Chapitre 11 - Craintes

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Si Midorime n'avait pas souvent l'occasion de dormir dans un vrai lit, elle aurait peut-être préféré ne pas dormir du tout cette nuit-là.

Par chance, elle n'avait pas rêvé. Aucune image sombre, morbide, n'était venue hanter son sommeil. À la place, c'était une douleur lancinante dans sa gorge qui l'avait empêché d'oublier les événements de la veille. L'attaque de la réserve d'arme de la Mafia. Son utilisation irréfléchie de son habilité. Et le regard d'Akutagawa, juste avant que Rashômon n'étrangle la jeune femme à la faire perdre connaissance.
Elle avait failli mourir, à ce moment-là.
Mais - encore un coup de pouce du destin - un allié inattendu était venu à son secours.
Si Chuuya n'était pas arrivé à cet instant, la blonde serait morte.
Mais pourquoi la simple idée de lui devoir la vie la mettait mal à l'aise ?

Perdue dans ses pensées, Midorime avait ouvert les yeux sans se lever. Encore plongée dans un demi-sommeil, elle se repassait les événements en boucle dans sa tête. Elle n'arrivait pas à savoir à quel moment tout avait dérapé. Mais elle sentait qu'une dizaine de problèmes supplémentaires l'attendait à l'avenir. Après tout, elle s'était mis la Mafia à dos en l'espace de quelques minutes.

- Je sais que tu es réveillée, tonna une voix à sa droite.

La sans-abri sursauta sous l'effet de la surprise. Elle n'avait senti aucune présence jusqu'à maintenant. Mais ce n'était pas ce détail qui l'avait fait se lever en quatrième vitesse. La voix qu'elle venait d'entendre était celle de Chuuya.

Le capitaine se tenait appuyé contre une table, dans le coin de la pièce. Son chapeau reposait entre ses mains, qu'il fixait d'un regard pensif.
À en juger par la taille de la pièce, l'odeur de médicament qui y régnait et les outils de perfusions sur ladite table, il devait s'agir d'une des chambres du complexe médical de la Mafia Portuaire. La jeune femme n'avait sûrement pas dû recevoir de soin, mais la placer dans une chambre sécurisée était mieux que de l'enfermer au cachot - sa situation devait encore être éclaircie.
Toutefois, en essayant de se relever pour approcher le rouquin, Midorime fut rappelée à l'ordre par une chaîne argentée reliée à son poignet gauche. Des menottes l'empêchaient de sortir du lit.
La Mafia Portuaire la craignait davantage depuis que certains de ses membres avaient eu une démonstration de son pouvoir, apparemment.

- Laisse, je vais te détacher. Prononça le roux en poussant un soupir.

- Tu es sûre que tu en as le droit ? Tu n'as pas peur que je te vide de ton sang en jouant un air de piano ?

Pour toute réponse, elle se reçut un regard noir de la part du mafieux. Il s'approcha en silence et sortit une clé de sa poche, avant de saisir un peu trop brusquement le poignet de son amie et de l'enfoncer dans la serrure. Un cliquetis résonna à l'instant où il défit le mécanisme. Les menottes tombèrent silencieusement sur le matelas.
Midorime était censée être libre, mais elle sentait que ce n'était qu'un traitement de faveur.
Elle était loin d'être hors de danger.

- T'attacher n'était qu'une précaution. On ne sait pas comment ton pouvoir fonctionne et te priver d'une main semblait être une bonne solution. Mais ce n'est pas un ordre direct de Mori-san. Alors je peux te détacher si je le veux.

Il marqua une pause, alors qu'il décela un léger sourire narquois sur les lèvres de la sans-abri.

- ... J'en déduis que ça ne servait à rien ?

- Je n'ai pas forcément besoin de mes mains pour utiliser mon pouvoir.

- Tant qu'on y est... ça arrangerait les choses si tu expliquais clairement en quoi il consiste. Une préoccupation de moins pour nous, et des problèmes en moins pour toi.

- Parce que mes petits morceaux de musique vous font peur ?

- Midorime. S'il te plaît, ce n'est pas le moment de faire des blagues. Je parle sérieusement.

Pour tes beaux yeux, je ne chanterai pas - BSDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant