𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 6

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THALION

La forêt de l'Éclat est plutôt silencieuse en fin de journée. Piétinant des pieds, je me dirige vers la frontière des Terres Sombres avec une unique mission donnée par Björn: casser le cul de nos hommes.

D'après ce que j'ai compris lors du bilan, une demi-elfe est décédée ce matin d'une mort particulièrement répugnante et une autre a failli sombrer. L'attaque de cannibalisme réalisée n'a pas été présente sur nos terres depuis déjà plusieurs mois, et la dernière a été totalement secrète. Mais aujourd'hui l'attaque aurait pu être évitée si trente de nos hommes avaient fait correctement leur travail.

On leur offre un poste honorable, une paie plus que excellente, et voilà qu'ils ne sont pas fichus de surveiller et de protéger le peuple.

Écouter n'est pas un travail pénible. Encore moins la nuit, lorsque toutes les créatures de cette terre sont supposées dormir.

Un faible soupir nasal s'échappe de mon nez lorsque j'aperçois le changement soudain de couleur. Le beau vert sapin de la forêt passe d'un coup en un noir macabre répugnant. Les hommes devant les terres fixent attentivement chaque mouvement étrange, leurs mains déjà déposées sur n'importe quelles armes à leur disposition. L'un des guerriers s'approche aussitôt de moi, le regard rempli d'une certaine honte. Il a plus que raison d'agir ainsi. Il doit sûrement comprendre que je ne suis pas venu pour simplement discuter.

Face à face, il dépose son poing sur son cœur et s'incline respectueusement. Mais je ne lui offre pas mon propre respect.

"Est-ce que vous pouvez m'expliquez ce qui s'est passé?" je lui demande durement.

"Capitaine Thalion..."commence-t-il, la voix tremblante. "Comme vous pouvez le constater, nous sommes en sous-effectif depuis hier soir... Personne n'a entendu le moindre craquement de branche, ni même le moindre son d'une feuille. J'ignore comment nous..."

"Les elfes sont supposés avoir une grande ouïe, soldat. Et vous venez de prouver aujourd'hui que vos capacités ne sont pas aussi bonnes que le général et moi-même le pensions." il abaisse la tête. "On m'a informé que vous êtes dix, ceci a-t-il changé depuis l'attaque?"

"Non mon capitaine. Dix au lever du soleil, et dix cette après-midi... Les autres ne sont pas venus, ni même pour nous annoncer leur absence. Je pensais simplement qu'il s'agissait d'un de vos ordres..."

"S'il s'agissait de mon ordre, vous auriez été mis au courant! Quand avez-vous vu pour la dernière fois vos collègues?"

"Hier matin, après notre garde de nuit."

Je soupire fortement, regardant un autre soldat à plusieurs mètres de nous qui se tient droit et à l'écoute. Sa mine close et ses yeux vides me confirment le fait qu'il écoute attentivement mes mots, les apprenant, et se tenant prêt à les retransmettre aux autres.

"Les absents resteront absents; ils sont désormais congédiés de leur poste de surveillant et de protecteur du peuple. Si vous les voyez, ils n'ont pas besoin de revenir travailler. C'est terminé."

"Vous voulez licencier vingt soldats? Mais... Nous sommes déjà en sous-effectif capitaine."

"Voulez-vous être le vingt-et-unième à contredire mes mots? Une parole a été donnée de la bouche d'un de vos dirigeants; vous devez la respecter mot pour mot. Dites-moi, si vous tenez tant à les défendre: pensez-vous que ces soldats sont capables de respecter une seule mission de surveillance? Les imaginez-vous surveiller une terre en guerre?"

"Je ne cherche pas à les défendre..."

"Je vous ai posé une question. Répondez-moi." je lui dis sèchement.

Nos âmes destinéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant