Partie 11

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- Casquette, vas-y ! Maintenant !

Rien, aucune idée ne me vint pour me sortir de là. Je ne savais pas quoi faire. Et sans savoir pourquoi, j'avançai doucement en direction de Jenifer, d'un pas presque robotique. J'agissais mécaniquement, je savais que je ne pouvais aller lui parler, alors avancer était seulement une façon de perdre du temps peut-être ... J'aurai pu dire à Marc d'y aller lui même, mais étant toujours à visage découvert, Jenifer l'aurai reconnu à coup sur. 

Soudain, presque par la force de mes prières intérieur, un miracle se produisit ... ou du moins, un miracle à mes yeux. Un homme était apparu de je ne sais où et parlait maintenant à Jen. Il me semblait reconnaître le chanteur Patrick Fiori accompagné d'un petit garçon. Je tournais la tête vers Marc qui souriait comme si il venait de décrocher le jackpot. Tous deux commencions à mitrailler de photos comme jamais encore nous ne l'avions fait. J'étais soulagé, cela avait bien failli tourner à la catastrophe. Cette pression constante devenait de plus en plus anxiogène. Mon coeur battait à une vitesse folle et tambourinait dans ma poitrine. 

À travers l'objectif j'observai Jenifer, elle était vêtu d'une-shirt noir et d'un pantalon blanc cassé, son visage était quelque peu caché par sa casquette et ses lunettes de soleil ... Les utilises-tu tout comme moi pour tenter de te dissimuler ? Malheureusement même comme cela l'on te reconnait, cela ne te cache pas des paparazzis ... Mais cela n'enlève rien à ta beauté non plus, tu es belle tellement belle Jenifer ... c'est est presque terrifiant. 

Je m'arrêtes tout à coup de prendre des photos. Je suis frappé par une pensée : je n'ai jamais pris de photo de Jenifer. Je veux dire, je ne l'ai jamais photographié quand nous étions ensemble. Aucune photo sur mon téléphone, rien. Ce n'est pas normal, ce que je fais n'est pas normal. Je photographie la femme que j'aime de la plus mauvaise des façons. C'est malsain, notre relation est malsaine ... je suis malsain. Je pars le matin, je lui demande ce qu'elle va faire de sa journée, la traque et la photographie à son insu toute la journée, je rentre le soir, la console en lui disant que je l'aime ... 

Je me ressaisis, je déraille, je dois arrêter d'éparpiller mes pensées toujours aux mauvais moments. Mais en capturant une énième photo quelque chose me trouble : Aaron me fixe à travers l'objectif.  Son regard est posé sur nous, et plus particulièrement sur moi, bien que nous soyons à bonne distance. J'ai la sensation que quelque chose me transperce le coeur. Je cesse alors immédiatement de prendre des photos, la culpabilité me ronge en le regardant. 

- Marc ..., commençais-je.

- Oui on y va, c'est bon, m'arrêtait-il comme si lui aussi venait d'être troublé par quelque chose.

Nous nous éloignons donc, de toute façon nous avons assez de photos. En rebroussant chemin je vois que Aaron s'adresse maintenant à sa mère, elle et Patrick ne perdent pas plus de temps pour tourner la tête en direction de où nous étions quelques instants plus tôt. 

Dans la voiture, nous restions silencieux, comme toujours. Jusqu'à ce que : 

- Je te dépose à l'hôpital Casquette ? 

- S'il te plait, répondais-je. 

Marc n'agissait pas comme à son habitude, quelque chose clochait et je ne pense pas que cela avait un lien avec notre désaccord de tout à l'heure. 

- D'habitude, après une telle opportunité de photo tu t'extasies en me parlant d'argent ... pourquoi cette attitude si morose ? finissais-je par demander.

- On se fait des confidences maintenant ? souriait-il en gardant les yeux sur la route. 

Remarque pertinente, je vais la fermer, c'est mieux. 

Jenifer et Lucas : Les photos qui ne reflètent rien...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant