A côté du papillon

21. Savoir et comprendre.

21.

Si je pouvais choisir, si j'avais le choix de ce que je pourrai faire jusqu'à mon dernier souffle, je crois bien que ça serait exactement ce que je suis en train de faire.

Mes doigts caressent ma tasse de thé brûlante et qui me réchauffe les mains agréablement. La douce lumière du matin vient dessiner ses traits presque sereins, et j'apprécie de le voir ainsi détendu après tout ce que je lui ai fait traverser...

Je reste recroquevillée sur la chaise en paille à côté du lit et le regarde depuis un temps indéfinissable.

Je suis captivée par ses lèvres parfaites que je me retiens d'embrasser. Je caresse des yeux les contours de son visage, sa mâchoire large, alors qu'il serre les dents et que les muscles s'y contractent.

Il grommelle un instant et remue un peu, sa bouche s'ouvrant alors peu élégamment sur l'oreiller, ce qui m'arrache un petit rire.

Il ouvre un œil, un seul, et me fixe.

-Tu te moques de moi, c'est ça ?, dit-il en prenant conscience de sa pose peu virile.

-Non, non... Je... Je prends juste plaisir à te regarder.

Je me penche un peu et vient promener une main dans ses cheveux en bataille. Il l'attrape et la guide jusqu'à ses lèvres pour y poser un baiser.

-Comment te sens-tu aujourd'hui ?, ajoute-t-il la voix encore rocailleuse.

-Ca va... Mieux...

-Tu vois, cette maison te fais déjà du bien. A moi que ce ne soit moi ?, s'amuse-t-il en se redressant.

Le drap glisse nonchalamment, découvrant son corps et je mords l'intérieur de ma joue pour me retenir de lui sauter dessus.

-Quoi ?...

-Rien.., dis-je en arrivant à arracher mon regard de chaque contour de son être que j'aime tant.

-Tu admires l'apollon nu devant toi ?, dit-il en faisant une grimace de dieu grecque.

-Je n'ai pas le droit ?

-Tu as tous les droits...

Il avance brusquement jusqu'à moi, entièrement nu, et vient prendre mon visage entre ses mains.

-Oh et toi tu as le droit d'aller te brosser les dents !, dis-je en riant.

-Hum...Tu es d'un romantisme à toutes épreuves...

-Je serai la femme la plus romantique du monde après le dentifrice...

-Soit...

Il fait mine d'être vexé, mais un petit sourire en coin trahit son amusement. Et soudainement, il se lève. Nu comme un ver.

Et il avance dans le couloir, ne me laissant qu'une vue majestueuse de son dos et ses fesses.

-Non, tu n'as pas le droit de m'imposer ça !, tentais-je de protester alors que je lutte intérieurement.

-Je ne fais qu'écouter la patronne !, dit-il sans même se retourner.

J'ouvre grand la bouche, ne trouvant rien à dire tant cette vision trouble tout mon sens de la répartie.

-Tu... Tu ne vas pas t'en tirer comme ça !, dis-je en appuyant sur mes bras pour me relever.

J'aurai voulu courir, mais je n'arrive qu'à marcher. Et même s'il entend sans doute mes pas, il joue le jeu de la surprise lorsque j'entoure mes bras autour de lui.