3.
Je déplie à nouveau la carte sur le guidon de la voiture, me persuadant qu'entre les quatre routes de la ville, je ne risque pas de me tromper. Le moteur ronronne à nouveau comme un bébé lorsque je l'allume, et je reprends à nouveau la route, quittant la civilisation pour une nouvelle aventure. Car chaque trajet ici est une aventure apparemment, et je me demande même s'il n'est pas judicieux d'investir dans une boussole pour trouver le voisin le plus proche.
Après dix minutes, je tourne à droite comme indiqué, et poursuis mon trajet.
Je regrette d'avoir jeté ma montre, alors qu'il me semble que le temps soit bien long jusqu'à la prochaine intersection. Et après une bonne demi-heure, je comprends que j'ai dû la louper.
Je reviens sur mes pas, me retenant de rager intérieurement, et finis par trouver ce que j'aurai appelé de tous les noms sauf d'une intersection. Le petit chemin est encore plus cabossé que le précédent, et j'ai l'impression de m'envoyer dans des ténèbres dorés.
Je loupe évidemment le dernier chemin, et fais demi-tour au milieu d'un champ, avant de trouver ce que j'imagine être la bonne route.
Je plisse les yeux, croyant apercevoir quelque chose dans le lointain. Regardant de part et d'autre de la route, j'espère du fond du cœur que je suis dans la bonne direction car je ne me vois pas faire à nouveau demi-tour ici.
Mais enfin, avec un soulagement palpable dans un soupir, il semblerait que j'ai bien trouvé la bâtisse.
Il s'agit d'une vieille maison, mais charmante. Comme toutes ici, elle est faite de bois, d'un patio, de quelques colonnes soutenant de tout, et d'une petite fenêtre à l'étage.
Mais je ne remarque aucune serre.
Tiraillée par le doute, je vais malgré tout jusqu'au bout du chemin, et c'est avec joie que j'aperçois enfin David. Assis sous le patio, dans une petite balançoire de bois, il se lève en me voyant arriver.
Les mains sur les hanches restant en haut des marches, il m'inonde d'un sourire satisfait, ayant sans doute imaginé mon parcours du combattant pour venir jusqu'ici.
J'éteins enfin le moteur, me laissant envahir du silence reposant et de la douceur de la lumière, avant de sortir et froncer les sourcils face au soleil.
-Vous êtes bien difficile à trouver !, dis-je en contournant mon pick-up pour venir à son encontre.
-C'est un peu le but, s'amuse-t-il.
Je reste là, en bas des marches, ne sachant pas vraiment comment l'aborder.
-Je... Je voulais vous remercier pour la voiture. Elle est sans doute en meilleur état que lorsque je l'ai récupérée !
-Il n'y avait pas grand-chose à faire, juste un peu la décrasser et changer deux ou trois pièces, s'adoucit-il.
-Et bien merci...
-Et bien, de rien...
Nous restons un instant là, sans rien dire de plus. Je ne sais pas comment réagir, comment proposer de le régler.
-Bien..., continuais-je.
-Bien...
Il me sourit, trouvant apparemment drôle mon malaise.
-Je... j'ai cru comprendre que je ne pouvais pas vous régler avec mes dollars...
-Effectivement...
-Alors... Est-ce que je peux faire quelque chose ? Du ménage ?...
-Je fais mon ménage, moi-même, merci.
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A côté du papillon
RomanceC'est une nouvelle vie, une nouvelle ville, un nouveau départ... Lorsque Charline quitte tout pour se réfugier dans une petite ville totalement perdue de l'Ouest américain, c'est à première vue pour respirer un peu, prendre le large. Mais au fur et...