𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 21

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AVELA

"Ok. Ne regarde pas en bas." je répète en resserrant mon emprise sur les draps de mon lit accrochés au pied du bureau.

Le soleil vient tout juste de se lever et dans quelques heures, le capitaine et ses deux hommes vont venir me chercher pour m'emmener sur les terres des enchanteurs.

Björn n'a pas arrêté de me surveiller depuis deux jours et toutes les heures, il veillait à ce que je me trouve réellement dans la maison. Je sais qu'il connait mes idées les plus profondes. Je me demande encore comment il peut me laisser dans une chambre avec une fenêtre. Il sait forcément que l'idée m'a traversé l'esprit car après tout, j'ai déjà essayé de m'échapper auparavant.

Je prends une forte respiration en me penchant en arrière. Mes pieds s'accrochent aux racines de vignes qui poussent jusqu'à la fenêtre, me permettant de garder un certain équilibre. Alors, prenant toute la lenteur possible, je me laisse descendre le long du mur. Le silence n'a jamais été mon fort, encore moins lorsque mon bureau, par mon poids, grince le long du parquet. Il glisse sur quelques centimètres me faisant un peu plus penchées vers l'arrière.

Ce n'est pas la première fois que je descends le long du mur mais pourtant, j'ai la même peur lorsque j'ai fuis à mes dix ans pour essayer de retrouver ma mère. C'est une angoisse terrible qui se loge dans ma poitrine. Mais, je continue de descendre.

"Ne regarde pas en bas." je me répète une nouvelle fois. "Doucement, centimètre par centimètre."

Je ne sais pas combien de temps je suis restée le long du mur à faire le moins de bruit possible mais lorsque mes pieds touchent enfin la pelouse, j'ai l'impression qu'il s'agissait d'une éternité. Je souris, relâchant les draps.

Quinze mètres, c'est plutôt pas mal?

Seulement, un bras s'enroule rapidement autour de ma taille et je sens la lame d'un couteau s'appuyer contre ma gorge. Je crie sans me retenir, surprise. Ma tête se penche aussitôt vers l'arrière, observant le visage inversé du capitaine au-dessus de moi. La colère est encore présente dans son regard mais pourtant, j'ai l'impression d'y voir de l'amusement.

"Où tu comptais aller comme ça?" me demande-t-il de sa voix rauque.

Je déglutis, observant la profondeur de son regard. Ses mains me maintiennent fermement comme s'il craignait que je l'attaque.

"Nul part. Je testais la résistance de mes draps. Vous savez, pour le voyage."

"Hum hum. Et la conclusion?"                       

"Ils sont très résistants. Je pense qu'ils peuvent faire l'affaire. Maintenant, est-ce que vous pouvez enlever votre couteau?"

Il soupire fortement.

"Remonte."

C'est à mon tour de soupirer. Je le repousse brutalement et emprunte le chemin de la porte d'entrée mais, il m'agrippe fermement par le bras m'empêchant de faire un pas de plus. Je me retourne, levant les yeux au ciel.

"Quoi?"

"Tu ne remontes pas par ."

Je ne suis pas certaine de comprendre jusqu'à ce qu'il me montre les draps qui pendent encore à ma fenêtre. Mes yeux s'écarquillent alors qu'il ne dévoile que le sérieux sur son visage.

"Vous vous moquez de moi?"

Il ne cherche pas à me répondre. A la place, il me repousse un peu plus vers le mur.

Je ne comprends vraiment pas comment cet homme peut être gentil et rempli de générosité à certains moments alors que bien souvent, comme dans des cas ainsi, il agit comme un enfoiré.

Nos âmes destinéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant