Nous venions de nos arrêter devant un motel, en bord de route. Il nous avait semblé parfait car il était composé d'un restaurant. Nous n'aurions pas besoin de bouger de l'enceinte, de cette manière. Je me garais tout près de la réception et sortis avant Kasia.
Elle était très en forme depuis son réveil. Tout le long de la route, elle avait profité de sa toute nouvelle liberté. Musique au fond, elle avait chanté et dansé durant un long moment avant de se fatiguer, ce qui me permet de retrouver un peu de calme dans la voiture. Il fallait dire que nous n'avions pas vraiment le même style musical. Elle était passé de la pop au rap. Cela n'avait pas été le meilleur trajet de ma vie, en somme. Je l'avais laissé faire, tout de même. Elle avait semblé si jeune, la voix portant au-dessus des baffles. Je n'avais pas eu envie de gâcher ce moment de pure joie.
Elle prit ma suite, son sac dans le dos et ses lunettes dans les narines, affichant un sourire bien heureux. Nous nous dirigions vers le bureau de réception, où était posté un homme grassouillet. Lorsqu'il nous vit, un sourire commercial étira ses lèvres.
- Bonjour, monsieur, dame. Que puis-je faire pour vous ?
Kasia s'avança plus en avant, alors que j'étais resté à distance.
- On voudrait une chambre, s'il vous plaît.
- Un lit double ou deux lits séparés ? demanda-t-il en me jetant un coup d'œil.
- Deux lits simples seraient parfaits, continua-t-elle tout à son bonheur.
L'homme baissa les yeux sur mon cuir et sembla remarquer mes écussons. Il fit un pas en arrière, visiblement mal à l'aise, avant de remonter un regard craintif sur moi. J'attestais, ainsi, que notre réputation était toujours aussi forte. L'homme se retourna vers un casier où les clés étaient exposées.
- Je vous donne la chambre seize. Elle a une salle de bain, disposant d'une baignoire, proposa-t-il, se concentrant sur la jeune femme.
Kasia récupéra les clés et sortit son portefeuille, joyeusement.
- Combien nous devons vous ?
Un coup d'œil sur moi, il hésita. Je m'avançais afin de déposer un billet de cent dollars sur le comptoir avant qu'elle ne puisse sortir son argent puis la prit par la main pour la mener à l'extérieur.
- Qu'est-ce que tu fais ? râla-t-elle.
- On a notre clé. Inutile de faire des courbettes.
- Je ne faisais pas des courbettes. Je me montrais seulement poli. De toute évidence, ce n'est pas dans tes habitudes, s'indigna-t-elle.
Je n'en avais que faire de son amertume. Elle pouvait me reprocher ma façon d'être autant qu'elle le souhaitait. Ce n'était pas pour autant que cela changerait quoi que ce soit à mon comportement. Je l'entraînais vers le bâtiment des chambres et montais au deuxième étage, où nous attendait notre chambre. Je lui pris les clés des mains et ouvris la porte. Je ne l'attends pas pour entrer et déposer nos sacs sur un lit avant d'aller m'enfermer dans la salle de bain pour me passer de l'eau sur le visage. Il faisait chaud, bien trop chaud. J'avais le corps bouillonnant. Je me déshabillais rapidement et entrais dans la douche, sous le jet d'eau froide. Cela me fit du bien. Cette chaleur avait été insupportable. Je jouissais alors de quelques minutes des jets éteignant le feu qui me brûlait de l'intérieur. J'étais à cran. Cela n'avait rien à voir avec le trajet, ou bien le réceptionniste mais plutôt avec le constat que j'avais pu faire en début de voyage. Une attirance certaine pour Kasia. Elle était une très belle femme, cela était indéniable. Je l'avais remarqué depuis bien longtemps. Pourtant, jusqu'à présent, je ne l'avais pas découvert comme une femme attirante. Je ne voyais que la maladie, la souffrance, ou même, la mort. J'avais ce voile qui m'empêcher de voir pleinement la femme qu'elle était. Puis elle s'était réveillée et avait discouru comme une jeune femme libre de toute restriction. Elle avait toujours son oxygène, bien entendu, ce qui me poussait à vouloir prendre soin d'elle, mais elle était bien plus que cela. Il avait fallu qu'elle libère complètement sa parole, porter par son enthousiasme pour que mes yeux s'ouvrent en grand sur la femme qui reposait près de moi. Elle n'était plus qu'une malade mais une femme. Qui plus est, magnifique. Cela m'avait pris par surprise. Sa peau contre la mienne avait éveillé mon intérêt pour elle. Cela était en vain car elle restait une femme fragile. Il lui était interdit toute émotion trop forte. Cela était trop risqué pour son cœur. Aussi, mon envie d'elle devait passer à la trappe. Son bien-être passait avant tout.
Je posais mes deux mains contre le mur, les yeux baissés sur mon érection, en lui commandant de disparaître, les mâchoires serrées. Ce n'était pas le but de ce voyage. Elle était inaccessible. Mon désir soudain était dangereux pour elle. Il me faudrait lutter contre. De plus, elle ne pensait à moi, qu'autrement qu'un ami. Elle me voyait comme le partenaire d'un moment de sa vie. Il ne me fallait pas oublier qu'elle n'était que de passage dans la mienne. Après tout cela, je retournerais à ma vie, où elle n'avait pas sa place. Je posais mon front contre le mur avec l'impression que j'allais imploser. Etonnamment, je ne parvenais pas à me dire qu'elle disparaîtrait de ma vie d'ici quelques jours. Pourtant, cela était pour le mieux. Elle n'avait rien à faire dans mon monde. Elle était trop joyeuse, bienveillante et aimante pour se confronter à la dureté de ma vie. De plus, il n'existait pas d'amitié entre les hommes et les femmes au club. Seules, les femmes, mères et filles étaient intouchables. Elles étaient les seules à obtenir de nous autre chose que nos répliques scabreuses. Elles étaient respectées pour ce qu'elles étaient. Aucunes autres. Kasia se ferait emmerder par les frères dès qu'elle poserait les pieds sur nos terres. Cela mènerait au conflit, car il était hors de question que je les laisse l'approcher. Elle avait le charisme d'une régulière, pas d'une meuf à bikers. Elle méritait le respect. Aussi, ce voyage serait notre dernier contact.
Je sortis de la douche après avoir coupé l'eau, plus calme. La réalité m'avait ramené sur terre. Cela m'avait bien aidé. Je me postais devant le miroir et me scrutais. Mes traits étaient ceux d'un homme en colère. Cela était presque habituel ces derniers temps. J'avais l'impression d'être constamment en colère, excepté lorsque je me trouvais près de Kasia. Elle possédait une sérénité telle qu'elle influençait les personnes autour d'elle. Cela était apaisant de se trouver à ses côtés.
Je tendis l'oreille afin de m'assurer qu'elle était bien entrée dans la chambre, alors que je l'avais abandonné à la porte de notre chambre. Aucun son ne me parvint. Cela était bizarre. Aussi, je me dépêchais d'entourer mes hanches d'une serviette, ayant oublié de prendre des vêtements de rechange, trop empressé de me retrouver seul. Je pris une profonde respiration avant d'ouvrir la porte. Je tombais sur une chambre, vieillotte. La tapisserie datée avec ces arabesques fleuries, qui faisait penser au salon d'une personne âgée. Un bureau en bois sombre était accolé au mur face à un des lits. Face à l'autre, il y avait une commode du même bois. Les lits simples n'étaient séparés que par une table de nuit dans le même ton que les autres meubles. Sur le lit, le plus proche de la fenêtre était assise, Kasia, le regard posé sur moi, légèrement accusateur jusqu'à ce que ses yeux descendent sur mon corps. Une étincelle de désir transperça son irritation. Je me pressais à récupérer des vêtements et retourner dans la salle de bain pour m'habiller. Je venais de me débarrasser de mon envie d'elle, ce n'était pas pour m'allume avec ses beaux yeux charmeurs.
Lorsque je revins, elle était debout, au milieu de la pièce, les traits préoccupés. Elle leva, de nouveau, le regard sur moi, son téléphone, que j'avais gardé jusqu'à présent, dans mon sac, en main. Elle fit un pas, hésitant, en avant. Elle se figea puis soupira. J'espérais qu'elle tairait ce qui venait de se passer parce que je n'aurais certainement pas la force de la repousser si elle me tendait la perche.
Elle ouvrit la bouche et je me préparais à me montrer suffisamment fort pour nous deux. Cependant, elle me surprit en abordant un sujet auquel je ne m'attendais absolument pas...
- Je sais ce que tu es fais partie des Fiery Cursed, Marlon....
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Trials of the heart
RomanceJeune femme pleine de vie et équilibrée, bataillant pour ses idées, Kasia a fait de sa vie un combat constant. Entourée de proches bienveillants et aimants, elle apprécie ce que la vie lui offre. Elle n'attend rien de plus que ce qu'elle a déjà obte...