8. Un ami en or

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8.

Je me réveille dans un frisson ce matin-là. Mais pas parce que je le sens contre moi, mais bien parce que la fraîcheur me submerge. Bien sûr, il n'est plus là. Dans mon sommeil profond, je ne l'ai pas senti se lever, me quitter, sans doute me regarder un instant en s'assurant que je dormais bien. Un instant, c'est le manque qui m'habite. Le manque de sa présence, de sa chaleur, ou se son réconfort. Sans doute tout à la fois. Et après le sourire au souvenir de cette sensation, c'est la tristesse qui s'empare de moi. Parce que je dois bien l'avouer, je me suis attachée à lui. Bien trop sans doute...

Mais alors que j'avais tout préparer, tout prévu pour m'éloigner des miens pour ne pas les faire souffrir de mon départ, voilà que je me retrouve dans la même situation, à l'autre bout de nulle part. Un instant, je me demande même s'il faut que j'aille m'isoler dans le désert pour ne plus risquer d'emporter dans ma tourmente ceux à qui je tiens... Mais finalement c'est un peu ce que j'avais prévu. Et pourtant voilà que je joue à nouveau avec le feu...

C'est avec cette mélancolie que je me lève. C'est la même qui m'accompagne sous la douche, et qui se reflète dans le reflet du miroir lorsque j'observe mes traits tirés.

-Tu es sûre de vouloir aller travailler aujourd'hui ? Tu as vraiment une sale mine..., me dit Gérard alors que je ne décroche pas un mot au petit déjeuner.

-Oui, j'ai bien besoin d'un peu d'air frais...

Ma voix est encore rocailleuse, car ce sont là presque mes premiers mots de la matinée.

-David n'approuvera pas vraiment, dit-il en secouant la tête, encore penché dans son café fumant.

-David n'a pas son mot à dire.

Je sais que mon ton était un peu trop froid. Et surtout qu'il n'a rien fait pour mériter ça... Mais il faut qu'il arrête d'être un part si importante dans ma vie.

Gérard m'interroge du regard, et je le surprends à jeter un œil vers la fenêtre un peu plus loin, presqu'inquiet.

-Il est là, n'est-ce pas ?...

Il ne répond pas, et n'en a pas besoin. Et je me contente de soupirer en cherchant d'avance la meilleure façon de le remercier de prendre ainsi soin de moi, mais de me laisser à présent mener mon existence.

-Vous serez là ce soir ?, dis-je en me recentrant sur ma mission.

-Oui, bien sûr.

-Pourrions-nous continuer à discuter de l'historique de la ville ? Si cela ne vous dérange pas bien sûr...

-Non, c'est toujours un plaisir, tu le sais bien...

Son enthousiasme est tout mesuré, ayant du mal à me cerner à cet instant.

Je lui souhaite une bonne journée, attrape mon chapeau et me prépare à affronter David.

Comme je m'en doutais, il est là, comme toujours assis sur le capot de sa voiture, à m'attendre.

Lorsqu'il m'aperçoit, il en descend, d'abord souriant, puis soudainement inquiet en me voyant peu enthousiaste.

-Est-ce que ça va ?..., dit-il en fronçant les sourcils.

-Oui, ca va très bien... Est-ce que... David j'aimerai aller au travail seule... Tu as sans doute beaucoup à faire et...

-Ca ne me dérange pas de t'emmener !, me coupe-t-il.

Je descends les quelques marches du perron, bien décidée à rejoindre mon propre pick-up et cherche la façon la plus délicate de refuser sa proposition.

A côté du papillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant