20. La clé d'une autre vie.

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20.

Ma tête me fait mal. Me voilà morte, et ma première pensée est que j'ai mal au crâne... Attendez... Est-ce que la douleur existe dans l'au-delà ?

-Elle se réveille..., dit une voix autour de moi, résonnante comme dans une grotte.

Je sens la chaleur d'une main qui entoure la mienne. Et je comprends aussitôt que j'ai eu droit à un peu de répit...

-Il faut qu'elle arrête d'en faire plus que son corps ne lui autorise...

Je fronce les sourcils. Cette voix-là, je la connais, mais ne l'apprécie pas vraiment.

J'ouvre un œil, puis un autre, laissant quelques secondes à mes yeux pour s'habituer à la clarté de la pièce. Je reconnais ma chambre, plongée dans la douce lueur du jour, et à mes côtés, David, qui tente de me sourire avec la fragilité d'un homme qui veut faire bonne figure.

-Comment vas-tu ?..., dit-il en posant une main sur mon front.

Je lève les yeux, et comprends aussitôt cette voix en découvrant William, le médecin de la ville, qui m'adresse presque un regard entre pitié et reproches.

-Qu'est-ce que vous faites là... ?, dis-je dans un effort surhumain.

-C'est moi qui l'ai appelé, Charline. Tu... Tu étais inconsciente, et...

-Ca va, ca va... J'ai juste eu un coup de chaud sous le douche, la nuit a été courte et... Ca va déjà mieux...

-Arrête un peu de faire la forte, tu as besoin de repos, ça ne te coute rien de prendre une ou deux journées pour récupérer un peu de force, ajoute David en me retenant alors que j'essaye vainement de me redresser.

-Oui, et je vais me reposer, mais ce n'est pas la peine de faire venir le médecin à chaque fois que je tourne un peu de l'œil...

David baisse les yeux, et je regrette aussitôt mes mots. Et William se fait une joie de dire tout haut ce que je pense tout bas.

-Charline, vous ne pouvez pas en vouloir à votre ami de s'inquiéter lorsqu'il vous retrouve évanouie dans la douche. Et je crois qu'il est bon pour vous d'avoir un petit rappel à l'ordre. Vous tirez beaucoup trop sur la corde, et vous le savez très bien. Il faut y aller doucement...

-Y aller doucement et quoi ? Me reposer ? Pourquoi ? Ne pas profiter des quelques instants qu'il me reste ?

-Y aller doucement pour permettre à votre corps de récupérer, et ainsi de vous garder en forme le plus longtemps possible, objecte le médecin.

Je pousse un soupir. Parce que je sais qu'il a raison, mais que l'idée de rester là à ne rien faire me rends dingue. Oui, c'est plus fort que moi, mais je suis en colère. En colère contre moi-même, contre mon corps qui ne m'écoute pas. En colère de ne pas être assez forte, plus forte que cette saloperie qui semble être le maitre à bord, comme me prenant en otage alors que mon esprit déborde d'énergie, mais que me corps ne suit plus. En colère de me réveiller pour le trouver face à moi, pour qu'il me sermonne, me rappelle que mes jours sont comptés. En colère contre le monde entier de continuer de tourner alors que moi je marche à peine...

-David, s'il te plait sors-moi de là...

-Tu dois te reposer mon amour, le médecin a dit...

-Je me fiche de ce que le médecin a dit, fais-moi sortir d'ici !, m'emportais-je brusquement.

Un grand silence emplit la pièce, alors que je m'en veux aussitôt, mais qu'il est trop tard. Je n'arriverai pas à m'excuser, pas encore, pas dans cet état de rage. Et je me contente de fixer un point devant moi, sentant ma respiration au bord de la panique. Je ferme les yeux, essayant de prendre sur moi tant que possible.

A côté du papillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant