Chapitre 13 - Assignation

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Nombreux étaient ceux qui avaient déjà cru que Midorime faisait partie de la Mafia. Avec son influence et ses relations, la jeune femme faisait office d'une parfaite informatrice. Et si elle avait des liens avec le Département, beaucoup savaient que la Mafia Portuaire était un de ses principaux clients. Ces rumeurs lui avaient valu de multiples regards noirs ou des murmures craintifs. Il fallait être idiot pour s'en prendre à une mafieuse de sa trempe. Et en général, ces on-dit lui assuraient une protection que la blonde accueillait à bras ouverts.
Sauf qu'elle n'avait jamais fait partie de la Mafia.

Du moins jusqu'à aujourd'hui.

Jamais, au grand jamais, l'informatrice aurait pensé en devenir membre un jour ou l'autre.
Après tout, Mori lui avait déjà fait sa proposition par le passé. À laquelle elle avait exposé clairement son refus. Et puisqu'il ne le lui avait jamais redemandé, la sans-abri pensait que c'était de l'histoire ancienne. Qu'il avait compris que sa neutralité était tout ce qui lui permettait de vivre.
Mais, au contraire, il avait dû laisser l'idée sur le feu, jusqu'à qu'elle soit bien prête.
Et par des moyens peu conventionnels, il s'était servi de l'un de ses capitaines pour l'amadouer. Résultat, ça avait marché.
Midorime pouvait maintenant s'auto-proclamer mafieuse à plein temps et confirmer les rumeurs.

La preuve en était l'écharpe verte qu'elle tenait entre ses mains.
Un cadeau du Parrain lui-même, pour respecter une "tradition" de la Mafia Portuaire, comme un rituel d'initiation.
Mais ce n'était pas la seule surprise qui attendait la blonde.

Mori connaissait mieux que quiconque la situation de la sans-abri. Ses conditions de vie, ses relations, et ses antécédents. Le résultat de cinq ans de collaboration, à échanger des informations. Alors évidemment, pour persuader la jeune femme dans le cas d'un refus, il comptait jouer sur tout ça.
Voilà pourquoi il avait réservé un appartement d'un de ses dortoirs pour l'informatrice. Certains membres de la Mafia y résidaient, le loyer étant pris directement sur leur salaire.

C'était une véritable bénédiction pour la blonde.
Elle allait pouvoir dormir dans un lit confortable, se doucher tous les jours, et stocker ses dossiers et sa nourriture dans un endroit sûr. Elle n'aurait plus à craindre de s'endormir dans un endroit malfamé.

Mais le plus surprenant avait été son salaire.
Encore une fois, Mori avait été généreux. Presque trop, il fallait dire.
La jeune femme avait été affectée à la section torture, sous les ordres de Kôyô Ozaki. Elle n'avait pas un rang très élevé, mais comparé à un employé de bureau, elle gagnait au moins le quadruple. C'était ça de faire partie d'une organisation criminelle influente dans tout le pays.

Enfin, sous les ordres de Mori, Midorime avait dû se rendre dans les quartiers de cette fameuse capitaine. Accompagnée évidemment, par un homme brun aux lunettes noires, elle ne risquait pas de se perdre. Le quartier général était certes immense, l'informatrice ne s'en inquiétait pas plus que ça. Si elle avait pu retenir autant de secrets et d'informations dans sa petite tête durant tout ce temps, alors elle saurait se repérer dans ces cinq buildings.
Toutefois, elle était bien contente d'avoir quelqu'un pour la guider cette fois-là.

- Nous sommes presque arrivés, s'exclama justement ce dernier. Les quartiers d'Ozaki-san sont au bout de ce couloir.

- Tu es sous ses ordres, toi aussi ?

L'interpellé continua d'avancer, tout en affichant un mystérieux sourire sur ses lèvres. Il lança un regard à la jeune femme avant de répondre par l'affirmative.

- Ça doit faire deux ans. Je ne sais plus. Au fait, je voulais savoir... c'est toi qui as failli tuer un des commandants des Lézards Noirs ?

L'informatrice se rembrunit à cette mention.
Elle ne voulait pas forcément être vue comme "celle dont même Mori a peur et qui a été forcée de rejoindre la Mafia pour éviter de détruire l'organisation". Mais c'était trop tard, apparemment. Elle s'était déjà forgé une réputation.

Pour tes beaux yeux, je ne chanterai pas - BSDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant