5. Promets-moi

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5.

J'ai préparé le thé pour Martha. Et je me fiche bien de son regard réprobateur et de ses remarques me disant qu'elle peut très bien le faire seule, je suis d'humeur enjouée.

J'ai tellement hâte de pouvoir commencer à travailler que je compte les jours jusque là. Et pourtant, ce n'en est pour l'instant qu'un de moins que depuis la veille.

Je me donne pour mission du jour de trouver cet homme mémoire de la ville qui pourra peut-être m'aider dans mes recherches et prépare la carte que Léa m'avait si gentiment donné pour retourner simplement la voir.

Elle m'accueille comme chaque fois avec un immense sourire, et comme chaque fois, les quelques clients ne me quittent pas du regard, certains plus sympathiques que d'autres.

-Bonjour, lui dis-je en m'asseyant au comptoir.

-Hey, bonjour Charline ! Alors il parait que tu as trouvé du travail ?

Je reste un peu perplexe, comprenant à quel point c'est une petite ville.

-En une phrase, tu sais mon prénom et que j'ai du boulot. Les nouvelles vont vite !

-Ici, tu ne peux pas bouger le petit doigt sans que tout le monde ne soit au courant, s'amuse-t-elle en me préparant déjà un café. Tu verras, Tom, de l'épicerie est très sympa.

Je tique en me rendant compte que par la même, j'apprends le prénom de mon futur patron.

Je pense qu'elle le comprend et me fait un petit clin d'œil. Je plonge le regard, honteuse, dans ma tasse de café et le déguste dans un gémissement de plaisir.

-Ce café est simplement à tomber... Il est produit ici aussi ?

Je lève les yeux vers elle, mais remarque que son regard est juste au-dessus de mon épaule.

-Léa ?

-Je... Oui pardon, Oui, c'est Ethan qui fait son propre café.

Ses paupières papillonnent et elle retourne vers un client un peu plus loin au comptoir.

Fronçant les sourcils, je me demande bien ce qui a pu ainsi la mettre mal à l'aise.

Je me retourne un peu, cherchant derrière moi ce qui a attiré son attention, mais il n'y a personne sur les banquettes.

D'abord perplexe, mes yeux se lèvent au travers de la vitre. Et j'aperçois David, de l'autre côté de la route. Il sourit à un client, essuyant ses mains poisseuses dans un torchon. La lueur vive du soleil fait scintiller ses cheveux clairs comme un halo autour de lui, et un instant j'en oublie qu'il est ce qui a attiré l'attention de Léa pour simplement l'observer. Son bleu de travail tombe sur ses hanches, laissant découvrir une parcelle de peau alors qu'il essuie encore ses mains sur son marcel blanc parsemé de cambouis. Celui-ci serait immense sur la plupart des hommes, mais sur lui il est presque cintré par sa carrure imposante.

Et alors que je me surprends à me laisser aussi à l'admirer quelque peu, je crois que je comprends.

Je me tourne vers Léa, et observe malgré sa tentative pour être discrète, quelques coups d'œil de sa part vers le jeune homme.

La bouche encore ouverte de ce qui m'explose au visage, je me sens brusquement comme une étrangère, arrivant dans cette ville, dans ses histoires. Et je culpabilise presque de cette complicité qui semble naitre entre lui et moi, alors qu'une autre espère encore sans doute avoir une place dans son cœur.

Je comprends aussitôt que je me dois de faire attention, que m'approcher trop de lui, même si notre relation n'est que purement amicale, pourrait rapidement me faire porter le rôle de la méchante et peut-être me mettre du monde à dos. Et c'est exactement le contraire de ce que je voudrai...

A côté du papillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant