13. Le cerisier japonais

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13.

  J'aurai bien sûr adoré continuer cette soirée. J'aurai plus qu'aimé qu'il reste avec moi, ce soir, cette nuit... Mais la journée fût éprouvante, et savoir Gérard quelques portes plus loin nous fait nous séparer sur le pas de la porte.  Et cette nuit, je m'endors le sourire aux lèvres, l'esprit encore perdu dans le souvenir de ses caresses...

    -J'ai un peu avancé dans nos recherches, me dit Gérard en dégustant son café ce matin là.

    -Oh... Et alors ?

  Je repose le morceau de croissant. Je n'ai pas vraiment d'appétit, et même si je sais bien que je devrais me forcer, nous verrons cela pour le prochain repas.

    -Et bien disons que si tu me disais ce que tu cherches exactement, cela nous ferait gagner beaucoup de temps.

  Je m'arrête net, ayant peur d'avoir bien entendu, et reste la tasse de café dans la main au bord des lèvres.

    -Je... Gérard, je ne cherche rien, j'aime l'idée de connaitre...

    -C'est bon, Charline. Tu peux me le dire tu sais ?

  Je déglutis, reposant ma tasse et me perdant dans le liquide brunâtre. De si bon matin, me revoilà projetée dans les méandres de ce qui m'amène ici, m'arrachant aux agréables pensées qui en avaient prises la place jusqu'à maintenant.

    -J'ai besoin d'avoir votre parole, Gérard..., murmurais-je sans oser le regarder.

    -C'est presque vexant...

    -C'est juste que... Ici tout va très vite, tout se sait rapidement... Et j'ai besoin de maitriser la situation, j'ai besoin d'y aller à mon rythme, sans que personne ne s'en mêle...

  Son regard insistant, voir un brin agacé, me sert de réponse. Je prends une grande inspiration, un peu effrayée à l'idée d'avouer, à l'idée de risquer de perdre la main sur toute cette histoire...

    -Je viens chercher ma mère. D'après mes informations, elle serait ici et... Je ne l'ai jamais connue...

    -Ta mère ?, dit-il en tentant de maitriser sa surprise.

    -Oui... C'est pour ça que... Je vous ai demandé de l'aide, que je cherche à retracer l'historique de cette ville depuis ma naissance. Je ne sais pas trop quand elle est arrivée, je ne sais même pas si elle est encore en vie...

    -Il n'y a jamais eu quiconque du nom de Breyston ici..., dit-il en cherchant dans sa mémoire.

    -Je pense qu'elle a dû changer de nom de famille. Elle s'appelait Jeanne...

  Je suis soudain prise d'une lueur d'espoir. Maintenant que j'ai ouvert mon cœur, c'est comme si la réponse que j'attendais depuis toute une vie allait brusquement me tomber dessus. Je reste suspendu à ses lèvres, en apnée, redoutant des mots que je n'aimerai pas...

    -Aucune Jeanne qui pourrait correspondre... Enfin, de ce que je me souviens...

    -Et Jeanne Hockins ?, dit brusquement une voix derrière nous.

A côté du papillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant