Chapitre 17 - Honneur

299 39 40
                                    

- Vous vouliez me voir ?

Midorime prononça ces mots sur un ton nonchalant, peu inquiète. À la réflexion, elle devrait tout de même se soucier des raisons qui avaient poussé son nouveau boss à la faire venir dans son bureau. Mais elle n'était pas plus angoissée que ça.
Après tout, elle n'avait rien fait de mal... Si ?

- En effet. Je souhaitais discuter de ce qu'il s'est passé lors de l'infiltration à la maison Aoi Hana.

Ce n'était pas une infiltration à proprement parlé.
Aucun des trois mafieux n'avait cherché à cacher son identité. Ils avaient juste attendu l'occasion parfaite de s'en prendre au directeur. Rien de plus.
Même si... il fallait dire que ça avait un peu dérapé.

La jeune femme savait ce que Mori allait lui reprocher.
Elle s'en était doutée en voyant la réaction de Chuuya, même si ce n'était pas tout à fait la même chose. Il ne restait donc plus qu'à attendre les remontrances, la tête baissée vers le somptueux tapis de velours.

Mais Midorime n'était pas comme ça.
Ce n'était pas son genre de paraître faussement apeurée, de montrer des signes de faiblesses à tout va et de regretter ses actions.
Bien au contraire, elle assumait tous ses actes, sans exception. Elle regardait fixement le Parrain, droit dans les yeux, avec un petit air insolent. Évidemment, elle fit attention à ne pas lever la tête, et à garder le menton légèrement baissé. Il ne fallait pas se montrer irrespectueuse non plus.

- Je sais ce que vous allez me dire... commença-t-elle dans un soupir.

- ... Eh bien, je t'écoute, répondit Mori en haussant un sourcil, presque amusé.

La jeune femme prit une inspiration, prête à se défendre comme il se doit. Elle saurait tenir tête au Parrain de la Mafia Portuaire si elle le devait.

- ... J'ai sali l'image de la Mafia en jouant les prostituées, je sais. Mais j'assume pleinement mes actes, et je tiens à dire qu'on y serait encore si je n'avais rien fait-

- Ce n'est pas vraiment ça, non. La coupa le quadragénaire en souriant.

L'informatrice se stoppa net dans son élan. Elle sentit ses joues chauffer et la honte lui tomber comme un poids sur la tête. Elle était tellement sûre d'elle et déterminée qu'elle n'avait pas vu ça venir. Mori devait bien rigoler, intérieurement.

- Mais... alors pourquoi... Je n'ai rien fait de mal là-bas, si ?

- Je vous ai donné carte blanche pour arrêter Kôseki. Tu n'as fait qu'accélérer les choses. Et puis, s'il y avait eu un problème, c'est sur Chuuya que la faute serait retombée. C'était lui qui devait gérer l'opération, normalement.

- Donc...

- Je m'en contrefiche que tu joues les prostituées ou pas. Tous les moyens sont bons pour arriver à nos fins.

Au moins, c'était dit. Midorime n'était pas fautive.
Et elle aurait dû en être soulagée. Mais une pointe d'angoisse monta lorsqu'elle entendit le mot "prostituée". C'était seulement la façon dont Mori avait insisté dessus mais...
Elle sentait qu'il allait tout de même lui faire une remarque.

- Ce qu'il s'est passé à la maison close hier ne m'intéresse pas, poursuivit le brun. En revanche... ce sont les événements d'il y a cinq ans qui piquent ma curiosité.

La blonde entrouvrit les lèvres, prête à sortir une excuse.
Elle savait sur quoi elle allait s'engager en poursuivant la conversation. Mais elle ne pourrait pas y échapper. Mori voulait savoir. Et il s'en doutait peut-être déjà.

- Il y a cinq ans... à Aoi Hana ? Demanda-t-elle, faisant mine de pas savoir.

- Ne joue pas l'idiote, Midorime. Je te connais depuis longtemps. Tu m'as dit toi-même que tu étais une prostituée, à l'époque. Et tu n'avais pas l'air ravie, selon Kôyô, d'aller en mission là-bas.

Pour tes beaux yeux, je ne chanterai pas - BSDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant