travail grâce à lui.

C'est assez humiliant.

J'arrête de penser lorsqu'un vent glacial glisse dans mon dos, remontant le long de ma nuque. Les arbres tremblent dans une secousse rapide et quelques feuilles encore vertes tombent au sol. Lorsque leur tige effleure la terre, je me stoppe.

Ce n'est pas normal.

Prenant une forte respiration, je tourne la tête vers l'arrière, essayant de voir un moindre visage entre les arbres.

Une présence se fait ressentir et elle n'est que synonyme de peur. Je la ressens dans les arbres et dans l'atmosphère ayant pris place. Je ne me sens vraiment pas à l'aise.

Alors, reprenant mon chemin, je dépose ma main sur le manche de ma dague. Les rires des pixies ont cessé, leur jeu dans les feuilles également. Elles ont toutes disparu d'un coup, comme si elles n'avaient jamais existé. Je relève les yeux vers les arbres, tentant d'apercevoir un moindre visage brillant.

Mes chaussures glissent contre l'herbe mouillée dans un son désagréable. Est-ce que ceci aurait pu les effrayer? Mais, je comprends rapidement qu'il ne s'agit pas de ma propre présence.

De faibles gémissements résonnent à quelques mètres, directement sur ma gauche. Les arbres s'agitent de nouveau lorsqu'un cri de douleur, féminin et affreusement aigu, résonne dans chaque coin de la forêt de l'Éclat. Dans un élan de panique, je me retourne à toute vitesse, les battements de mon cœur augmentant rapidement sans que je ne puisse les contrôler.

Nos âmes destinéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant