Chapitre 2 : Marlon

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Sans un regard en arrière, je quittais la chambre de mon père qui venait de s'endormir, suspendant la phrase qu'il était en train de prononcer. Il allait de plus en plus mal. Il était sur le déclin, me laissant à charge tout un merdier à gérer. Étant son seul fils, il me revenait de reprendre le flambeau et j'avais été formé à cela mais je ne m'attendais pas à devoir prendre la tête de tout cela aussi tôt. Ma vie, jusqu'à présent, n'était que jeu et savoir. Je passais mon temps à profiter de la vie selon nos lois profondément solitaires de la constitution Américaine. Seul le club comptait. Cependant, j'avais vécu ainsi d'un point de vue d'un membre état à part en entière, pas d'un chef, gérant une centaine d'hommes. Cela me tombait dessus comme une masse. Néanmoins, j'étais prêt à y faire face et je comptais bien faire mes preuves auprès des gars. Tout était clair. Cependant, cette passation de pouvoir ne se ferait qu'à la mort de notre leader actuel et il s'accrochait l'enfoiré. Chacune de mes visites à l'hôpital était ponctué de dernières recommandations. Cela m'énervait au plus haut point. D'un autre côté, cela m'arrangeait bien car j'avais cette impression qu'il me restait une dernière chose à faire avant de prendre responsabilité. Une chose qui me tourmentait tant depuis mon plus jeune âge. Une recherche, un dernier acte, purement égoïste, à franchir pour devenir pleinement un président éclairer par nos seules lois. J'en avais parlé avec le boss, quelques minutes plus tôt qui l'avait rendu perplexe mais avait, cependant, compris ma démarche. Pour avoir entamé la même lors de son adolescence, il y avait une éternité, il m'avait soutenu dans ce projet. Je ne savais pas par où commencer. Je ne savais pas quand cela se ferait mais une chose était sûre, cela était une priorité. Mon père avait toujours été un homme dur et sévère, mettant les intérêts du club avant même ses propres enfants. Il était fort, solide et profondément attaché à chacun de ses hommes et leurs familles. C'était un homme juste et intelligent. Il était acclamé pour son poste au sein de notre organisation. Il avait fait de notre club, une affaire florissante, après les dégâts engendrer par son père, tout au long de son règne chaotique. Il avait redressé la barre pour mettre les frères à l'abri du besoin et nous rendre si puissant, que nous étions craints aux quatre coins des états de notre pays. Il s'était donné sans compter. Cet homme avait toujours été mon héros et j'estimais qu'il méritait bien de s'en retourner aux enfers l'esprit serein. Il souffrait beaucoup de sa condition et cela n'était pas beau à voir. Je n'avais jamais eu affaire à cet homme aussi affaibli. C'était alors que je quittais sa chambre, les mâchoires serrées par la colère. Il devait lâcher prise. Crisis pourrait gérer les affaires un temps, il le savait avant que je ne reprendre le flambeau. Il n'avait aucun doute sur ma toute nouvelle position au sein de notre famille. Après tout, il m'avait bien formé mais je n'étais pas totalement à ce qui m'attendait et cela l'inquiétait. Je me sentais responsable de sa souffrance. Cela éveillé en moi, la colère. Je me maudissais de ne pas avoir entrepris de répondre à tous mes questionnements plus tôt. Je me faisais l'effet d'un lâche.

J'avais laissé ma sœur, en larmes, derrière moi. Maylis ne quittait plus le chevet de notre père. Elle était anéantie par la perte de ce père qu'elle aimait tant. Son mari, Sonny, qui était le road captain du club, restait en permanence à ses côtés. De mon point de vue, il avait tout intérêt. En tant que chef, mon père ne se mêlait jamais des relations de couple de ses hommes, sauf celle de sa fille. Sonny, dites Trave, avait été en surveillance constante, à partir du moment où il s'était rendu dans le bureau du boss pour lui demander la main de sa fille. Maylis était la princesse du club. Chaque frère devait lui montrer le plus grand respect. Cela était devenue une loi pour toutes les filles nées dans notre famille. Chaque fille devait être traitée avec l'honneur qui leur était dû, contrairement à ses femmes qui se ramenaient au club dans l'espoir de grappriller un semblant de reconnaissance auprès de nous en écartant les jambes devant chaque frère. Cela avait pour but d'éviter une révolte interne. Chaque fille était libre de ses choix. Chaque homme était contraint aux barrières instaurer par mon père. Cela ne se limitait qu'à nos filles, mères et femmes.

