𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 30

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AVELA

Lorsque la lune est tout en haut dans le ciel, je ne dors toujours pas.

Assise contre le mur de la chambre, les jambes repliées contre ma poitrine, je regarde attentivement le lit vide en face de moi. Les draps sont encore soigneusement pliés et il n'y a pas le moindre pli visible. Je suis complètement seule dans cette chambre alors que Cristal dort avec son frère dans une autre pièce de la maison. Les deux soldats ont un canapé dans le salon.

Cela me gêne un peu d'être dans la maison de la famille de Thalion. J'ai l'impression de m'imposer d'une manière que je n'aime pas. Et puis, d'une certaine manière, c'est le cas. Ma présence n'a jamais été prévus, Thalion n'a jamais prévenu que je serai ici.

Avela.

La voix qui est dans mon esprit ne cesse de me hanter. J'ignore réellement d'où elle provient, mais une partie de moi sait qu'elle n'est qu'un synonyme du mal. Elle n'arrête pas de m'appeler avec la même intonation de voix. Elle ne cesse de dire mon prénom sans fin, tellement que j'ai l'impression de revivre sans arrêt le même moment.

J'ignore encore pourquoi elle ne veut pas dire un seul autre mot que mon prénom.

Est-ce que cette personne est réelle finalement?

Je soupire faiblement, roulant ma tête contre le mur. Mon regard se lève vers le plafond où des étoiles ont été peintes. Sont-elles bien plus belles qu'à Elfeadera? Alors, soupirant, je me redresse légèrement du mur.

Je n'ai pas envie de rester toute la nuit ici, surtout si le sommeil refuse de m'attraper.

C'est sur la pointe des pieds que je sors de ma chambre. Je plisse mon regard, essayant de m'adapter à l'obscurité de la maison. Il n'y a aucune lumière qui sort de sous les chambres. Ils ont l'air de tous dormir, heureusement.

J'espère que le capitaine ne va pas sortir en furie pour me rattraper.

Lorsque j'avance dans le couloir, je me rends compte que le salon est complètement vide de présence vivante. Kolker et Tennox dorment paisiblement dans un immense canapé. Les ronflements de Kolker sont d'ailleurs très perceptibles et je me demande pourquoi personne n'a osé poser un oreiller sur sa tête.

Peut-être parce qu'ils dorment tous finalement.

Je me glisse silencieusement à leurs côtés, reprenant le chemin de la terrasse. L'air est incroyablement étouffant ici mais c'est agréable de retrouver l'été quand la terreur de l'hiver prend place sur sa terre.

J'ouvre lentement la porte de la maison et observe la silhouette du capitaine assis sur les marches qui mènent à la terrasse. Il ne bouge pas lorsqu'il entend le grincement de la porte et ne daigne même pas de se retourner. Je suppose qu'il doit reconnaître les gens assez facilement.

Je m'assois à ses côtés en soupirant, repliant les genoux contre ma poitrine. Thalion me regarde dans le coin de l'œil.

"Tu ne dors pas?"

"Visiblement."

"Pourquoi?"

Je hausse les épaules.

"Je n'ai pas sommeil. Et vous?"

"J'ai juste une mauvaise impression. J'ai... Besoin de veiller sur la maison cette nuit."

"Je croyais que cette terre était remplie de sécurité."

"C'est le cas. Mais cela n'empêche pas mon inquiétude."

Je le regarde sortir une feuille de chêne de sa poche. Il la déroule lentement et dépose en son centre une poudre brune et épaisse. Je reconnais aussitôt le tabac des fées que mon oncle fume également.

Nos âmes destinéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant