𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 11

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AVELA

Il n'y a qu'un immense silence dans la salle à manger.

Nous sommes tous assis autour d'un immense dîner; Tisha en face de moi, et mon oncle en bout de table qui continue de m'ignorer. Il mange à sa faim, se resservant plusieurs fois sans prendre compte que ni sa femme, ni même moi avons encore touché à notre plat.

Ce qui s'est passé cette après-midi me coupe totalement la faim et j'attends patiemment qu'il se décide à tout me raconter. Il ignore que j'étais présente au terrain d'entraînement et je veux absolument savoir si cette nouvelle va rester un secret.

Tournant ma fourchette dans mon poisson, je lève lentement les yeux vers ma tante. Elle joue avec son verre, tournant le liquide dans celui-ci grâce à ses pouvoirs elfiques. Elle n'a pas dit le moindre mot depuis que je suis rentrée, ni même quand nous nous sommes installés; il n'y a que les fées qui parlent, cherchant à créer une conversation. La main de mon oncle me coupe la vision maussade de Tisha lorsqu'il attrape la bouteille de vin rouge à ma gauche. Il se sert, laissant plusieurs gouttes tacher le tissu blanc.

Ma tante passe rapidement sa langue sur ses dents, agacée par son comportement d'alcoolique qui refait surface.

"Rosamund, allez me chercher une autre bouteille à la cave. Du rouge." ordonne-t-il durement.

Il repose brutalement la bouteille vide sur la table et se remet à manger. Sa mastication me fait grimacer.

Je déteste ça.

La fée nous regarde rapidement, scrutant la bouteille vide et sort de la salle à manger afin d'aller chercher la divine boisson des esprits. Je regarde mon oncle, buvant de grandes gorgées de son verre sans même prendre le temps de respirer. Il n'y a aucune odeur désagréable pour le moment, mais je sais que dans quelques minutes, l'odeur d'alcool viendra me répugner. Je jette un rapide regard à ma tante qui elle-même observe le verre désormais vide.

"Tisha, passe-moi les pommes de terre, s'il te plaît."

Elle relève les yeux de son assiette afin d'observer son époux.

"Est-ce donc les seuls mots qui me sont offerts aujourd'hui?" demande-t-elle.

Elle laisse tomber sa fourchette au bord de son assiette, essuyant ses mains palmées sur sa serviette. Mon oncle grogne légèrement, tendant le bras afin de se saisir du plateau d'argent où les pommes de terre, encore chaudes, l'attendent avec impatience. Il manque de faire tomber des bougies allumées. Il les glisse dans son assiette sans la moindre délicatesse, expulsant la sauce sur le tissu de la nappe.

"C'est quoi ton problème?" demande-t-il dans un grognement.

"Björn, tu oses vraiment me poser cette question?" demande-t-elle.

"Oui. Tu es sans cesse en train de grogner, de scruter mes gestes, et de me parler comme si je..."il soupire fortement, ne pouvant finir sa phrase. "Dis-moi ce que tu as, bon sang."

"Regarde-toi Björn! Depuis que tu es rentré tu ne nous offres aucune parole, aucun sourire, il n'y a que la nourriture et l'alcool qui comptent pour toi! On dirait un porc!"

Je glisse légèrement sur mon siège, baissant la tête. Je n'aime pas être au milieu d'une dispute, surtout lorsqu'elle est entre ma tante et mon oncle.

C'est dans ces moments précis que j'hésite encore à trouver l'amour...

"Nous?" demande-t-il.

"Ta nièce." soupire l'elfe. "Tu l'ignores depuis trois jours."

Il hausse faiblement les épaules.

"Et alors? Elle n'a qu'à présenter des excuses à notre Grand Seigneur ainsi qu'à la princesse et peut-être que je lui parlerai. Et qu'elle agisse en tant que personne mature et responsable, pas comme une espèce de révolutionnaire idiote qui risque sa vie à chaque seconde en plus de celle de son espèce."

Nos âmes destinéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant