Trials of the heart

Chapitre 26 : Marlon

Après un repas dans un restaurant qui n'inspirait pas confiance, j'avais insisté pour que nous reprenions le chemin de notre chambre. Kasia n'avait pas la même idée en tête que moi. Elle m'avait fait une promesse. Celle de faire attention à sa santé, au risque que je la flique en permanence. Cette promesse semblait déjà oubliée. Elle n'avait rien voulu entendre et m'avait entraîné dans un bar. Elle voulait s'amuser, rencontrer des gens. Elle fut déçue au premier abord lorsque nous avions pénétré dans le lieu, qui se trouvait non loin du motel. L'ambiance y était morne et déprimante. Cela me convenait. Ainsi, elle n'aurait pas l'occasion de se dépenser plus que nécessaire. Nous avions pris place à une table, près de la porte de sortie et commander nos boissons. J'avais bien besoin de me détendre, après tout. La discussion que nous avions eue avant de sortir pour dîner m'avait mis sur les nerfs. En tout premier lieu, j'avais pensé qu'elle aurait voulu que nous nous séparions. Pour cause, mes activités auraient dû la rebuter, la faire fuir. Encore une fois, elle m'avait surpris. Elle avait l'air si sincère en m'assurant ne pas prêter attention à ma vie de criminelle. Étonnamment, la façon qu'elle avait de me percevoir avait eu de l'important mais j'avais été prêt à la laisser tranquille si c'était ce qu'elle souhaitait. Je me serais simplement calfeutré dans un coin pour assurer sa sécurité dans l'ombre. Lorsque cette idée m'était parvenu, je m'étais fustigé. Il fallait que je prenne garde car s'il en avait été autrement, je me serais transformé en stalker. Quelque chose n'allait clairement pas dans mon comportement. Il avait fallu d'une phrase pour que je comprenne. Qu'elle me mette devant à mes agissements. Elle m'avait demandé de ne pas tomber amoureux d'elle. D'abord, ce fut le rejet qui m'avait pris. Je n'étais pas un homme qui tombait amoureux. Je baisais. Rien d'autre. Puis je l'avais regardé, elle et ses petits yeux noisette pétillants de malice et de détermination, et me rendais compte qu'elle me faisait ressentir des choses nouvelles et fortes en un simple regard, une simple attention. J'avais alors réalisé qu'il serait si facile de franchir ce pas avec elle. Kasia était une battante. Elle gardait une joie incommensurable, peu importaient la gravité de sa situation. Elle était forte et douce. Bienveillante et courageuse. Elle était infiniment belle, également. Elle avait tout ce qu'un homme pouvait rechercher chez une femme. Elle possédait tout ce qu'il fallait pour me soutenir dans mon rôle de président. Pourtant, elle avait été claire mais elle était persuadée qu'elle allait mourir alors que j'avais mis le bon gars sur le coup. Je ne pouvais pas laisser cela arriver. Elle allait vivre. Il ne pouvait en être autrement. J'avais eu des nouvelles d'Anton. J'avais dû le menacer pour qu'il se bouge les fesses. Il était parvenu à cibler trois gars qui pourrait éventuellement faire l'affaire. Il lui fallait, à présent, leur faire passer les tests nécessaires pour s'assurer qu'ils étaient compatibles avec la jeune femme. Anton était un ancien chirurgien ayant perdu sa licence après une faute professionnelle. Il savait ce qu'il faisait, en sommes. Il m'avait affirmé que cela était des gars suicidaires. Ils avaient entendu parler des agissements d'Anton. D'après ce dernier, ces hommes voulaient quitter la vie de façon honorable. Ils voulaient que leur mort serve à sauver une autre personne. Bien entendu, je n'y croyais pas. Il fallait se méfier de ce qui sortait de sa bouche. Il était passé maitre dans l'art de la manipulation. Il espérait ainsi faire du club, des clients réguliers. Il pouvait toujours aller se faire foutre. Si j'avais fait appel à lui, c'était seulement en désespoir de cause. Cela n'était pas dans mes habitudes de sauver des gens. Kasia était la première mais elle en valait le coup.

Je l'observais alors qu'elle revenait vers moi, après être allé aux toilettes, quand elle s'arrêta en chemin, tout sourire. Elle se précipita vers moi et me tira le bras afin de me lever.

- Viens danser avec moi, Marlon. C'est une de mes chansons préférées, sembla-t-elle se réjouir.

Il était hors de question pour moi de danser. Je ne dansais pas. Je secouais alors la tête. Elle fit la moue, de façon enfantine.