Adieu maman.
Était-ce un lundi ? Était-ce un mardi ? Jasper n'en avait plus rien à faire désormais. Ces deux yeux bleus vides regardèrent par la fenêtre du camion de transport qui l'amenait à Arctis. En dehors du camion, ces yeux, plissés par la fatigue du voyage, réussissaient à distinguer les pâles formes de la neige sur les rochers. Au loin, il voyait les montagnes de Frost mais encore aucune trace de la silhouette du mur. Devant lui, le camion s'apprêtait à atteindre le ravin de Barmas, la dernière porte avant la plaine de Shadwin. Il ne prît pas la peine de regarder derrière lui, il ne le faisait jamais. Il comptait seulement se rendormir. Il avait déjà dormi pendant tout le trajet malgré les sièges inconfortables. Mais peu importe, en rejoignant l'armée il savait qu'il ne bénéficierait pas du confort. L'intérieur du camion était, somme toute, très rustique. Le vieux cuir et le métal caractérisait ce bus prérévolutionnaire. De sa fenêtre il aperçut la nature de la chaîne des Rava. Beaucoup de pins, de sapins et d'autres conifères tapissaient son environnement. Mais plus il approchait du mur, moins la nature était présente. Les forêts laissaient place aux rochers, les cours d'eaux aux lacs glacés. Ici, la nature ne se résumait qu'à un désert de glace.
Carte du Haut-Savarah, territoire de Frost
La route depuis la capitale était tumultueuse. Entre chaussés défoncés et nid de poules, la route devenait, pour leur chauffeur, de plus en plus impraticable. Il constata ce que la Grande Guerre avait causé ici. Les montagnes défilaient. Les virages serrés lui faisaient régulièrement s'entrechoquer avec sa voisine. Une petite personne d'une vingtaine d'années aux cheveux noirs, très obscurs, ses yeux marqués par un léger maquillage qui était de la même couleur que ces cheveux. Très certainement une érésienne des montagnes du sud-ouest. Jasper ne s'intéressait plus ni aux filles ni aux garçons dans tous les cas. Malgré sa vingtaine d'années et un charme qui lui était naturel, il préférait la beauté de la solitude et du silence au tumulte social. Il n'aimait pas parler, pour lui les relations n'étaient que superflus. Il avait tout de même rejoint l'armée. Pourquoi ? Il ne le savait pas. Il espérait sans doute voir une continuité à son histoire, que quelqu'un lui donne enfin un but. Jasper regarda une dernière fois autour de lui. Rien, toujours la neige, les montagnes, les rochers. Rien qui n'attire son attention. Cependant, la proximité des roches avec le camion lui indiqua qu'il venait de pénétrer dans le ravin de Barmas. Il décidât de se rendormir une bonne fois pour toute.
A peine avait-il fermé les yeux que ces camarades se mirent à frémir et à s'agglutiner près des fenêtres de son côté du camion. Tous s'enjaillais et commençaient à crier. Soudain sa voisine, qui s'appuyait sur lui pour regarder par la fenêtre, le secoua. Jasper se réveilla timidement. Elle lui dit :
- Hey mon vieux ! Réveille-toi ! On est arrivé ! Frost, le mur d'Artcis, ils sont juste là !
Jasper se leva lourdement, ennuyé par les cris euphoriques de ses camarades. Sa voisine, intriguée par ce comportement, le questionna :
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The Frost Wall : Livre I, La pâle lumière des étoiles
AcciónQu'est-ce que Jasper devait faire désormais ? Seul au milieu des plaines glacées du Haut-Saravah, il attend, assis dans la neige. Il l'observe. Cette grande structure de métal qui désormais fait partie intégrante de ce que l'on nomme le territoire...