A côté du papillon

23. Oui

23.

Je lui ai ris au nez. Puis je l'ai insulté. Puis encore, j'ai ris. Je l'ai traité de fou, d'imbécile, d'inconscient. J'ai sorti toutes les excuses, tout ce qui me venait en tête pour décrédibiliser ses mots.

Et alors que je me regarde dans le miroir ce matin, alors que Cathy rajuste la bretelle de ma petite robe couleur crème, je ne peux m'empêcher de me dire qu'il fait ça uniquement parce qu'il sait que mon temps ici-bas est compté. Et c'est bien sûr le cas. Il me l'a dit, encore et encore, sans mentir. Mais qu'il n'avait simplement fait qu'accélérer ce qui aurait eu lieu à un moment ou un autre...

Je pousse un soupir, tandis qu'elle vient poser dans mes cheveux lâchés, quelques fleurs fraiches avant de faire un pas en arrière pour admirer son œuvre.

-Et voilà..., dit-elle dans un souffle.

Je ne suis pas fatiguée, et pourtant je suis à bout de force. David m'a fait promettre de me reposer, de ne pas mettre le nez dehors, qu'il s'occupait de tout. Et voilà que 24 heures plus tard, je me retrouve seule dans notre chambre, Cathy à mes côtés pour m'aider à me préparer, face à ce miroir qui me renvoie l'image de cette femme que je reconnais à peine.

-Tout cela est complètement fou..., laissais-je échapper.

Ma demoiselle d'honneur du jour vient poser ses mains sur mes épaules et me regarde dans mon reflet.

-L'amour est complètement fou, ma belle... Et la seule question que tu dois te poser aujourd'hui n'est pas de savoir pourquoi maintenant, mais bien pourquoi, simplement...

-Je ne te savais pas si romantique, continuais-je à parler à son reflet.

-Derrière chaque façade il y a une autre vie... Tu es bien placée pour le savoir !, tente-t-elle d'adoucir l'atmosphère.

Elle s'éloigne un instant, alors que je reste figée sur mon image, voyant mon visage creusé, ma peau blafarde... Et les doutes m'envahissent.

-Et si je n'y arrive pas ?

-Comment ça ?

-Et si je n'ai pas la force, et si je tombe, si je n'arrive même pas à aller au bout de l'allée ? Si je ne tiens pas toute la cérémonie, si...

Cathy se précipite aussitôt à mes côtés, entourant mes bras des siens.

-Alors il sera là... Et c'est exactement ce qu'il cherche à te dire en t'épousant aujourd'hui, Charline. Qu'il sera toujours là. Et c'est la seule chose à laquelle tu dois penser en avançant dans cette allée. D'accord ?

Je prends une grande inspiration et pousse un long soupir revigorant avant de hocher la tête.

Elle frictionne ses mains contre mes bras, me réchauffant, me rassurant, et me souriant.

-Tu as la chance d'avoir trouvé un homme extraordinaire, ma toute belle. Arrête de réfléchir et contente-toi de te réjouir de ça...

Je lui rends son sourire chaleureux, buvant ses paroles d'une vérité absolue. Je ferme les yeux, puis les rouvre, bien décidée à ne voir dans ce reflet qu'une jeune femme amoureuse, sur le point de s'unir à un homme formidable.

Je rajuste une mèche de cheveux et re positionne la bretelle de cette petite robe fluette que Gérard a insisté pour me prêter.

-Alors allons-y...

Cathy m'aide à passer la porte, puis à descendre les escaliers. Je sens l'excitation monter, sans avoir la moindre idée de ce qui m'attend. Mais alors que j'étais jusqu'à maintenant effrayée de ce qu'il allait préparer, je ne suis à présent plus qu'obnubiler par mon envie de le retrouver.