C'était l'esprit préoccuper par l'état de santé du patriarche que j'entrais dans l'ascenseur, les traits tendus. Un infirmier s'y trouvait déjà et s'écarta de mon passage pour se coller à la paroi du fond, les yeux inquiets. Je ne lui accordais aucun regard jusqu'à ce qu'un parfum frais me parvienne. Je me tournais vers lui d'un bloc avant de chercher la responsable de cette odeur envoutante. Nous étions seuls et je doutais que l'homme puisse user d'un parfum aussi féminin. Je le fixais, néanmoins et prit une inspiration pour m'en assurer. Ce n'était pas possible. Ce n'était pas lui. L'odeur était bien trop diffuse. Cela devait venir d'une passagère précédente. Je relâchais le pauvre homme innocent de mon emprise en me détournant de lui. Je respirais profondément une nouvelle fois afin d'apprécier cette délicieuse odeur embrasant mes sens. La frustration, de ne pas en connaître la porteuse, fut occulté par l'ouverture des portes, ce qui me libéra de l'influence que cela avait portée sur la libido. Incompréhensiblement, je baissais le regard sur mon entrejambe et constatais que je bandais. Je n'étais pas homme à me laisser impressionner par une simple odeur, ni par un joli minois. Aussi, je ne compris pas la réaction instantanée de mon corps. L'air renouvelé par le couloir bondé du premier étage me libérait et je sortis immédiatement de l'ascenseur sans plus me questionner. J'avais plus important à penser. Bousculant du monde sur mon passage, je me frayais un chemin jusqu'à la sortie et montais sur ma bécane afin de rejoindre, au plus vite, le club. Il ne restait que peu de temps à mon père. Il ne semblait pas vouloir partir sans que je n'aie pu accomplir ma dernière tâche en tant que simple membre du club. Il me fallait faire vite alors. Cela demandait une organisation stricte. Je devais me rendre disponible pour le club tout en exécutant la dernière liberté qui m'était due, en dehors du club. D'après les médecins, Creeper était solide et était suffisamment déterminé pour ne pas clamser tout de suite mais au vu de sa condition, je doutais. J'avais alors l'impression de courir après le temps. Maylis m'en voulait de rajouter du souci à son père mais je n'avais pas d'autres choix. Après la passation, je n'aurais plus le temps de me soucier de ce détail. Je devais m'en occuper dès à présent ou alors se passerais des années avant que cela soit possible.

Lorsque j'arrivais au club, Lloyd, Finn et Damon m'attendaient devant le bâtiment. Ils vinrent vers moi, l'air préoccupé.

- Comment va-t-il ? me demanda Finn avant même que je n'ai eu le temps de descendre de moto.

- Mal.

- Il est fort, Curse. Il n'est pas prêt à nous quitter, tenta Lloyd.

Je renâclais en les dépassant pour rejoindre mon bureau en réclamant la présence du bras droit de mon père, Oren. Celui-ci me suivit de près, la mort dans l'âme. Mon père était vénéré parmi les frères. Tous semblaient affecter par sa prochaine mort.

- Il faut s'organiser pour les prochains mois, Oren, commençais-je en prenant place derrière le bureau en bois vieillis.

- Tu n'abandonnes pas l'idée de partir en quête de ta mère ?

- Non. C'est le moment ou jamais. Cette salope me doit des explications et je les aurais.

- Tu n'as qu'un nom. Je peux mettre un de mes traqueurs sur le coup, proposa-t-il.

- Parfait. Fais-le. Dis-lui que je n'ai pas son temps. Qu'il se grouille s'il veut être payé. Lors de mon départ, tout t'incombera. Tu prendras la tête des affaires.

- Ne te fait pas de souci pour ça. Tu as déjà pas mal de choses à gérer. Je peux m'y coller dès à présent, si besoin est.

- Tu es fidèle au club et à mon père depuis plus de trente ans. Tu te fais vieillissant mais tu es encore en forme et tu as toute connaissance des affaires. Je te fais confiance. Ce sera ta dernière mission avant la retraite. Je fais de toi mon second jusqu'à ce que tout soit réglé. Ne me déçois pas.

- Jamais, Curse. Le club est toute ma vie.

Je me passais une main dans les cheveux, les ébouriffant un peu plus qu'ils ne l'étaient déjà.

- Comme pour nous tous, Oren, soupirais-je en me laissant aller au fond de mon siège, l'esprit en ébullition.

Il sortit de la pièce en choppant son téléphone, prêt à se mettre à exécution tandis que je rassemblais mes esprits afin d'opéré l'organisation de tout ce merdier comme le chef que je devais être.

Trials of the heartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant